M. Abdelwahab Nouri, ministre de l’Agriculture et du Développement rural a annoncé, avant-hier, en marge d’une séance plénière du Conseil de la Nation consacrée aux questions orales, que durant l’année en cours, son secteur a enregistré une production de 34 millions de quintaux, toutes céréales confondues, soit une baisse de 30% par rapport à la saison précédente, qui s’était établie à 49,1 millions de quintaux, a-t-il indiqué.
Tout en expliquant que cette baisse est due essentiellement aux conditions climatiques caractérisées par une mauvaise pluviométrie. En effet, le ministre a donné des chiffres concernant les années précédentes pour montrer que la production céréalière ne cesse de reculer à cause des conditions climatiques et ce, conformément aux rendements record enregistrés lors de la campagne 2008/2009 avec 61,2 millions de quintaux.
En 2009/2010, la production a chuté à 45 millions de quintaux puis à 42,45 millions qx en 2010/11 avant de remonter à 51,2 millions qx en 2011/12. A une question posée sur si l’Algérie allait importer cette année du blé français en dépit de sa mauvaise qualité, le ministre a répondu qu’ » il y a des règles, des cahiers de charges à respecter et des organes chargés du contrôle des produits que nous importons ».
« Ne croyez pas que notre pays importe du n’importe quoi », a-t-il dit. La récolte française a été affectée par la pluie et le froid de l’été qui ont fait germer sur pied une partie de la moisson et certains blés ne pourront pas être transformés en farine destinée à la fabrication du pain. Les exportateurs français songent de ce fait à faire des « aménagements techniques » pour satisfaire leurs clients dont l’Algérie, principal importateur de blé français avec en moyenne 5 millions de tonnes par an.
Plus de 283.000 quintaux d’orge ont été distribués
Dans ce contexte, le ministre a fait état que les services agricoles ont distribué plus de 283.000 qx depuis janvier dernier aux éleveurs au niveau national, a-t-il affirmé.
Entre autres, le ministre a souligné que l’Etat avait lancé un programme spécial pour la distribution de cet aliment (orge) au prix subventionné de 1.550 DA/le quintal et ce, en vue de sauvegarder la ressource animale (ovins destinés à la reproduction, chameaux et chevaux).
Afin de garantir la transparence et le bon déroulement de cette opération, le ministère a mis des mécanismes définissant les conditions pour bénéficier de ce soutien de l’Etat comme l’obligation de détenir la carte d’éleveur et un certificat de la dernière vaccination de prévention effectuée, explique encore M. Nouri.
Dans le même cadre, poursuit-il, tous les vétérinaires doivent remettre aux autorités compétentes la liste des éleveurs ayant bénéficié de la dernière opération de vaccination contre la fièvre aphteuse dans les communes touchées par cette maladie.
Concernant la spéculation dans le marché de l’orge et l’augmentation de son prix jusqu’à 3.600 DA/Q dans les marchés parallèles, le ministre a assuré que son département travaillait à mettre terme à ces pratiques pour une meilleure prise charge des préoccupations des éleveurs et la préservation de la ressource animale nationale.
Les agriculteurs doivent se préparer pour l’exportation de leurs produits
Les agriculteurs ayant relevé le défi de la qualité ont été exhortés, jeudi à Boumerdès, par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelwahab Nouri, à « s’investir davantage dans la compétitivité et à se préparer à l’exportation de leurs produits ». « Vos produits sont de qualité supérieure, grâce à vos efforts et au soutien que vous a apporté l’Etat en matière d’investissement, mais vous gagnerez davantage à les destiner à l’exportation », a déclaré le ministre à l’intention de viticulteurs, de producteurs maraîchers et d’apiculteurs, dont il a visité les stands à la 3ème exposition de la production agricole, abritée par le complexe sportif Mohamed Belaredj de Boumerdès.
Pour rendre effective cette perspective de placement sur les marchés extérieurs de produits agricoles algériens de qualité avérée, M. Nouri a recommandé aux producteurs, dans différentes filières agricoles, de se « donner les moyens de stockage et de réfrigération, mais aussi d’investir dans la présentation de leurs produits afin de répondre aux standards internationaux et aux exigences de la compétitivité ».
Le ministre a assuré, à cet effet, les producteurs agricoles du soutien et de l’accompagnement de l’Etat au titre du prochain plan quinquennal 2015-2019.
« L’essor agricole est indissociable du développement des activités agroalimentaires », a estimé le ministre lors d’un point de presse, soulignant qu’une « démarche commune est entreprise en ce sens avec le ministère de l’Industrie, pour inciter les industriels à investir dans le créneau de transformation et de valorisation des produits agricoles ».
S’exprimant sur la fièvre aphteuse qui a affecté les bovins, M. Nouri a affirmé que la « situation est maîtrisée », assurant par ailleurs que cette maladie « n’a aucune incidence sur la consommation de la viande ».
Rappelant que les marchés à bestiaux seront rouverts à l’échelle nationale à partir de vendredi, le ministre a souligné que ces derniers « seront soumis à un contrôle vétérinaire strict ».
Le dernier bilan national de cette épizootie fait état de l’abattage de 5900 têtes bovines atteintes par cette maladie virale qui a provoqué également la mort de 2000 autres bovins. M. Nouri a présidé une cérémonie de remise des prix aux lauréats du concours des meilleurs producteurs dans les domaines de la viticulture, du maraîchage et de la collecte du lait. Ce dernier prix est revenu à une ingénieure agronome d’Ouled Hadadj (Boumerdès) qui a monté un projet dans le cadre du dispositif ANSEJ.
Co-organisée par la DSA et la chambre locale de l’agriculture, cette exposition de produits agricoles, placée sous le signe « l’agriculteur, nerf de l’économie nationale », a regroupé plus de 80 exposants en produits agricoles issus des différentes localités de la wilaya de Boumerdès.
Cette wilaya est classée 3ème à l’échelle nationale en matière de production agricole, avec une valeur globale chiffrée, en 2013, à plus de 111 milliards de DA, selon les indications de la DSA.
Appel à plus de vigilance pour empêcher la propagation de la fièvre aphteuse
Par ailleurs, M. Nouri a appelé les citoyens et éleveurs à plus de « vigilance et de responsabilité » dans les marchés à bestiaux qui ont rouvert, hier, après leur fermeture depuis fin juillet dernier suite à l’apparition de la fièvre aphteuse.
« La situation est sensible et nécessite la mobilisation de tout le monde », a affirmé M. Nouri. Il a ajouté que son département a pris toutes les mesures nécessaires pour « empêcher l’apparition de la fièvre aphteuse dans les marchés à bestiaux et sa transmission au cheptel ovin afin de passer la fête de l’Aid El Adha dans les meilleures conditions ».
En réponse à une question de l’APS sur l’indemnisation des éleveurs, M. Nouri a affirmé que l’opération se poursuit et qu’ »une autorisation de versement a été octroyée aux éleveurs dont le cheptel a été touché par cette maladie à travers les wilayas ».
Concernant le foncier agricole, le ministre a précisé que le ministère ne tolère pas le détournement des terres agricoles de leur vocation de la part aussi bien des citoyens que des organismes publics ou privés.
Le ministre a rappelé dans ce cadre que des instructions avaient été données par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors du dernier Conseil des ministres du 26 août dernier sur « la nécessité de préserver les terres agricoles ».
La préservation de foncier agricole est « une responsabilité que doivent partager toutes les institutions de l’Etat et la société civile » a-t-il ajouté précisant que « le ministère a déféré aux instances judiciaires tous les dossiers relatifs à la violation des terres agricoles pour punir les contrevenants ».
A propos de la conversion du droit de jouissance perpétuelle en droit de concession, M. Nourri s’est félicité de la réussite de l’opération en dépit de « la complexité » de certains dossiers.
Par ailleurs, le secteur de l’agriculture s’attelle à mettre en place un système informatique reliant l’administration centrale, locale et la Banque algérienne du développement rural (BADR) pour la gestion de tous les dossiers entrant dans le cadre du soutien agricole, note-t-il.
Rabah Benali