Senoussi, ex-pilier du régime Kadhafi, inculpé en Mauritanie d’usage de faux

Senoussi, ex-pilier du régime Kadhafi, inculpé en Mauritanie d’usage de faux

Le Libyen Abdallah al-Senoussi, ex-pilier du régime de Mouammar Kadhafi arrêté en mars en Mauritanie, a été inculpé de « falsification de document de voyage » et entrée illégale dans le pays, puis incarcéré à Nouakchott, a annoncé à l’AFP lundi une source judiciaire. M. al-Senoussi, ex-chef des renseignements libyens qui était en garde à vue depuis son arrestation, a été « inculpé de falsification de document de voyage, donc d’usage de faux, et de son utilisation pour tromper les autorités publiques » mauritaniennes, a expliqué cette source sous couvert d’anonymat.

Il aussi été mis en examen pour entrée illégale en Mauritanie par un juge d’instruction dans la nuit de dimanche à lundi, puis conduit « en prison, dans une cellule qui lui a été spécialement préparée avant son jugement dont la date reste à déterminer », a-t-elle ajouté. Selon elle, le Libyen avait d’abord été présenté au procureur de Nouakchott, qui l’a renvoyé devant le juge d’instruction. Entré en Mauritanie avec un faux passeport malien et sous une fausse identité, Abdallah al-Senoussi avait arrêté dans la nuit du 16 au 17 mars à l’aéroport de Nouakchott, alors qu’il arrivait de Casablanca, au Maroc, par un vol régulier.



Depuis, il était en garde à vue. Aucune indication n’a été donnée lundi sur la nature des questions qui lui ont été posées par le juge, et il n’était pas possible de savoir si les plaintes contre lui et les demandes d’extradition le visant ont été prises en compte. Selon Brahim Ould Ebetty, avocat du barreau mauritanien, la falsification de passeport « est un délit » condamné par la loi mauritanienne, mais ce chef d’inculpation « tranche avec la durée de garde à vue normale » car celle du Libyen « a dépassé les 40 jours prévus pour les accusations en matière de terrorisme ».

En Mauritanie, pour les délits mineurs, la garde à vue est de 48 heures, qui peuvent être prorogées de trois jours. Beau-frère de l’ancien « Guide de la révolution », Abdallah al-Senoussi, colonel âgé de 62 ans, faisait partie du premier cercle entourant Mouammar Kadhafi, dirigeant libyen déchu et tué en 2011. Il est visé par une demande d’extradition de la Libye, mais aussi de la France qui veut le juger pour son rôle dans l’attentat contre un avion d’UTA en 1989, ainsi que d’une demande de remise de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité.

En mars, la Libye avait annoncé avoir « obtenu l’accord de la Mauritanie de (lui) livrer Senoussi », mais la Mauritanie avait assuré n’avoir pris « aucun engagement » envers Tripoli dans ce sens. La CPI avait émis un mandat d’arrêt à l’encontre d’al-Senoussi le 27 juin 2011, l’accusant d’avoir, « par l’intermédiaire de l’appareil d’Etat libyen et des forces de sécurité libyennes », commis « des meurtres et des persécutions de civils constitutifs de crimes contre l’humanité » dès le début, mi-février, de la révolte contre le régime de Kadhafi, en particulier à Tripoli, Benghazi (est) et Misrata (ouest).