La progression du nombre de jeunes à risque en Algérie inquiète, tandis que de nouveaux phénomènes émergent et se développent tels que la violence et la drogue, révèle mardi le Conseil national économique et social (Cnes).
Chômage, mal vie, drogue, insécurité, problème de logement sont autant de facteurs favorisant la dégradation de la situation de la jeunesse en Algérie, relève le Cnes dans un document relatif à la prise en charge réelle de la problématique de la jeunesse, rendu public à l’occasion des États généraux de la société civile.
Selon le Cnes, la délinquance juvénile est «en hausse» et la pauvreté est «une réalité» touchant une partie des jeunes citoyens, cela s’exprime par le spectacle des jeunes vendeurs aux bords des routes ou les enfants collecteurs de déchets dans les décharges publiques.
«Bricoler pour s’en sortir est devenue la devise, un sacerdoce pour les catégories de jeunes qui se trouvent dans l’incapacité de construire des projets et des trajectoires d’insertion réussies (…) et qui s’installent alors dans le monde de la débrouille», observe le texte. Pour le Cnes, la précarité sociale et économique, le capital scolaire, «insuffisant», tout comme le dispositif d’encadrement, figurent parmi les multiples facteurs responsables de cette situation.
Le Cnes relève, par ailleurs, que d’autres jeunes, «aspirés par une attitude défaitiste et marginale, s’installent dans des logiques d’expectative voire d’autodestruction où le suicide, la hogra et l’immolation par le feu constituent leur ultime recours pour échapper à leur mal être profond et à leur désespoir».
Il cite d’autres formes extrêmes, à travers lesquelles, les jeunes expriment leur protestation contre les injustices sociales et leur marginalisation, «source de leur détresse», et donne l’exemple de la ville d’Annaba où des jeunes «s’étaient lacérés à coups de couteaux pour dénoncer des listes frauduleuses de bénéficiaires de logements, en mai dernier».
Il signale également dans ce document, rapporté par l’APS, une «montée» de la violence, particulièrement en milieu urbain et dans les cités populaires où de «sanglantes bagarres rangées ont souvent lieu comme au sortir des stades à la fin de matches de football».
Le phénomène des «harragas», qui reflète, lui aussi, la détresse des jeunes, aspirant à une vie meilleure en tentant de traverser la mer à bord de barques de fortune au péril de leur vie, «touche toutes les catégories juvéniles, les femmes et les hommes», lit-on dans le texte.
Le problème de la jeunesse algérienne, par son caractère urgent et stratégique, interpelle l’ensemble de la communauté nationale, indique le Cnes, qui estime que les approches administratives, aussi motivées que pertinentes soient-elles, ne peuvent apporter que des «solutions temporaires à un problème qui nécessite une véritable mobilisation de la société et de ses différentes composantes».
Dans ce sillage, le Cnes souligne enfin la nécessité «d’aller plus loin que les pratiques actuelles inscrites dans les paradigmes de l’administration et dont il faut craindre, dans les cas extrêmes, une aggravation de la crise qui frappe la jeunesse et partant de là, la société tout entière».
Sur un total de 300.000 jeunes diplômés Seuls 100.000 décrochent un emploi
Seuls cent mille (100.000) sur trois cent mille jeunes (300.000) universitaires et diplômés des centres de formation et d’enseignement professionnels sont intégrés dans le marché de l’emploi, a indiqué mardi dernier le Centre national économique et social (Cnes).
Dans un document reçu par l’APS lors d’un atelier consacré à la prise en charge de la problématique des jeunes dans le cadre des travaux des états généraux de la société civile, le Cnes a précisé que le taux d’emploi des jeunes est toujours faible par rapport aux taux de formation et d’orientation des jeunes vers la vie professionnelle.
Selon le document, les jeunes de moins de trente ans sont les plus touchés par le chômage avec un taux de 70% du nombre global des chômeurs. «Le chômage des jeunes, notamment parmi les universitaires, induit un développement dangereux du secteur parallèle qui devient un échappatoire pour la majorité de ces jeunes en quête d’emploi».
Même si ces jeunes réussissent à trouver un emploi, le tiers d’entre eux seulement est couvert par la sécurité sociale, d’autant plus que le secteur privé «ne déclare pas ses employés», a ajouté la même source.
Lakhdari Brahim