Selon Oxford Business Group (OBG) : Un véritable chamboulement dans le secteur des télécommunications algérien

Selon Oxford Business Group (OBG) : Un véritable chamboulement dans le secteur des télécommunications algérien

«Le secteur des télécommunications algérien semble être à la veille d’un véritable chamboulement», souligne Oxford Business Group (OBG) dans un son dernier briefing sur l’Algérie. OBG affirme que « la société égyptienne Orascom Telecom cherche apparemment un acheteur pour son entité algérienne Djezzy, le premier opérateur de téléphonie mobile sur le marché local».

«Bien qu’il n’ait pas été an- noncé officiellement qu’Orascom quittait le marché algérien et que la plus grande part de la discussion ait lieu dans les médias nationaux et internationaux, les questions que se posent de nombreux experts semblent porter sur le moment du départ de la société égyptienne plutôt que sur sa réalisation», rapporte Oxford Business Group.



A la mi-février, rappelle OBG, l’agence de presse Reuters a rapporté les propos, d’une part, d’un haut fonctionnaire du gouvernement algérien selon lesquels Alger préfèrerait qu’Orascom cesse ses activités dans le pays, et, d’autre part, ceux de journalistes et d’analystes financiers qui auraient déclaré que la présence de l’entreprise mère de Djezzy était indésirable dans le pays.

Un taux de pénétration de 83%

Si le président d’Orascom, Naguib Sawiris, a publiquement annoncé que la société aimerait rester en Algérie, il a également expliqué aux médias qu’elle envisagerait de quitter le marché si elle avait l’impression que sa présence n’était pas souhaitée.

OBG rappelle qu’Orascom est également en litige avec les autorités algériennes au sujet d’impôts prélevés sur des revenus prétendument non-déclarés. L’entreprise a fait appel concernant une décision rendue l’année dernière exigeant le versement d’un montant supplémentaire de 435 millions d’euros.

La décision est fondée sur les estimations de la Direction générale des Impôts algérienne, selon lesquelles les revenus de Djezzy s’élèveraient à 3.8 milliards d’euros pour les années 2005 à 2007 inclusivement, et non à 3.2 milliards d’euros (comme annoncé par l’entreprise). Si Djezzy était vendue, la vente serait a priori fortement contestée.

On estime le taux de pénétration de la téléphonie mobile en Algérie à environ 83% et les quelque 29 millions d’abonnés font appel aux services de trois principaux fournisseurs. Par conséquent, une expansion est encore possible sur le marché.

Depuis qu’elle a obtenu son permis d’exploitation commerciale en 2001, Djezzy a réussi à gagner 60% de part de marché, ce qui représente plus de 15 millions d’abonnés.

Ainsi, ce sont à la fois les acquis et le potentiel de croissance de cette société qui en font un produit attrayant. Pour en être convaincu, il suffit de constater le nombre de candidats manifestant leur intérêt à acheter Djezzy, alors que celle-ci n’a même pas été mise en vente.

A la fin février, Peter Kaliaropoulos, le directeur général de la Bahreïn Télécommunications Company (Batelco), a informé la presse locale que sa société était intéressée à pénétrer le marché nord-africain et qu’elle chercherait peut-être à obtenir des intérêts dans Djezzy, à condition que cela se fasse conjointement avec un partenaire compétent.

L’entreprise du Bahreïn a annoncé haut et fort ses intentions d’expansion : ses représentants ont expliqué qu’ils considéraient une acquisition d’une valeur de 1.4 milliard d’euros, financée à la fois par des emprunts et des actions, ainsi que grâce à des partenariats stratégiques.

On s’attend à ce que le prix de Djezzy soit très élevé.

Emirates Télécommunications Corporation- éventuel repreneur de Djezzy

Et c’est pour cette raison que, selon M. Kaliaropoulos, Batelco ne pourrait présenter d’offre pour les activités algériennes d’Orascom qu’en tant que partie d’un consortium. «Nous préférons travailler avec des partenaires», a-t-il dit.

Emirates Télécommunications Corporation, mieux connu sous le nom d’Etisalat, est un autre candidat possible. Basée aux Emirats arabes unis, elle a manifesté son intérêt à pénétrer le marché algérien et voudrait le faire dans le cadre d’un grand projet d’acquisitions auquel la société participe.

Le président d’Etisalat, Mohammad Omran, a annoncé à l’occasion d’une conférence de presse, qui a eu lieu le 22 février dernier, que son entreprise cherchait non seulement à s’installer en Iraq, au Maroc, en Libye et en Syrie, mais également en Algérie ; qu’elle devait cependant d’abord entamer des pourparlers officiels avec Djezzy au sujet d’une éventuelle acquisition.

«Nous voulons aller en Algérie. Nous poursuivrons cet objectif, que ce soit par le biais d’Orascom ou autrement», a déclaré M. Omran.

Mobilis, la mieux placée ?

Ce ne sont pas seulement les nouveaux arrivants qui s’intéressent à Djezzy, mais on dit que les compétiteurs de cette dernière sur le marché algérien sont également intéressés à acheter des parts de leur rival.

«À la fois la société publique Mobilis et Nedjma, gérée par Wataniya Telecom du Koweït, pourraient s’arracher les actions de Djezzy mises à la vente, que ce soit en partie ou dans leur totalité.

Mobilis, une entité d’Algérie Télécom, bénéficierait sans doute d’un avantage sur les autres soumissionnaires si Djezzy était mise en vente, dans la mesure où l’opérateur et d’autres entreprises publiques algériennes -bénéficient d’un droit de préemption- prévu par la législation entrée en vigueur en 2009», estime OBG, indiquant que plusieurs évaluations de Djezzy ont établi que le prix de l’entreprise oscillait entre 4.6 milliards et 4.8 milliards d’euros.

Si Orascom Telecom se départait de Djezzy, cette vente réduirait considérablement les recettes de la société, compte-tenu du fait que les activités algériennes de la société sont évaluées à quelque 37% des revenus totaux de l’entreprise.

En même temps, si la vente de l’entité algérienne se réalisait, et ce, à un prix approchant celui établi par les évaluations, Orascom non seulement éliminerait ses dettes d’environ 3.7 milliards d’euros, mais bénéficierait d’un excédent. «Il est peu probable que le gouvernement algérien contraigne Orascom à vendre.

Le scénario le plus probable est celui où la société choisit de le faire d’elle-même : elle arrêterait ses activités algériennes tout en réalisant un profit considérable», conclut OBG.

Par Kezoul L