Dans une récente analyse du risque par pays publiée le 11 juillet dernier, la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface) a qualifié le risque Algérie “d’assez faible à moyen terme”.
La production de pétrole n’a enregistré qu’une augmentation marginale en 2011, tandis que celle de gaz naturel a pâti d’un ralentissement des investissements et de problèmes techniques. Hors hydrocarbures, l’activité a progressé à un rythme plus soutenu grâce à une bonne récolte agricole et aux secteurs tirés par les investissements publics. Néanmoins, ces secteurs représentent une part relativement limitée du PIB et contribuent donc modérément à la croissance, qui, globalement, a ralenti. En 2012, la croissance est susceptible de rebondir légèrement en raison d’une modeste augmentation de la production pétrolière et gazière et de dépenses publiques élevées, principalement du fait de la poursuite du vaste programme d’investissements publics (construction de logements, de routes et de voies ferrées).
Par ailleurs, l’augmentation des salaires du secteur public, ainsi que le subventionnement des produits de première nécessité permettront de soutenir la consommation privée. Quant aux investissements privés, leur progression risque d’être bridée, par une insuffisance de financement, notamment. La Coface indique que le déficit budgétaire s’est accru modérément en 2011, en dépit de la hausse des recettes pétrolières, et il devrait s’accentuer en 2012, en raison de la hausse des salaires dans l’Administration, de l’élargissement des mesures socioéconomiques adoptées en 2011 et de la poursuite de la modernisation des infrastructures. “Toutefois, les revenus des hydrocarbures mis en réserve dans le Fonds de régulation des recettes permettent de financer ce déficit, d’autant que le pays bénéficie d’un faible endettement public”, relève la Coface qui prévoit que les balances commerciale et courante seront encore excédentaires en 2012 à la faveur des exportations d’hydrocarbures et à des cours appelés à se maintenir à un niveau élevé.
“Ces exportations seront soutenues par la mise en service, en 2011, du gazoduc Medgaz entre l’Algérie et l’Espagne, ainsi que d’unités de gaz naturel liquéfié en 2012”, note la Coface, précisant que “l’Algérie est, toutefois, tributaire de l’Europe pour son commerce extérieur et les perspectives moroses dans cette zone pourraient freiner les ventes algériennes”.
Par ailleurs, les importations continueront à être limitées par les mesures prises par les autorités depuis 2009, en dépit d’importants achats de blé, dont l’Algérie est l’un des plus gros importateurs au monde.
D’autre part, l’organisme français d’assurance-crédit affirme que d’imposantes réserves de changes représentant environ trois ans d’importations sont venues renforcer une situation financière extérieure déjà solide. De plus, la politique active de désendettement extérieur, via le remboursement anticipé de la dette rééchelonnée et l’interdiction pour les entreprises d’emprunter à l’étranger, a ramené le ratio dette/PIB à un niveau très faible (3%) et contribué sensiblement à la réduction du niveau de la dette ramenée à un peu plus de 4 miliards de dollars. “Afin d’essayer de désamorcer la contestation politique et sociale, dans le contexte des soulèvements en 2011 dans d’autres pays arabes, le pouvoir a pris des mesures destinées à améliorer la représentation politique et le rôle des médias, à lutter contre le chômage des jeunes et à augmenter le nombre de logements sociaux”, note la Coface.
L’organisme revient sur les mesures de restriction ciblant les importations et les investissements étrangers pour rappeler que ces dernières, édictées par la loi de finances complémentaire de 2009 et globalement reconduites en 2010 et 2011, ont été motivées par ce souci de protéger les intérêts économiques du pays et de promouvoir les industries nationales. “En dépit de quelques assouplissements en matière de paiement des importations par crédit documentaire, ces mesures semblent peu propices à une amélioration sensible du climat des affaires et au développement du secteur privé, de même que la faiblesse de l’intermédiation bancaire”, ajoute la Coface qui a maintenu son appréciation du risque pays, soit une notation (A4), de même que la note relative à l’environnement des affaires.
D. Akila