L’opération de démolition des constructions illicites effectuée, hier, dans deux quartiers relevant du secteur El Badr, à savoir ‘Torro’ et ‘les Mimosas’, a provoqué la colère des familles dont les habitations ont été ciblées.
Ce qui a vite tourné à l’émeute provoquée, notamment, par l’occupant de l’une des maisons démolies qui a tenté de s’immoler par le feu. Bilan provisoire, 7 blessés parmi les forces de l’ordre dont 3 dans un état critique.
Après une trêve de plus d’une année, les services de la wilaya d’Oran ont repris, hier, les opérations de démolition des constructions illicites qui devraient toucher au total 19 unités érigées dans les deux quartiers ‘Torro’ et “Les Mimosas”.
Ce qui n’était au début qu’une simple opération de démolition d’habitations illicites a failli tourner au drame. Rien ne présageait, en effet, au début de l’opération que la situation allait déraper et devenir incontrôlable. Il était 7h00 lorsque des agents de police de la Sûreté de wilaya, accompagnés d’une section de la brigade antiémeutes mobilisée pour veiller sur le bon déroulement de l’opération, sont intervenus.
Tout se déroulait convenablement et les engins des services techniques de la commune avaient même entamé la démolition de quelques habitations illicites dans le quartier “Torro” quand l’un des occupants des 9 habitations touchées par l’éradication dans ce quartier tentera de s’immoler par le feu. Ce sera l’étincelle qui embrasera les lieux. Du coup, les jeunes qui se trouvaient sur place donneront libre cours à leur colère et commenceront à lancer des cocktails Molotov sur les forces de l’ordre.
C’est ainsi que des éléments de la police seront ciblés par les jets de pierres des émeutiers. Ceci amènera les services de sécurité à riposter en utilisant des bombes lacrymogènes pour disperser la foule. L’un des chefs de famille occupant ces habitations menacera de faire exploser une bouteille de gaz butane à l’intérieur de son habitation dans laquelle se trouvaient son épouse et son enfant.
Lors de cette opération, les forces de l’ordre ont arrêté 3 individus dont celui qui a tenté de s’immoler par le feu et le chef de famille qui a menacé de faire exploser la bouteille de gaz butane. Du côté de la police, il a été enregistré 7 blessés dont 3 dans un état grave. L’un d’entre eux est tombé sur le dos lorsqu’il a grimpé sur le toit d’une habitation précaire pour empêcher le jeune de s’immoler par le feu.
Le chef de daïra d’Oran a affirmé que cette opération était programmée depuis un moment et a touché 9 constructions illicites dans ce quartier en attendant que le wali valide sa demande de démolition de 10 autres unités illicites dans le quartier “Les Mimosas”, ajoutant que l’opérationæ se poursuivra la semaine prochaine et devra toucher une trentaine de constructions illicites dans la ferme, située dans le quartier Bouâmama, et ce, en attendant la grande opération qui doit se dérouler dans le quartier des Planteurs et qui doit toucher, selon le délégué du æsecteur Sidi El Houari, 100 unités.
Sur un autre registre, des familles parmi celles dont les habitations ont été démolies ont fait savoir qu’elles ont été recensées en 2008 et que les autorités locales leur ont attribué la carte bleue, infirmant ainsi les dires de certains responsables qui ont déclaré que les habitations démolies ont été érigées il y a moins d’une année.
Sur ce point, le président de l’APC d’Oran a fait savoir que ces cartes bleues ne sont pas officielles car elles ne portent pas le cachet humide de la mairie. Du coup, plusieurs habitants ont réclamé l’ouverture d’une enquête sur les conditions d’attribution de ces cartes.
Par ailleurs, et selon les rapports d’activités sur les différentes constructions illicites qui ont été érigées au niveau de l’ensemble des importantes communes de la wilaya d’Oran, à l’orée de l’année 2011, 155 groupements ont vu le jour dans toute la wilaya dont 32 dans la ville d’Oran. Malgré le gigantesque programme de construction de logements, le phénomène des constructions illicites ne cesse de prendre de l’ampleur dans toute la wilaya et particulièrement à la limite du périmètre urbain de la ville.
Les concentrations les plus importantes se situent dans les communes à grande agglomération, à l’image d’Arzew, Aïn El Turck, Benfréha, Hassi Bounif, Es-Sénia, ainsi que dans la zone d’El Hassi, Coca, Pont Albin, Chtaïbo, cité Amel et surtout Sidi Chami, sans oublier le hameau du stade Habib Bouakeul et, enfin, à proximité du cimetière de Aïn El Beïda où la construction illicite est favorisée par le raccordement de l’énergie électrique par Sonelgaz.
Ce regroupement illicite se caractérise aujourd’hui par un préjudice d’abord à la circulation automobile et, ensuite, à l’environnement par l’écoulement quotidien dans la nature des eaux usées, sans pour autant que les responsables concernés n’interviennent pour mettre un terme à ce genre de violation de la loi.
Redouane G.
