Les réserves de change s’épuisent très vite, et au rythme actuel, en émettant l’hypothèse d’une absence de réformes, elles pourraient être épuisées dans moins de trois années.
“L’Algérie, archétype du pays rentier qui a mal anticipé les conséquences de la chute des prix du pétrole et des recettes pétrolières de 50% en 2015 et 2016 sur ses grands équilibres macro-économiques, est en proie depuis plusieurs années à une dégradation brutale des soldes commerciaux et courants de la balance des paiements”, relève le groupe Crédit agricole, dans une de ses dernières lettres hebdomadaires “Perspectives émergents”.
Le groupe bancaire français indique que la croissance du produit intérieur reste déséquilibrée. “Traditionnellement très excédentaire jusqu’en 2013, la balance courante accuse des déficits qui se creusent dangereusement à 17% du PIB en 2015 et 2016 (soit environ 35 milliards de dollars”, constate Crédit agricole S. A. Ce déficit, prévoit le groupe bancaire français, devrait demeurer élevé à plus de 13% du PIB en 2017. Pour Crédit agricole, c’est une légère amélioration due principalement à la remontée des cours du pétrole et aux restrictions aux importations. “La croissance reste donc particulièrement déséquilibrée, et ceci pourrait, à terme, peser sur la dynamique de croissance du PIB qui reste bonne à ce stade. Cette croissance devrait légèrement décélérer à 2,5% du PIB en 2017”, estime Crédit agricole S. A. dans son commentaire. Le groupe français affirme qu’“en l’absence d’investissements directs étrangers, en raison du manque d’attractivité de l’économie et des freins administratifs volontaires (notamment la loi 49%-51% qui empêche l’investisseur étranger d’être majoritaire dans les entreprises), le déficit courant est comblé par pompage sur les réserves en devises”. Ces réserves en devises de la Banque centrale, ajoute Crédit agricole, ont chuté de 180 milliards de dollars à fin 2014 à 116 milliards de dollars à fin 2016, soit une chute de 36% en deux ans et elles pourraient s’établir à moins de 100 milliards de dollars à fin 2017. “Elles demeurent importantes (56% du PIB 2016) et couvrent donc pour plusieurs années le déficit budgétaire si besoin”, reconnaît le groupe bancaire français. “Mais elles s’épuisent très vite, et au rythme actuel (en faisant l’hypothèse d’une absence de réformes), elles pourraient être épuisées dans moins de trois années”, estime Crédit agricole. Pour rappel, lors de son intervention devant le Conseil de la nation, en avril dernier, le gouverneur de la Banque d’Algérie avait relevé une diminution de l’encours des réserves de change, qui passe de 144,13 milliards de dollars à fin décembre 2015, à 114,14 milliards de dollars à fin décembre 2016. “Compte tenu de ce niveau des réserves officielles de change, à fin décembre 2016, encore appréciable en dépit de sa forte baisse et du très faible niveau de la dette extérieure (3,85 milliards de dollars, représentant 2,45% du PIB de 2016), la position financière extérieure de l’Algérie demeure relativement solide et confortable”, a-t-il estimé.
Pour toute l’année 2016, la baisse des réserves de change s’élève à 29,995 milliards de dollars dont 25,609 milliards de dollars en flux et 4,386 milliards de dollars en valorisation négative, par l’effet de conversion en dollars de la part des réserves détenue dans d’autres monnaies que la monnaie américaine.
Intervenant après l’adoption, mercredi, du plan d’action du gouvernement par le Conseil des ministres, le président de la République “a recommandé la poursuite de la rationalisation budgétaire, la promotion de financements internes non conventionnels et la préservation de la souveraineté économique du pays en évitant le recours à l’endettement extérieur et en contenant davantage le volume des importations, afin de sauvegarder les réserves de change”.