Selon un document de son conseil d’administration daté de 2015: La CNR avait préconisé la suppression de la retraite anticipée

Selon un document de son conseil d’administration daté de 2015: La CNR avait préconisé la suppression de la retraite anticipée

La commission avait estimé que le déficit de la CNR est dû, essentiellement, à une lente progression des recettes.

De nombreux spécialistes, hommes politiques, syndicalistes et élus ne cessent de réclamer de la transparence sur l’évolution des caisses sociales. Pourtant, cette évolution et ces chiffres devraient être portés à la connaissance des cotisants et des adhérents de la caisse conformément aux textes régissant ces entités. Un document de la CNR daté d’octobre 2015 et dont Liberté s’est procuré une copie, rappelle la situation de la Caisse nationale des retraites arrêtée à la fin de la même année. L’idée d’abroger l’ordonnance 97/13 du 31/05/1997 régissant la retraite proportionnelle et la retraite anticipée remonte à octobre 2015 lorsque les membres de la commission de finances de la CNR, qui  comprend en son sein des syndicalistes de l’UGTA, avaient tiré la sonnette d’alarme en proposant l’abrogation de l’ordonnance 97/13 qui, selon eux, pesait lourdement sur l’équilibre financier de la caisse.

Cette recommandation a été faite lors de la réunion du conseil d’administration de la CNR du 29 octobre 2015. Selon le document en notre possession, le déficit de la caisse avait atteint, à cette date, plus de 217 666 429 342 DA. Les membres de cette commission avaient également adopté le projet de budget de la caisse au titre de l’exercice 2016 en tenant compte de l’énorme déficit.

Un projet de budget qui prévoyait 697 970 689 458 DA devant des dépenses prévisionnelles établies à 915 637 118 800 DA. La commission avait estimé que le déficit de la CNR est dû, essentiellement, à une lente progression des recettes qui sont passées de 469 671 822 030 DA en 2015 à 491 149 092 552 DA en 2016, soit une variation de 21 477 270 522 DA, avec un taux d’évolution de 4,57% alors que les dépenses de prestations ont connu une augmentation vertigineuse passant de 625 000 000 000 DA en 2015 à 753 600 000 000 DA en 2016 soit un taux d’évolution de 20,58%.

LG Algérie

Ainsi, les dépenses évoluent quatre fois plus vite que les recettes, avait noté la commission qui avait préconisé, par ailleurs, la nécessité de veiller à la consommation des crédits. Le déficit constaté est imputé, selon cette même commission, à la mise en œuvre de l’opération liée à la revalorisation des pensions de retraite pour l’année 2014 dont le taux a été fixé à 12% mais aussi à l’application de l’ordonnance 97/13 relative à la retraite proportionnelle et la retraite anticipée, mais encore à la décision d’octroi de pensions de retraite proportionnelles exceptionnelles aux agents de la garde communale, ce qui a grevé lourdement l’équilibre financier de la CNR, affirment les responsables de la caisse.

Par ailleurs, la CNR a été contrainte, à ce moment-là, à geler plusieurs projets de réalisation de structures. Quelques mois après la parution sur Liberté d’un article relatif à la situation alarmante de la caisse, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale dira que la CNR se porte bien contredisant le rapport de cette commission et les chiffres réels de la CNR.

Le ministre sera relayé plus tard par le directeur de la CNR qui affirmera à la Chaîne III que “pour le moment, nous veillons à la pérennité du système de paiement des retraites et cela se fait depuis quelques années déjà. Nous sommes très à l’aise pour les années à venir”, ajoutant que des “réflexions” sont lancées actuellement par les pouvoirs publics pour la mise en place de mécanismes à même d’assurer cette pérennité, laquelle “se porte bien lorsque l’équilibre est assuré entre le nombre des retraités et celui des cotisants”, avait-il précisé.

Les deux responsables seront contredits quelques mois plus tard par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui avouera que la Caisse nationale des retraites est en réelle difficulté.