En l’absence de travaux sur la consommation et le pouvoir d’achat en sociologie, les sociologues se basent sur l’unique étude sur la pauvreté qui constitue une piste d’analyse de la situation des ménages en Algérie.
Néanmoins, deux thèses sont en préparation sur des sujets similaires à l’université d’Alger par des étudiants.
Selon les experts, le modèle de consommation a beaucoup changé. En 2000, la téléphonie mobile et le véhicule commençaient à peine à s’imposer dans la vie des Algériens, alors que vers le milieu des années 2000, ces deux produits sont devenus des besoins indispensables pour l’Algérien, avec internet (ADSL). Donc les dépenses des ménages ont augmenté.
A ce propos, Tayeb Kennouche, sociologue auprès du Centre de recherches en économie appliquée au développement (Cread), a relevé que le nouveau modèle de consommation a fait que les besoins des consommateurs ont changé avec l’apparition d’industries émergentes, cependant certaines dépenses sont exclues du panier de la ménagère pour le calcul de l’indice des prix à la consommation.
Concernant le salaire, ce sociologue explique que «dans le salariat se niche la pauvreté et pour que le salaire échappe à cette pauvreté il faudra que le ménage cumule plusieurs salaires».
Pour sa part, son collègue Abderrahmène Abdou rappelle que 20% de la population sont ruraux, selon le dernier recensement de 2008, et on compte le rural industriel plus nombreux que le rural agricole, de plus 30% de la population sont pauvres en Algérie.
Pour ce sociologue, l’indice de pauvreté doit être calculé sur la pondération entre communes riches et communes pauvres. D’ailleurs, les critères de référence de
1 dollar pour l’extrême pauvreté et 2 dollars pour la pauvreté relative «ne sont pas des critères objectifs», selon cet expert, qui note que «le SNMG n’est pas une référence, puisque 40% de la population échappent au salariat en raison de l’informel». Donc, «nous ne sommes pas une société salariale», soutient-il.
Ainsi, «le salaire n’est pas une référence, si on parle de consommation». De son côté, Kamel Boucherf, sociologue, a indiqué que ce nouveau modèle de consommation «a chamboulé toutes les traditions» en rappelant une théorie de Karl Marx qui dit : «Les conditions d’existence matérielle déterminent le reste.» Enfin, les sociologues s’interrogent :
«Est-ce que ce sont des Algériens qui ont participé à la tripartite pour arrêter le SNMG à 15 000 DA quand en moyenne la famille algérienne est composée d’au moins 6 personnes ?» Ils ajoutent qu’«il y a disparité salariale» et «la distribution de la rente (argent de l’Etat et des revenus pétroliers) n’est pas équitable».
F. M.