Le rééchelonnement des dettes des PME déstructurées, décidé lors de la tripartite économique de mai dernier, a été entamé par le traitement d’un premier groupe d’entreprises, a indiqué hier le ministre des Finances, Karim Djoudi. «Nous avons constaté entre août et septembre l’engagement des premières opérations de rééchelonnement des dettes des entreprises déstructurées, estimées, selon les premiers chiffres, à 200 milliards (mds) de DA, outre 80 mds de DA d’agios réservés», a-t-il précisé à la Radio nationale.
«Un premier lot d’entreprises a déjà été traité», a-t-il ajouté, sans préciser le nombre ou la nature des entreprises concernées. A l’issue de la tripartite de mai dernier, le gouvernement avait instruit les banques «de rééchelonner les créances des entreprises en difficulté avec un différé de trois années durant lesquelles le Trésor public prendra en charge les intérêts». Pour le ministre, l’essentiel est que «les choses se passent normalement». D’ailleurs, il n’y a même pas de texte d’application nécessaire pour mettre en œuvre cette mesure. Le gouvernement s’attend, en contrepartie de cette opération de sauvetage financier, à ce que les entreprises concernées «fassent plus d’effort en matière de création de richesses et d’emplois», a dit M. Djoudi. D’ailleurs, le poids actuel de la dépense publique, jugé exagéré par certains économistes, n’est autre que la conséquence de la défaillance de la participation des entreprises privées dans l’investissement et la création d’emplois, selon M. Djoudi. «L’Etat n’aurait pas pris le relais de la dépense si les entreprises avaient répondu aux besoins en matière de création d’emplois et de richesses», a fait savoir le ministre, arguant : «C’est que nous ne pouvions pas laisser l’économie en état de faible croissance, de chômage, de baisse de revenus et en situation précaire au plan social». Quant à l’allègement de la dette fiscale des PME, une centaine de mesures ont été prises dont trente sont proposées dans le cadre du projet de loi de finances pour 2012, a-t-il rappelé. Interrogé sur les raisons ayant poussé le gouvernement à «refuser» la baisse de l’IRG (impôt sur le revenu global), lors de la dernière tripartite, M. Djoudi a souligné que cet impôt, qui représente 20 à 25% de la fiscalité ordinaire, ne touchait pas, d’abord, l’ensemble des salariés, et ne constituait pas, ensuite, un facteur déterminant dans le niveau du pouvoir d’achat des citoyens. Après avoir rappelé que toutes les mesures prises au profit des entreprises étaient aussi «des mesures de consolidation sociale», M. Djoudi a souligné que la «réponse structurelle» aux besoins sociaux des travailleurs se trouvait plutôt et surtout dans la création d’emplois et la permanence de ceux existants.
C’est pour cette raison que l’Etat se penche sur le «développement des emplois et leur maintien, sur le soutien des prix qui touchent la consommation des couches moyennes et défavorisées et sur l’augmentation du SNMG», a t-il ajouté. La préservation du pouvoir d’achat n’est pas uniquement tributaire du SNMG, «mais d’abord d’un poste de travail permanent», a-t-il encore soutenu en expliquant que trois facteurs (prix, revenus et emplois), déterminaient ensemble ce pouvoir d’achat du citoyen.
Quant à l’impact que pourrait avoir la décision de la dernière tripartite, relative à une augmentation de 3 000 DA du SNMG, le portant de 15 000 DA à 18 000 DA, sur le taux d’inflation, le ministre a prédit que cette hausse «ne devrait pas avoir d’impact sur la demande ni sur l’inflation». En revanche, la révision des statuts indemnitaires et régimes particuliers durant l’année en cours, qui a coûté à l’Etat 2 600 mds de DA, a généré une légère augmentation de l’inflation mais a surtout influé sur l’importation de certains produits comme les véhicules.

Farid D.