Sénatoriales : Des partis politiques mettent en garde contre l’intrusion de l’argent

Sénatoriales : Des partis politiques mettent en garde contre l’intrusion de l’argent

Les élections en vue du renouvellement partiel du Conseil de la nation auront lieu samedi prochain au niveau des wilayas où “les grands lecteurs” les élus locaux issus du scrutin de 29 novembre dernier auront à choisir un sénateur par wilaya. Mais les partis politiques redoutent fort l’intrusion de l’argent sale dans cette élection. Une sorte de remake de ce qui s’est produit dans les communes lors de la formation des exécutifs où des sièges d’élus étaient négociés à coup de milliards de centimes.

Le FLN, principale victime des marchandages honteux, notamment dans la capitale où il a perdu de nombreuses communes qu’il avait lors du précédent mandat, appréhende cette élection sénatoriale. Et c’est son chargé de la communication Kassa Aïssa qui le dit en parlant carrément de “l’achat des consciences politiques”.



S’agissant du phénomène de l’utilisation de l’argent pour gagner des voix dans les alliances, M. Aïssi a  estimé que l’action politique “n’est plus étrangère” à ce genre de pratiques. Raison pour laquelle il interpelle les organes de l’Etat en charge de la lutte contre la corruption.

Le chargé de la “com” du FLN  se dit convaincu que la corruption politique a “un grand impact sur la gestion des institutions de l’Etat et sur la relation entre le citoyen et l’élu et, par conséquent, entre le gouverneur et le citoyen”. Par ce constat, il rejoint Ahmed Ouyahia qui avait déclaré quelques semaines avant son départ du Gouvernement que les puissances de l’argent “ont des relais dans les institutions politiques du pays”.

L’achat (vente) des consciences

Abdelhafidh Boubekeur le secrétaire national chargé des élections et des élus au Mouvement populaire algérien (MPA) partage les mêmes appréhensions. Pour lui, les tractations ayant marqué les communales se répercuteront négativement sur les élections pour le renouvellement partiel du Conseil de la nation.

Les alliances conclues au niveau des APC “ne sont pas fondées sur des valeurs qui permettent à l’élu de tenir ses promesses”, mais “sur des intérêts personnels et des règlements de comptes”, a-t-il précisé. Concernant le nomadisme politique “pour la recherche de postes et d’argent”, M. Boubekeur a rappelé que “tous les partis politiques souffrent de ce phénomène”, estimant que “c’est l’argent qui déterminera le résultat des élections comme ce fut le cas lors des assemblées communales”.  Cependant, a-t-il dit, le mouvement œuvre à “lutter contre ce phénomène pour promouvoir l’action politique intègre”.

Le chargé de la communication du MSP, M. Farouk Siraj a confirmé la participation de sa formation aux élections pour le renouvellement partiel des membres du conseil de la nation, bien qu’elle ait plaidé auparavant pour la dissolution du conseil, car préférant le régime parlementaire qui “consacre la pratique démocratique”.

Pour lui, les “partis de la majorité artificielle” (comprendre le FLN et le RND) ont été les grands perdants des coalitions intervenues au niveau des assemblées communales. En revanche, il a expliqué que son mouvement œuvrait avec les partenaires politiques “à réussir dans leurs coalitions afin que celles-ci soient à la hauteur des plans de développement locaux devant répondre aux exigences des citoyens”.

Haro sur le nomadisme politique

Au sujet des partisans du nomadisme politique dans le but de “vendre leurs consciences” à l’occasion d’élections ou de coalitions, M. Siraj a rappelé que son mouvement avait déclaré par le passé son opposition à ce phénomène lors de la précédente législature, estimant que les coalitions qui ont marqué les assemblées locales “étaient une forme de corruption par excellence”.

Pour le responsable du MSP, le FLN et le RND sont victimes de leur propre jeu pour avoir refusé, lors du débat sur la nouvelle loi sur les partis politiques  en décembre 2011, de  dénoncer le nomadisme politique.

Le porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND) Miloud Chorfi, tout en partageant dans le fond la même inquiétude croit cependant que “les effets négatifs sur les partis induits par les coalitions lors des élections pour le renouvellement partiel des membres du Conseil de la Nation, “seront inférieurs à ceux enregistrés dans les communales”.

“Dans ces élections, les coalitions diffèrent de celles qui avaient marqué les élections précédentes car le nombre de candidats est minime puisqu’il s’agit des wilayas”, a ajouté M. Chorfi, indiquant que “le parti qui obtiendra la majorité des voix et des sièges, tout en tenant des coalitions, sera celui qui aura gagné”.

Le porte-parole du RND a abordé par ailleurs le recours à l’argent à la faveur des coalitions et à travers les élections dénonçant le phénomène de la “vente des consciences” devenu fréquent dans les règles du jeu politique et appelant “à la nécessité de le combattre par la prise de conscience et le respect des principes des partis pour éviter que de tels phénomènes viennent entacher l’action politique intègre et ouvrir le champ libre à l’urne qui doit dire son dernier mot”.

Le succès du processus politique de toute formation politique exige de se démarquer de ce phénomène immoral”, dit-il en interpellant les instances en charge de la lutte contre la corruption.