Selon Ahmed Ouyahia ,Le marché de gré à gré a atteint 10 milliards de dollars

Selon Ahmed Ouyahia ,Le marché de gré à gré a atteint 10 milliards de dollars

Plus de mille milliards de dinars (environ une dizaine de milliards de dollars) de marchés de gré à gré ont été conclus durant les trois dernières années. Selon le Premier ministre et secrétaire général du RND, ces marchés ont été contractés entre des entreprises publiques et privées nationales.

Une manière pour Ahmed Ouyahia qui était l’hôte, lundi soir à l’hôtel El Aurassi, du Forum des chefs d’entreprises (FCE), de réfuter toute discrimination entre ces entreprises. Et d’autant que le RND, compétiteur aux élections législatives du 10 mai 2012, prône dans son programme électoral, une plus grande implication du secteur privé dans la réalisation de la commande publique, voire dans l’accès au capital public par le biais d’un «mécanisme boursier ou spécifique». Et dans la mesure où Ahmed Ouyahia prône la préférence nationale et le recours à la ressource publique, sans velléités aucune de retour au dirigisme étatiste, dira-t-il.

L’obligation d’association privé-public supprimée

Par ailleurs, la mesure obligeant les investisseurs privés nationaux à s’associer avec des opérateurs publics selon la règle du 49/51 a été supprimée, voilà une semaine. C’est ce que le Premier ministre a indiqué, répondant aux desiderata des patrons nationaux. Ces derniers avaient en effet, voilà quelques semaines et par la voix du président du FCE, Réda Hamiani, et du président de la Holding Cevital, Issad Rebrab, estimé que cette règle, au demeurant non écrite, leur imposait les mêmes contraintes que les investisseurs étrangers. Voire, cette mesure contrariait les projets d’investissement privé comme ceux initiés par Cevital et encore en suspens. Or, en annonçant cette suppression, Ahmed Ouyahia met indirectement en porteà- faux le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement. En effet, Mohamed Benmeradi a, à maintes reprises, démenti l’existence d’une telle règle non écrite ainsi que le blocage des projets privés au niveau du Conseil national de l’investissement (CNI), arguant que l’obligation du 49/51, imposée par la loi de finances complémentaire pour 2009, ne concernait que les opérateurs étrangers. En reconnaissant qu’il y a eu un «glissement» dans l’application de cette disposition au privé national durant plus d’une année, Ahmed Ouyahia réfute cependant l’abandon de la règle 49/51. Et d’autant que le RND, compétiteur aux élections législatives du 10 mai prochain, maintient selon son secrétaire général cette règle dans son programme électoral et propose de relever les montants des investissements locaux éligibles, à l’aval du CNI, à 2 milliards de dinars. Dans la mesure où, soucieux de partenariats «gagnants-gagnants» avec les investisseurs étrangers mais aussi hostile à tout dogmatisme, Ahmed Ouyahia entend protéger le marché algérien de toute propension mercantiliste et «négocier âprement l’accès à la commande publique» (nationale). Mais, à l’adresse du patron de Cevital, qu’il a qualifié de «fierté pour l’Algérie» et de «grand capitaine d’industrie d’industrie », Ahmed Ouyahia a, cependant, répondu de manière biaisée. Tout en démentant qu’un veto ait été opposé à ses projets, le Premier ministre et secrétaire général du RND a cependant désavoué ce grand capitaine, l’appelant à être «courageux, patient et à savoir naviguer ». Et ce, en estimant que le grand port projeté par Cevital était impossible, pour insuffisance de plans de charges privés. Mais aussi en relevant que les sites susceptibles d’accueillir les projets sidérurgiques ou pétrochimiques de Cevital étaient nombreux à travers le pays.

Les autres réponses élusives d’Ouyahia

Cette rhétorique, Ahmed Ouyahia l’avait également adoptée dans ses réponses aux chefs d’entreprises durant deux heures de débats. Qu’il s’agisse de la promotion de l’industrie pharmaceutique, l’hôte du FCE déplorant le faible nombre de fabricants locaux, ou du transport maritime, Ahmed Ouyahia appelant à développer une flotte de fret, sans formuler cependant des propositions concrètes. Ou qu’il s’agisse de la lutte contre l’informel, le Premier ministre reconnaissant l’incapacité de l’administration mais appelant les patrons privés à participer à un «front national», à un «djihad» contre ce phénomène. Et dans la mesure où ce fléau menace la pérennité de l’entrepreneuriat, dira le patron du RND. Ce dernier qui révèle que des gens étaient prêts à mettre «10 milliards et nahragha (je la brûle)» pour empêcher l’imposition du chèque et de la facturation dans les transactions commerciales. Voire, Ahmed Ouyahia s’étonne que d’aucun «se ramène avec un sac plein d’argent et achète 60 véhicules » lors du dernier salon de l’automobile. Mais aussi concernant la promotion d’une industrie automobile nationale, le SG du RND constatant certes la «coquetterie» d’un potentiel partenaire étranger (Renault) mais déplorant cependant le manque d’intérêt des investisseurs nationaux pour le marché du véhicule utilitaire ainsi que l’importation de «marques (automobiles) les plus bizarres dans le monde». Voire, le Premier ministre appelle les opérateurs économiques à dénoncer par voie médiatique les «lourdeurs» de l’administration qu’il reconnaît au demeurant, tout en constatant que cette dernière «commence à sentir l’enjeu de la décentralisation ».

Le Credoc n’a pas échoué

L’obligation de paiement des importations par crédit documentaire (Credoc) n’a pas échoué selon Ahmed Ouyahia. Le Premier ministre et secrétaire général du RND estime que cette mesure est certes «très évaluable» mais n’a pas cependant contraint l’expansion des importations de lait ou de céréales suffisantes, dira-t-il, pour couvrir les besoins de trois pays maghrébins

Ouyahia souscrit à 25 propositions du FCE

Dans le même contexte, le secrétaire général du RND et Premier ministre souscrit partiellement aux récentes propositions du Forum des chefs d’entreprises (FCE) relatives à l’amélioration du climat d’affaires en Algérie. «Nous partageons 25 de (vos) 50 propositions», dira Ahmed Ouyahia aux membres du FCE qui lui avaient offert l’occasion de divulguer le volet économique de son programme électoral pour les élections législatives du 10 mai prochain. Un programme sous-tendu par une logique de continuité avec l’action gouvernementale en cours et que le responsable du RND compte présenter officiellement dès la semaine prochaine. Mais aussi l’occasion pour Ahmed Ouyahia d’exprimer ses divergences avec cette association patronale, l’invitant clairement à rejoindre la Chambre nationale (Algérienne) de commerce et d’industrie.

Retour au week-end universel : Ouyahia craint un « choc sociétal »

Le retour au week-end universel (samedi-dimanche) ne suscite pas la faveur du secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND). Ainsi, Ahmed Ouyahia semble craindre un «choc sociétal», estimant qu’il implique davantage des «contraintes». Et d’autant que le SG du RND, également Premier ministre, considère tacitement que les craintes d’une perte financière sont démesurées. Et cela même si le week-end a été reconfiguré, voilà deux ans, ramené au vendredi-samedi.

Suppression du plafonnement des salaires

Par ailleurs, le RND propose la suppression du plafonnement des salaires des fonctionnaires et autres travailleurs et cadres désireux d’accéder aux crédits immobiliers. Selon Ahmed Ouyahia, il s’agit de supprimer ce plafonnement pour l’accès aux prêts bonifiés auprès du Trésor pour la construction ou l’achat de logements. Voire, de doubler le niveau actuel des crédits bonifiés pour l’acquisition de logements promotionnels.

C. B.