Alger ne réagira pas, «elle ne fera pas de communiqué car elle n’est pas dans la logique de l’escalade», précisent les mêmes sources.
Calme et sérénité au ministère des Affaires étrangères après l’escalade marocaine voulant créer un incident diplomatique de toute pièce après un commentaire de Abdelkader Messahel aux propos des hommes d’affaires algériens qui participaient à l’université d’été du FCE. Des sources au ministère des Affaires étrangères avancent que cette affaire est un non-événement. «Il s’agit d’une tempête dans un verre d’eau.» Alger ne réagira pas, «elle ne fera pas de communiqué car elle n’est pas dans la logique de l’escalade», précisent les mêmes sources. Le Maroc a annoncé, hier avoir décidé du rappel pour consultation de son ambassadeur à Alger et convoqué le chargé d’affaires algérien à Rabat. Un rappel suivi d’un communiqué marocain d’une extrême violence verbale à l’égard de l’Algérie. «Cette réaction dénote de la panique et de la frilosité marocaine à chaque fois qu’il s’agit de l’Algérie», relèvent les mêmes sources soulignant que les propos du ministre des Affaires étrangères, ne sont qu’une infime partie de la vérité sur le dossier de la drogue et du blanchiment d’argent. «Messahel n’a en réalité que répété des évidences contenues dans le dernier rapport du département américain, des organismes onusiens chargés de la lutte contre la drogue et de l’Union européenne». Dans son dernier rapport sur le trafic de drogue et la criminalité financière dans le monde, le département d’Etat a estimé la production totale de cannabis au Maroc en 2015-2016 à 700 tonnes métriques, ce qui, potentiellement, équivaut à 23% du PIB marocain. Le même rapport s’inquiète de l’ampleur du blanchiment d’argent au Maroc, issu du trafic de cannabis et du transit de la cocaïne destinée à l’Europe. Le département d’Etat enfonce le clou quand il affirme que les banques offshore situées dans la zone franche de Tanger sont devenues un véritable trou noir de la finance marocaine. Que dire alors du rapport européen sur les drogues 2017, selon lequel la plus grande partie de la résine de cannabis est importée, principalement du Maroc. On voit bien que Messahel n’a rien inventé, pourtant on n’a pas entendu ni lu un écrit marocain demandant le rappel de son ambassadeur à Washington, ni convoqué le chargé d’affaires américain à Rabat. Pour autant, notre source soutient que «l’Algérie ne cherche pas l’escalade, bien au contraire elle est disponible au dialogue et l’apaisement au bénéfice des deux peuples frères».
En réalité, la fièvre marocaine a une explication. Le royaume vient de subir deux revers diplomatiques qu’il n’arrive pas à digérer. Le premier a été l’ultimatum donné, cette semaine, par l’UA à la Côte d’Ivoire d’inviter le Sahara occidental au sommet UA-UE qui doit se tenir les 29 et 30 novembre prochain à Abidjan. Le Maroc qui a déjà perdu une première bataille puisque contre sa volonté, le sommet UE – Afrique est devenu UE – UA. Le second revers de la diplomatie marocaine a eu lieu le 11 octobre dernier à New York. Invité à s’exprimer lors du débat à la quatrième commission de l’ONU chargée de la décolonisation, le représentant permanent du Maroc, Omar Hilale s’est déchaîné sans aucune retenue. Il a cité l’Algérie pas moins de 40 fois dans son discours et avec des termes orduriers. Quelle a été la réponse de l’Algérie? Aucune. «Si l’Algérie passait son temps à répondre aux attaques et aux insultes marocaines, on aurait une crise diplomatique chaque jour», concluent les sources au ministère des Affaires étrangères.
