Un groupe de 7 individus, activant sur l’axe Tébessa/Oum-El-Bouaghi/ M’sila et spécialisé dans le trafic d’ivoire, a été mis, dans la nuit de mercredi à jeudi, hors d’état de nuire, par les éléments de la gendarmerie nationale, apprend-on de sources sûres. L’enquête, enclenchée pour la circonstance, est intervenue à la suite d’informations fiables faisant état de l’existence d’un trafic d’ivoire sur ledit axe et dont le produit passe par la bande frontalière Est du pays pour atterrir du côté de la ville de Chéria.
Il a fallu plus de 3 mois d’investigations et de filatures, voire même l’infiltration d’un limier gendarme parmi les trafiquants, pour que ce réseau soit démantelé.
C’est dans la soirée de mercredi, aux environs de 21h30mn, qu’une souricière a été tendue tout au long de la R.N 40 reliant Magra à M’sila, ainsi qu’au niveau du chemin de wilaya N° 1 reliant la commune d’Aïn-Khadra à Barhoum. Ce piège mené en main de maître par les gendarmes allait se fermer sur cinq membres de cette filière, dont deux d’entre eux, répondant aux initiales de N.M et de T.H, étaient à bord d’une Peugeot 405 en stationnement et trois autres roulaient à bord d’une Renault Mégane, sur la RN 40.
Aux enquêteurs, les mis en cause, arrêtés en flagrant délit en possession illicite de près de 4 kg d’ivoire, n’ont pas tardé à divulguer leurs complices, le propriétaire d’un magasin de vente de téléphones portables, sis à Chériâ et son complice, le nommé A.H, originaire de la commune de Dalâa, dans la wilaya d’Oum-El-Bouaghi. Comme ils ont reconnu que le produit en question est destiné à un client en activité dans la wilaya de Bouira.
Poursuivis pour plusieurs délits, à savoir commerce illicite, contrebande, infraction au code des Douanes et à la convention du commerce international sur les espèces menacées de la faune et de la flore sauvage, les 7 mis en cause ont été placés sous contrôle judiciaire, par le magistrat instructeur près le tribunal de M’sila, apprend-on de sources judiciaires. Il faut reconnaître, cependant, que le trafic d’ivoire est de plus en plus répandu surtout depuis la présence en force des Subsahariens à l’extrême nord/est du pays.
Mais, c’est au début de l’année 2006 que ce trafic a fait son apparition en Algérie. La première bande de la sorte a été écrouée à Ghardaïa, en possession de huit défenses d’éléphant, au début de la même année par les mêmes éléments de la gendarmerie nationale. Un coup de filet pratiquement similaire a été également opéré durant la même année et par les mêmes services de la wilaya d’Annaba. Selon une enquête que nous avons effectuée à ce sujet, plus de 200 tonnes d’ivoire mises en circulation ces dernières années sur le marché informel international, avaient transité par la région de l’extrême nord-est de l’Algérie englobant les wilayas d’Annaba, Guelma, Souk-Ahras et El-Tarf.
Ces quantités, à destination de l’Europe sont en provenance du bassin du Congo, considéré comme le deuxième massif forestier du monde après l’Amazonie, via la Tunisie, le Tchad et la Libye, précise-ton. Le triangle Annaba-Guelma- El-Tarf est devenu, ainsi, estiment des observateurs, le nouveau carrefour par excellence des circuits mafieux organisés dans le trafic de l’ivoire, voire même des cornes de rhinocéros.
Durant les dernières années, et seulement dans la wilaya de Guelma, trois prises spectaculaires ont été opérées par les seuls enquêteurs de la gendarmerie nationale, avec en prime, le démantèlement d’une partie d’un réseau international versé dans ce domaine et composé de 14 individus, dont une femme. En effet, en l’espace de trois mois seulement, plus d’une quinzaine de kilogramme, essentiellement d’ivoire brut, ont été saisis, respectivement à Bensmih, une localité située à 15 km de Guelma à la limite de la wilaya de Souk-Ahras, à M’Djez-Esfa et enfin sur la RN 20 reliant Guelma à Constantine. En Algérie, le kilogramme d’ivoire brut est écoulé à plus de 10 milliards de DA au profit particulièrement des laboratoires spécialisés dans la fabrication des prothèses et des dents, dit-on.
Ce produit serait également très sollicité par des marabouts et autres maniaques pour l’utiliser dans la sorcellerie. Mais, en réalité, précisent nos sources, les plus grandes quantités d’ivoire au même titre que les cornes de rhinocéros, qui atterrissent dans le pays, prennent forcement la destination des laboratoires européens des trafiquants de la drogue pour en faire de l’héroïne, car le profit est largement supérieur.