Medelci reçoit le secrétaire libyen aux Affaires étrangères. Au moment où se tient la rencontre du panel africain sur la Libye à Pretoria, le secrétaire aux Affaires étrangères du congrès général du peuple libyen, Slimane Chahoumi, a été reçu hier à Alger par Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères. L’émissaire Libyen est arrivé à Alger en provenance de Tunisie et rejoindra ultérieurement la Mauritanie.
Par ailleurs, le porte-parole du régime libyen, Moussa Ibrahim, a déclaré hier à l’AFP que le colonel Maâmmar Kaddafi ne quittera ni le pouvoir ni le pays, en réaction à des déclarations de la rébellion qui affirme attendre une «offre» du dirigeant libyen. Il soutiendra que «Kaddafi est ici. Il y reste. Il dirige le pays, il ne le quittera pas et il ne démissionnera pas parce qu’il n’a aucun poste officiel». Et d’affirmer à ce propos que «c’est notre pays. Nous ne le céderons pas à des gangs de criminels qui ont pris nos villes en otage. Nous ne le céderons pas à l’organisation criminelle de l’Otan. Chacun continuera à se battre. Nous sommes prêts à nous battre de rue en rue, de maison à maison».
A noter que Abdel Hafiz Ghoga, vice-président du Conseil national de transition libyen, avait affirmé avant-hier que le CNT s’attendait «à recevoir très bientôt une offre» de Maâmmar Kaddafi, précisant que le CNT n’était pas en contact direct avec le dirigeant libyen, mais qu’il avait compris, via des contacts avec la France et l’Afrique du Sud, qu’une offre était en train d’être élaborée. Aussi, dira-t-il que «des pays ont été choisis par le régime pour présenter une proposition au CNT, mais nous n’avons rien reçu pour le moment». «Nous étudierons cette offre sérieusement», a-t-il ajouté, tout en réaffirmant que le CNT exigeait comme préalable à tout accord le départ de Kaddafi et de sa famille du pouvoir et de la politique.
Pour sa part, le leader libyen a plusieurs fois refusé toute négociation sur son départ et a promis «une longue guerre contre les forces occidentales et contre les ennemis de la Libye».
Zuma : l’Otan n’est pas mandatée pour «l’assassinat politique» de Kaddafi
Pourtant à Pretoria, le panel de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur la Libye a de nouveau plaidé, hier, pour une solution politique négociée au conflit dans ce pays, où les rebelles s’attendaient à recevoir «très bientôt» une offre du colonel Maâmmar Kaddafi. A ce titre, le président sud-africain Jacob Zuma a haussé le ton face à l’OTAN, soulignant qu’elle n’a pas été mandatée par l’ONU pour conduire «l’assassinat politique» de Maâmmar Kaddafi, au moment où des combats à l’arme lourde étaient enregistrés à 50 km de Tripoli. Ainsi, le président sud-africain soulignera la «préoccupation» du comité et de l’assemblée de l’UA devant les «bombardements continus de l’OTAN», ajoutant que «la finalité de la résolution 1973 de l’ONU, adoptée le 17 mars, était de protéger le peuple libyen et faciliter les efforts humanitaires». De plus, lors de l’ouverture de sa quatrième réunion sur la question libyenne, le comité de l’UA a de nouveau insisté sur la nécessité de trouver rapidement une solution politique et pacifique au conflit. De ce fait, dans un communiqué, le ministère sud-africain des Affaires étrangères avait indiqué que le panel allait notamment s’entretenir de la mise en place d’un cessez-le-feu et de la sécurisation de l’aide humanitaire.
Pour rappel, dans une feuille de route rejetée auparavant par les rebelles libyens, l’UA a appelé à un cessez-le-feu en Libye et à l’instauration d’une période de transition conduisant à des élections démocratiques pour mettre fin au conflit. «La coalition atlantique croisée colonialiste a bombardé des sites civils, parmi lesquels une boulangerie et un restaurant à Brega, faisant quinze martyrs et plus de vingt blessés», a rapporté la télévision libyenne avant-hier, dénonçant une «guerre d’extermination» et des «crimes contre l’humanité» commis par l’Alliance atlantique.
Pour leur part, préoccupés par cette situation, plusieurs pays dont notamment la Russie et la Chine, sont opposés à la poursuite des frappes de l’OTAN et des affrontements armés en Libye, et ont plaidé en faveur d’une solution politique et pacifique à la crise. En outre, des hauts responsables arabes et étrangers se disent inquiets quant aux retombées catastrophiques du conflit armé en Libye, sur la sécurité et la stabilité de la région, appelant toutefois au respect de la souveraineté des Etats et la liberté des peuples
Les combats à l’arme lourde se poursuivent au sud de Tripoli
Des affrontements à l’arme lourde entre les forces fidèles au colonel Kaddafi et les rebelles ont eu lieu hier au sud de la capitale libyenne Tripoli, ont rapporté des médias. En effet, selon ces sources, d’intenses bombardements aux roquettes de «type Grad» et des tirs de mitrailleuses lourdes résonnaient depuis Yefren. D’après les rebelles, les combats se déroulent à Bir Al-Ghanam, au nord de Bir Ayad. En outre, une source hospitalière citée par les médias a fait état d’un blessé admis à l’hôpital, ajoutant que d’autres blessés étaient en attente d’être évacués.
Les insurgés ont étendu leur contrôle sur les montagnes berbères la semaine dernière, s’emparant de la zone allant de Zenten à Yefren, à environ 80 km au sud de Tripoli.
Ces affrontements interviennent alors que l’OTAN poursuit toujours ses bombardements contre différents objectifs, notamment à Tripoli et à Brega, où au mois 15 civils sont morts avant-hier dans une frappe aérienne de l’Alliance.
Réunion de familles libyennes à Tripoli après quatre mois de séparation
Plus d’une centaine de personnes venues de Benghazi ont retrouvé leurs familles à Tripoli avec l’aide du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), après quatre mois de séparation en raison du conflit dans ce pays, ont rapporté des médias. Ces derniers indiquent que 106 personnes, dont la plupart sont des femmes, hommes âgés ou enfants, bloquées à Benghazi depuis le début du conflit libyen, se sont réunies avec leurs proches à Tripoli, grâce à un bateau affrété par le CICR. Vendredi dernier, ce bateau avait emmené 296 personnes à Benghazi, dont 66 détenus libérés par le régime libyen. Selon un porte-parole du CICR, Robin Waouda, les listes des personnes transférées à Benghazi ou à Tripoli «ont été approuvées au préalable par le régime et par la rébellion».
Par Lynda N. Bourebrab