Le document s’appuie sur les travaux d’une mission conjointe du programme d’évaluation du secteur financier (PESF) du FMI et de la Banque mondiale qui se sont déroulés en Algérie en septembre 2013.
La crise mondiale n’a eu quasiment aucune incidence sur le système financier de l’Algérie, qui reste stable dans l’ensemble mais très insuffisamment développé. L’important contrôle des changes, la forte participation du secteur public et l’abondance du financement intérieur ont protégé les banques des chocs externes. C’est ce que relève un rapport sur l’évaluation de la stabilité du système financier, publié il y a quelques jours par le Fonds monétaire international (FMI).
Le document s’appuie sur les travaux d’une mission conjointe du programme d’évaluation du secteur financier (PESF) du FMI et de la Banque mondiale qui se sont déroulés en Algérie en septembre 2013. L’évaluation de la stabilité du système financier a été achevée le 9 janvier 2014. Le rapport fournit des informations importantes sur la situation du système bancaire algérien.
Le document constate que les banques semblent être bien capitalisées, rentables et liquides, en partie grâce au soutien récurrent de l’État. Cependant, il relève que la concurrence au sein du secteur bancaire reste faible en raison de la concentration excessive du marché, des fréquents renflouements des banques publiques et de l’insuffisance des règles de gouvernance qui régissent les banques publiques. Selon le rapport, un test de résistance de la liquidité a été réalisé pour évaluer la capacité des banques à faire face à des retraits quotidiens de 5 à 10% par jour pendant cinq jours.
Les résultats ont montré que les banques pouvaient faire face à une importante ruée sur les dépôts pendant cinq jours, car la plupart disposent d’un encours élevé d’actifs liquides. Le total des actifs liquides représentait 108 % des passifs à court terme en 2012, de sorte que les banques disposent d’une marge de manœuvre en cas de retraits soudains ou de détérioration générale des conditions de financement.
Les banques sont peu exposées au risque de taux d’intérêt. Dans un scénario de risque de taux, les résultats du test de résistance montrent qu’elles ne sont pas sensibles à un mouvement de hausse parallèle des taux d’intérêt de 400 points de base, car elles détiennent peu d’instruments financiers à long terme. Les chocs de change ont un impact négligeable car les banques ne peuvent avoir que de faibles positions de change ouvertes, et les effets indirects sont limités du fait que le secteur des exportations hors hydrocarbures est encore peu développé.
L’évaluation précise que les banques publiques sont plus résilientes à divers chocs plurisectoriels que leurs homologues du secteur privé. Concernant le contrôle bancaire, le document indique que des progrès ont été accomplis dans le domaine du contrôle bancaire, mais il reste de grands défis à relever. “Une méthodologie fondée sur les risques a été mise au point en 2012, mais son application n’est pas pleinement assurée. Il y a lieu d’affiner encore le cadre opérationnel du contrôle bancaire”, relèvent les rédacteurs du rapport.
Par ailleurs, le rapport estime que le gouvernement continue de jouer des rôles contradictoires par rapport aux banques publiques, affaiblissant ainsi le rôle d’intermédiation du secteur bancaire dans l’octroi des crédits. Malgré les améliorations apportées à la gouvernance des banques publiques, des faiblesses majeures persistent. L’équipe qui a mené l’évaluation a appelé les autorités à clarifier à l’avenir le rôle de l’État dans le secteur bancaire. Selon le document, l’excès de liquidité complique la mise en œuvre de la politique monétaire et accentue les risques de d’expansion rapide du crédit et d’inflation. Le rapport suggère un “lissage intertemporel des recettes tirées des hydrocarbures”.
Le document estime que la création d’un fonds souverain et l’adoption d’une règle régissant les retraits du fonds pétrolier permettraient de réduire le risque d’instabilité financière, de contenir les effets néfastes du syndrome hollandais sur l’épargne et l’investissement et d’élargir les possibilités de développement du marché des titres d’État et d’amélioration de la transmission de la politique monétaire.
Le rapport propose aussi d’éliminer progressivement le contrôle des changes. “Des contrôles des changes étendus ne semblent guère avantageux et imposent pourtant un coût élevé”, affirme-t-on. Ils permettent notamment aux taux d’intérêt réels négatifs sur les actifs en dinars de persister et font ainsi obstacle au développement des marchés financiers essentiels. L’élimination du contrôle des changes pourrait commencer par une libéralisation graduelle du marché, et notamment du segment des contrats à terme.
M. R.