Les produits contrefaits font des ravages en Algérie. C’est de l’aveu même du directeur général des Douanes, Mohamed Abdou Bouderbala, qui a indiqué, hier à Alger, que «pas moins de sept millions d’articles ont été saisis par ses services durant les sept dernières années, soit un million d’articles par an.»
I ntervenant en marge d’un Colloque international sur la contrefaçon en Algérie organisé à l’hôtel Mercure, Bouderbalaa mis en garde les Algériens contre ce genre de produits qui sont mis sur le marché, en les appelant à être plus attentifs. «Il faut faire attention aux produits cosmétiques, les chauffages et les appareils électriques, ils font des ravages», a-t-il prévenu.
«Lorsque BCR perd 30% de son marché c’est important, si on veut conforter les entreprises algériennes et les laisser travailler et être rentables, il faut les protéger contre ce genre de phénomènes», a-t-il ajouté.
Interrogé sur la provenance de ces produits contrefaits, Bouderbala fait savoir que, «les statistiques et les calculs démontrent qu’il y a beaucoup de produits qui arrivent de Chine et des pays de l’Asie en général, ainsi que de l’Union européenne et du Maroc.»
Par ailleurs, le même responsable regrette le fait que se sont les opérateurs algériens qui commandent ce genre de produits. «Les Algériens les commercialisent facilement parce que le prix proposé à la vente est très bas et dérisoireles gens étant attirés par le prix- mais c’est très dangereux et il faut faire attention », a-t-il dit.
D’autre part, le patron des Douanes indique que, malgré la collaboration et la coordination qui existent dans la lutte contre la contrefaçon, notamment avec le ministère du Commerce «il faut encore passer à une vitesse supérieure pour organiser davantage la lutte contre la contrefaçon et mettre en place un cadre législatif adéquat.»
Le même responsable explique que les Douanes ont pensé à un texte général sur la contrefaçon et parle de propositions qu’ils comptent faire aux pouvoirs publics pour qu’il y ait un texte spécifique à la lutte contre ce fléau sous forme de texte législatif, avec des mesures répressives plus importantes.
Le DG des Douanes qui pense également que son département doit mettre en place tous les moyens de facilitations pour le développement des entreprises par la libre circulation des marchandises sans entraves tout en ayant le devoir de contrôler, pense qu’il faut concilier les deux.
« Nous projetons dans un bref avenir, avec la collaboration des Douanes américaines, de mettre en place une centrale de gestion des risques en Algérie. Elle sera liée à tous les ports et aéroports et sera en charge d’analyser le flux des marchandises selon leurs provenance et leurs importateurs», a-t-il expliqué tout en ajoutant que cette centrale entrera en service dans moins de deux ans.
40 MILLES UNITÉS DE CHAUFFAGES ÉLECTRIQUES BLOQUÉES AUX FRONTIÈRES
Le directeur général du contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce, Abdelhamid Boukahnoun, est, quant à lui, revenu sur les produits non conformes qui représentent une menace pour l’économie algérienne.
«On est en train de faire une enquête sur la conformité des chauffages à gaz importés de Chine et de Turquie, malheureusement nous avons constaté au niveau des frontières que tous les chauffages à gaz importés sont non conformes aux normes utilisées en la matière», a-til indiqué dans ce sens.
«Nous avons, à ce jour, bloqués plus de 18 cargaisons, soit près de 40 mille unités d’origine chinoises et turques qui ne respectent pas les exigences imposés par la norme, notamment celle qui concerne la sécurité du consommateur», a-t-il assuré.
«L’un des problèmes qu’on rencontre c’est que nous n’avons pas suffisamment d’outils de contrôle et d’outils analytiques et d’essais, c’est pour cela que nous sommes en train de construire le laboratoire national d’essai à Sidi Abdellah dont les travaux sont à 90%», ajoute Boukahnoun.
Le même responsable précise que «la non-conformité sur les produits contrôlés varie entre 15 à 20%, (sur 100 interventions 15 à 20 produits sont non conformes)» «Actuellement nous sommes à 900 milles interventions de contrôle durant les dix premiers mois de 2013.
Nous sommes arrivés à environ 200 mille infractions en matière de pratique commerciale et en matière de qualité», indique également le responsable du ministère du Commerce, qui assure qu’en ce qui concerne les agents de contrôle, le ministère du Commerce a recruté 8 500 cadres depuis 2008 à ce jour, pour un total de 10 mille agents, alors qu’ils étaient 1 500 agents auparavant.
Quant aux répercussions sur l’économie nationale, Boukahnoune précise que, sur le plan des pratiques commerciales, le ministère du Commerce découvre chaque année une moyenne de 50 milliards de dinars qui n’est pas facturée.
Un chiffre qui ne représente que la face cachée de l’iceberg, puisque Boukahnoune indique qu’il représente uniquement 15 à 20% du chiffre officiel qui n’est pas déclaré.
Younes Guiz