L’ex-ministre de l’Industrie ne pouvait passer sous silence un tel égarement.
Dans une longue interview qu’il a accordée à notre confrère arabophone Echourouk, l’ex-chef de gouvernement Belaïd Abdeslam, s’étale sur le rôle clé du général de Gaulle dans la «libération» des officiers militaires algériens de l’armée française et leur intégration par la suite dans l’ALN. Une stratégie voulue par le général, d’autant qu’il était convaincu de l’aberration de «L’Algérie française» et de l’intérêt d’avoir des vis-à-vis non profondément pétris de l’esprit nationaliste et indépendantiste, une fois l’indépendance de l’Algérie acquise.
Dans la même interview, Belaïd Abdeslam évoque la relation tumultueuse entre Boumediene et l’homme d’affaires Messaoud Zeghar. Ce dernier aurait même eu un différend avec Belaïd Abdeslam qui aurait mal pris ses ingérences dans les affaires industrielles de l’Etat, du temps de Boumediene. Belaïd Abdeslam et alors qu’il était ministre de l’Industrie, à l’époque, a eu à relever personnellement ces interférences.
Il cite notamment le fait que Messaoud Zeghar avait touché d’importantes sommes d’argent en devises à la faveur de contrats propres au secteur industriel, et paraphés entre l’Algérie et deux partenaires américains. Belaïd Abdeslam précise qu’il a signalé cet épisode qui a eu pour théâtre la Suisse, au défunt président Houari Boumediene. Belaïd Abdeslam dit avoir été critiqué pour son initiative surtout qu’une forte amitié liait Boumediene à Zeghar. Belaïd Abdeslam indique qu’il a rétorqué à ses pourfendeurs à savoir qu’il ne pouvait passer sous silence un tel égarement et que sa conscience lui interdisait de cacher cette vérité d’un fait qu’il avait personnellement constaté.

A en croire Belaïd Abdeslam, Boumediene aurait très mal pris cette dérive de Zeghar qu’il a interprétée comme une trahison de la confiance qu’il avait placée en lui. Selon Belaïd Abdeslam, Zeghar était même l’homme de confiance de Boumediene car l’ex-chef d’Etat le tenait pour un très proche ami de sa famille, puisque Zeghar se chargeait des déplacements de Madame Boumediene. Le défunt président aurait posé alors deux alternatives à Zeghar: soit démissionner, soit être puni pour son comportement. Belaïd Abdeslam dit avoir appris plus tard de l’entourage de Boumediene que Messaoud Zeghar était devenu persona non grata au siège de la Présidence comme il lui était interdit tout séjour dans la demeure familiale de Boumediene, dont les portes lui étaitent pourtant auparavant grandement ouvertes.
Belaïd Abdeslam précise qu’il n’a aucune animosité envers l’homme d’affaires Messaoud Zeghar, qu’il a eu à connaître durant les années 1940, à Sétif à la glorieuse époque du PPA. Belaïd Abdeslam fait néanmoins savoir qu’il s’agit là d’évènements dignes d’être relatés puisque se rapportant à l’Histoire.