Le Conseil de l’ordre de Bouira a très bien fait en organisant une journée d’études au sujet brûlant…
L’Union nationale des organisations des avocats via l’Ordre de Bouira a organisé jeudi dernier sous le haut patronage du wali, une journée d’études nationale sur la responsabilité médicale, un sujet brûlant surtout que souvent, un médecin est à la barre sous la grave inculpation «d’erreur médicale», un délit que beaucoup de médecins, les jeunes surtout aimeraient qu’il disparaisse des chemises des avocats et du ministère public pour le seul Conseil de l’ordre des médecins.
Mais cela reste un immense rêve de… jeunesse car les us et coutumes ont la peau dure dans notre pays. La journée a été rehaussée par la présence de Ouardia Naït Kaci et Mohamed Zouggar, présidente de la cour et procureur général qui marquent un intérêt certain pour tout le secteur et les autres qui bossent avec…
Après avoir écouté «Kassamen» et observé une minute de silence à la mémoire du regretté Mohamed Abdelaziz, président de la Rasd, les présents ont eu droit aux souhaits, de bienvenue aux autorités locales, aux bâtonniers régionaux, aux médecins invités et intervenants ainsi qu’aux avocats venus de Sétif, Bordj Bou Arréridj, Bouira, Boumerdès, Blida et même d’Alger. La salle, l’auditorium de l’université, était un bon choix, ce qui explique la chambrée avec beaucoup d’étudiants.
Des conférenciers prolifiques
Ouafia Sidhoum, la bâtonnière de Bouira, prit la parole pour expliquer l’ordre du jour en l’occurrence, la faute médicale: «Loin de nous l’idée de faire un procès aux médecins défaillants, mais juste pour qu’il y ait des réponses fortes à nos questions légitimes», a-t-elle dit avant quelle ne passe la parole au wali de Bouira qui ne sera pas long.
Le premier responsable de Bouira, après avoir présenté les condoléances à la Rasd et au peuple sahraoui l’unique à vivre encore les affres de la colonisation, Nasser Maskri, souhaita plein succès aux conférenciers, magistrats, avocats et médecins qu’il a assurés de sa profonde sympathie avant de s’étaler sur le savoir et la recherche scientifique dans tous les domaines: «Le choix de cet important sujet sera sans nul doute suivi par d’autres qui touchent à la justice», a-t-il balancé avec beaucoup d’assurance et qu’il a placé beaucoup d’espoir en la personne du bâtonnier Ahmed Benantar, récemment élu à l’Union internationale des avocats en qualité de membre de l’UIA et président du Comité algérien avec, comme vice-président le très beau Me Fayçal Drioueche de Koléa. A signaler le parfait service d’ordre mis en place avec en outre les trois commissions organisatrices avec Me Ghania Becheur, scientifique, avec Mostefa Hacène, et de recommandations avec Houcine Athmani.
Les docteurs Mohamed Amine Boussika, Lamine Sidhoum et Bouzid Tafat ont relevé le niveau des interventions même si entre 12h30 et 14h, il y a eu des «abandons» et les places vides ont changé le décor de l’auditorium contrairement à la belle allure de 9h30. Me Rabah Djouahra, lui, était aux rênes du micro et n’a pas fait dans la complaisance. Il a même failli applaudir la brillante intervention de Me Fayçal Driouèche qui a soulevé non pas l’erreur médicale, mais «l’accident médical» car la médecine a fait d’énormes progrès depuis le décret du XXIe siècle.
La première conférence a débuté à 9h50 juste après le départ du wali pris par ses chantiers, à savoir visiter à la veille du mois de Ramadhan les chantiers programmés.
Le Dr Berkani Barkat fonce droit sur la responsabilité médicale au point de vue de la loi y afférente.
En sa qualité de président du Conseil de l’ordre des médecins, le Dr Barkat s’est évertué à passer en revue la profession de médecin qui n’est pas tenue par le résultat. Il a, par la même occasion, mis en relief les difficultés rencontrées par le médecin surtout au moment crucial de «l’interrogatoire du patient».
L’orateur a été prolifique en déclarations scientifiques prouvant sans qu’il ne l’ait prémédité, que n’est pas médecin qui veut.
En moins d’une heure, il a eu le mérite de passer en revue toutes les facettes de la médecine et ses nombreuses missions surtout pour ce qui est de la recherche.
Me Chérifa Ould Chikh, elle, a eu un quart d’heure pour développer avec beaucoup de mesure la responsabilité médicale du point de vue de la loi, la seule loi créée pour protéger les patients de toute dérive souvent fatale: l’homicide involontaire ou le handicap à vie s’enfonçant sous la responsabilité médicale du point de vue juridique, le procureur de la République de Bouira a emprunté les voies «sublimes» du Code pénal et ses articles tranchants que le législateur a mis sur la route de toute erreur médicale surtout lors d’interventions chirurgicales. L’orateur a été aidé par la modernisation car son intervention était lue sur l’écran d’un micro-ordinateur. Méthode nouvelle pour nos magistrats habitués aux «labours» sur des feuilles 21×27. C’est bon signe, Akka! Le Dr Mounira Djerboua du bâtonnat d’Alger était la coordinatrice de l’orateur.
Me Djerboua a réussi à capter l’auditoire pour des sorties dignes d’une avocate qui a dominé le sujet…
Le Dr Mostefa Bellil sous l’oeil intéressé de son coordinateur le Dr Bouzid Tafat a eu l’honneur de présenter la responsabilité médicale selon l’effet scientifique.
Organisation au top
Avant lui, le Dr Mounira Djerboua qui avait pour coordinateur le bâtonnier Ahmed Benantar avait passé quinze minutes autour des obligations et exigences du médecin selon la médecine moderne. Son rapport a même semé l’ire parmi les médecins et certains lui expliqueront qu’elle ne peut sous sa robe noire, comprendre le boulot des blouses blanches: «Nous vous invitons à venir voir de près dans quelles conditions nous évoluons», a martelé un professeur.
Les deux derniers chapitres de la journée d’études ont tourné autour des «victimes des mi-conception de la responsabilité médicale» présentée avec brio par le Dr Lamine Sidhoum, et «l’insuffisance légiste dans la détermination de la responsabilité médicale» étalée avec précision par Me Djamel Benamrouche, qui avait pour coordinateur – excusez du peu – le bâtonnier Ahmed Benantar de Boumerdès.
Durant les débats, même s’il a donné de véritables cours en direction des magistrats du siège et des médecins très attentifs, le bâtonnier de Tizi Ouzou a un peu agacé de jeunes avocats de Bouira et de Boumerdès, car il a (encore une fois) rappelé, relevé de Tizi: «Nous sommes adultes, nous sommes indépendants de Tizi depuis belle lurette et le bâtonnat de «papa» c’est fini», siffle une jeune avocate de Bouira qui dit tout de même respecter énormément ce bâtonnier qui a beaucoup donné au bâtonnat national.
Pour une nouveauté, c’en était une. Bouira a lancé un pari réussi. Réunir avocats, magistrats et médecins ne se fait pas tous les jours. L’organisation était au top. Neuf membres du bâtonnat étaient debout du début à la fin. Outre Rabah Djouahra, nous avons noté l’inlassable activité de Me Ghania Bechour, Mostafa Maouche, Razika Ikhlef, Hjila Khendriche, Noureddine Ghani, Lamine Sidhoum et Hamid Brahimi ainsi que le Dr Bouzid Tafat.
Si l’unique point noir relevé et regretté par aussi bien les avocats, les médecins et les juges présents demeure cette histoire de prendre la fuite juste après, 13 heures, l’unique satisfaction reste le nombre élevé de médecins qui ont répondu à ce séminaire franchement prenant.
C’est grâce au sujet brûlant que cet état de fait a été noté.
Durant la pause, c’est naturellement le foot et les Verts qui allaient retenir les discussions et d’ailleurs, c’est peut-être le match qui a vu beaucoup de participants déserter l’auditorium. Peut-être, dans la foulée, il y avait aussi trois avocats qui ont suivi les regrets d’un confrère venu de l’ex-Cirta et mordu des Sanafir, qui a soulevé un gros problème local: «Au CSC, il y a des volontés qui se coupent en quatre pour aider le club doyen, mais qui ne sont jamais sous les feux de la rampe!», regrette-t-il et d’aller jusqu’à citer le nom du sauveur du club cette année: Hadj Abdessalem Cheni dit Salim qui reste un modèle de dévouement, mais malheureusement, boycotté localement pour on ne sait quel dessein…»
En deux mots, une très belle journée fructueuse qui en appelle d’autres sauf que la prochaine devrait être organisée par le Conseil de l’ordre des médecins, les avocats ayant fait ce qu’ils devaient faire. Bouira était là.
Son Conseil de l’ordre des avocats et la bâtonnière Ouafya Sidhoum ont droit à un bouquet de fleurs comme hommage, car pour un succès, c’en était un!