Au Maghreb, les jeunes Algériens sont ceux qui s’intéressent le moins aux affaires publiques et à la vie politique de leur pays, selon le rapport de l’enquête Afrobarometer, rendu public le mercredi 12 août 2015 intitulé « La journée internationale des jeunes : malgré l’intérêt, les jeunes ne suivent pas les processus politiques ».
Selon ce rapport, « seulement » 50% des jeunes Algériens, âgés entre 18 et 29 ans, s’intéressent aux affaires publiques alors qu’ils sont 55% au Maroc, 57% en Mauritanie. Les Tunisiens, sortis de l’ère glaciaire Ben Ali, arrivent en tête avec 71% de jeunes qui s’intéressent à la vie publique.
Les jeunes Algériens se retrouvent les plus « dépolitisés » au Maghreb, derrière les Tunisiens, les Marocains ou les Egyptiens. 14% des jeunes marocains participent « fréquemment » à des débats et des discussions politiques, mais ceux qui n’abordent « jamais » ces questions (39%) sont plus nombreux que les Algériens.
Effet indéniable de la révolution, 21% jeunes Tunisiens, toujours âgés de 18 à 29 ans, participent et débattent fréquemment sur le sujet. Mais les jeunes Tunisiens qui ne parlent « jamais de politique » sont à 27%, légèrement plus nombreux que les Algériens.
De quoi « nuancer » un peu la notion de dépolitisation de la jeunesse algérienne. Mais en partant de ces critères, les jeunes égyptiens sont les plus « politisés » selon Afrobarometer, puisque 28% d’entre eux discutent ou participent fréquemment aux débats politiques alors que 16% seulement ne parlent « jamais » de politique.
Seulement 11% des jeunes disent avoir pris part à la campagne électorale d’un candidat ou d’un parti. En termes de participations aux scrutins par région, les jeunes nord-africains sont dernier avec 49%, juste derrière l’Afrique (50%) mais fort loin de l’Afrique de l’Ouest (57%) et l’Afrique de l’Est (65%)
Une offre politique qui ne marche pas
Des chiffres qui n’étonnent aucunement un politologue algérien, qui estime que les jeunes algériens ne sont pas dépolitisés. « Ce ne sont pas les jeunes – et les Algériens – qui sont dépolitisés, c’est « l’offre politique » existante qui ne fonctionne pas et n’attire pas les gens ».
Les constats Afrobarometer ne sont pas les signes d’une « dépolitisation » mais d’une « méfiance généralisée » à l’égard de la politique qui fait partie des « effets durables de la guerre civile des années 1990″.
C’est cette même méfiance qui explique l’échec des tentatives lancées en 2011, notamment par Said Sadi, d’accrocher l’Algérie au mouvement révolutionnaire en Tunisie. Les jeunes sont restés « indifférents » et souvent « hostile » aux appels de Saïd Sadi et des autres opposants. Le rapport note que 90% des jeunes Algériens interrogés sont contre l’usage de la force en politique. C’est un « enseignement positif » qui semble avoir été tiré de la plongée dans les violences dans les années 90, estime notre interlocuteur. Mais il faut souligner cependant que 99% des jeunes Tunisiens sont contre l’usage de la force en politique .
B.S.