Les négociations de Renault pour implanter une usine en Algérie avancent, a fait savoir hier le numéro deux du constructeur français, Carlos Tavares.
En Algérie, «c’est le gouvernement algérien qui nous demande une implantation industrielle dans le pays», a rappelé Tavares. «Nous sommes encore en phase de discussions, tout n’est pas finalisé», a ajouté le directeur général délégué de Renault qui voit dans ce pays «un potentiel très important». Alger avait indiqué fin juin qu’il espérait signer en août un pacte d’actionnaires avec le groupe français pour la création d’une société commune, afin de construire une usine automobile à l’ouest de l’Algérie. En Chine, le projet d’implantation d’une usine Renault s’accélère. Le responsable espère présenter son projet d’implantation à Pékin le mois prochain. Mais pour le cas de l’Algérie, rien n’indique que le projet de construction de l’usine est à un stade avancé. Dans ce dossier, le constructeur français a toujours fait usage de prudence dans ses déclarations. La décision il y a près de deux semaines du groupe français PSA Peugeot Citroën de supprimer 8 000 emplois d’ici à 2014 a fait naître chez les opérateurs économiques algériens l’idée que la direction de Renault pourrait revoir son projet de fabrication de voitures dans le pays. Ce sentiment est renforcé par le peu de précisions apportées sur la question par le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius lors de sa visite à Alger à la mi-juillet. L’usine que Renault a l’intention d’implanter en Algérie devrait se situer dans l’ouest algérien, à Oran ou Mostaganem, plutôt que dans la zone franche de Bellara, à l’Est d’Alger, initialement prévue. Selon les conventions de départ, Renault devrait en être l’actionnaire principal à hauteur de 49% aux côtés du FNI (Fonds National d’Investissement) algérien, 35%, et la SNVI (Société Nationale des Véhicules Industriels), 16%. Sa production devrait s’élever à son lancement à 25 000 véhicules par an pour atteindre à terme le chiffre de 125 000. Les avis en Algérie sur l’abandon du projet par Renault sont très partagés. Ceux qui adhèrent à cette hypothèse se basent sur les déclarations du ministère français des Affaires étrangères de «réévaluation de l’investissement». Ces déclarations sont à prendre très au sérieux étant donné que l’Etat français est actionnaire de Renault. Les adversaires de cette idée se basent pour leur part sur l’hypothèse que Renault ne souhaiterait nullement un conflit avec l’Algérie qui, à la fin du premier semestre de l’année en cours, est passé du 13e au 6e rang des marchés du groupe grâce à une augmentation des ventes de 50,5%. L’Algérie a importé 70 000 véhicules Renault en 2011. Donc, c’est facile de voir plus clair dans cette affaire, mais du côté algérien on estime que le contrat relatif à l’implantation de cette usine pourrait être conclu au cours de la visite du président français, François Hollande, prévue pour la fin de l’année 2012. Certains pensent que le projet ne sera pas sacrifié, notamment lorsqu’on sait que les socialistes français sont largement décidés à rétablir les ponts avec Alger : la France n’a que trop souffert d’un refroidissement des relations avec le voisin du sud sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Ainsi, au moment où le dossier Renault traîne en longueur, certaines informations révèlent que le constructeur automobile allemand Volkswagen étudierait les opportunités d’une implantation au Maroc. Des contacts seraient en cours avec les autorités marocaines pour déplacer le projet initialement prévu en Algérie. Les informations ont été révélées par la presse marocaine et ne sont pas encore démenties du côté algérien.
Mehdi Ait Mouloud
