Selon des syndicats de l’Education: Le constat de Benghabrit est un «aveu d’échec»

Selon des syndicats de l’Education: Le constat de Benghabrit est un «aveu d’échec»

M. Aziza

Selon des syndicats de l’Education: Le constat de Benghabrit est un «aveu d’échec»

La réforme du système éducatif en Algérie, mise en œuvre progressivement depuis 2003, n’a pas encore donné les résultats escomptés. A priori, cette nouvelle démarche pédagogique, entamée déjà par l’ancien ministre de l’Education nationale, Aboubakr Benbouzid, et qui se poursuit toujours, n’a pas permis aux élèves en difficulté d’améliorer leur rendement scolaire. Pis, elle est parfois à l’origine du blocage chez certains élèves au niveau du primaire, selon certains professionnels.
Devant ce constat insatisfaisant, la ministre à la tête actuellement du département de l’Education, Nouria Benghabrit, dit avoir «le courage» d’affirmer «que nos élèves éprouvent des difficultés dans l’apprentissage». Et de souligner que nos élèves n’arrivent pas à se hisser au niveau requis en ce qui concerne les mathématiques, notamment, reconnaissant que «nos élèves ont parfois du mal à comprendre ce qu’ils lisent». Les aveux de la ministre de l’Education sont interprétés par les syndicats du secteur comme une reconnaissance de «l’échec de la réforme». Pour Sadek Dziri, président du bureau national de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef), c’est beaucoup plus les outils d’accompagnement et la méthodologie de cette réforme qui sont remis en cause. Reconnaître, quatorze ans après ou plus de la mise en œuvre de la réforme, que l’approche scientifique n’a pas été sérieusement prise en charge dans le cadre de la réforme, c’est de l’aberration, dit-il.

Pourtant, affirme le syndicaliste, tous les acteurs du secteur de l’Education, y compris les parents d’élèves, avaient alerté, si on ose dire, sur «certaines dérives de ces nouvelles méthodologies d’apprentissage». Pour Sadek Dziri, cette réforme a été engagée dans la précipitation avec des manuels scolaires pleins d’erreurs, avec un pas en avant et deux pas en arrière, déstabilisant l’élève, l’enseignant et l’école en général. Sans parler autant de la formation qui laisse à désirer. «On parle souvent de la formation des enseignants, mais on n’évoque pas les conditions dans lesquelles on doit programmer ces formations», dit-il, en expliquant que «les formations des enseignants doivent se faire en dehors de la période du travail.

L’enseignant doit être dispensé de son travail pour profiter pleinement des séances de formation, et non pas les dispenser en période de saturation». Enfin, il rappelle que «cette reconnaissance d’échec ne date pas d’aujourd’hui, dans une réunion d’évaluation de la réforme tenue en 2014, toutes ses dérives méthodologiques ont été soulignées, la question qui se pose : qu’est-ce qu’on a fait depuis ?» Le coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, abonde dans le même sens, en affirmant que ces aveux «sont un constat d’échec». Et d’affirmer qu’on ne doit pas rester au stade du constat, notamment quand on sait qu’on a perdu beaucoup de temps dans ces réformes compromettant l’avenir de nos enfants.

Pour Meriane, il faut analyser en profondeur les raisons de ces échecs pour pouvoir y remédier. Et de préciser que cet échec est dû à plusieurs facteurs, entre autres, le manque de formation des enseignants, «le principal vecteur dans la réussite de n’importe quelle réforme dans l’école, car c’est lui l’émetteur», dit-il. Il y a aussi la surcharge des programmes, mais le vrai problème, c’est l’incapacité de certains enseignants à résumer les cours, ce qui est un véritable fiasco et, enfin, la surcharge des classes, soutient Meriane. Notre interlocuteur ouvre une parenthèse en affirmant que «si le Premier ministre a appelé, jeudi dernier, les walis à prendre leurs responsabilités et multiplier les efforts pour l’amélioration des conditions de scolarité des élèves en mettant un terme au problème de surcharge des classes, il faut savoir que certains walis estiment qu’avoir 40 élèves en classe, ce n’est pas une surcharge !» Et de résumer que pour asseoir une nouvelle stratégie ou une nouvelle réforme, «il faut d’abord se donner les moyens de sa politique».

L’inspecteur Chalabi Rabie a affirmé, pour sa part, que cette nouvelle méthodologie, qui repose sur l’approche de compétences, ne donne pas la chance aux plus compétents d’enseigner. «Le recrutement se fait n’importe comment et parfois par traitement de faveur, alors qu’un nombre important d’enseignants de l’ENS sont au chômage». Et de regretter que «l’école algérienne soit gérée politiquement et idéologiquement au détriment du savoir». Il a précisé qu’il a été radié du corps des inspecteurs parce qu’il a osé dénoncer les dérives de cette réforme engagée dans le désordre et la précipitation. Et de regretter le fait que son syndicat n’ait reçu aucune réponse de la part du ministère du Travail, pourtant le dossier d’agrément pour la création du syndicat des inspecteurs de l’éducation national (SIEN) a été déposé au mois d’avril dernier.

L’Association des oulémas musulmans algériens a, par la voix de ses experts, affirmé que le programme de la grammaire en langue arabe, notamment pour la deuxième année et quatrième année primaire dépasse les capacités intellectuelles d’un enfant.