Sellal soutient que le processus de réconciliation n’est pas clos, Vers une amnistie générale ?

Sellal soutient que le processus de réconciliation n’est pas clos, Vers une amnistie générale ?

Sans grande surprise, le plan d’action du gouvernement a été adopté à la majorité des députés. Abdelmalek Sellal dont le passage à l’assemblée a été son premier test oral depuis la campagne électorale a donc réussi à convaincre les parlementaires, même si certains ont préféré s’abstenir, tandis que d’autres ont rejeté le plan d’action.

Mais au-delà de ses réponses aux questions soulevées par les parlementaires, un sujet, à côté de la révision de la Constitution, ne manquera pas d’alimenter la chronique politique dans les prochaines semaines : il s’agit de celui de la réconciliation nationale dont Sellal a assuré qu’il n’est pas «clos ». «Le processus de la réconciliation nationale est un acte civilisé et le dossier n’est pas clos », a déclaré, aux journalistes, Abdelmalek Sellal, à l’issue de l’adoption, jeudi, de son plan d’action.

Selon lui, la réconciliation nationale, proposée dans le projet de révision de la constitution pour qu’elle soit « constitutionnalisée » « ne se limite pas aux actions menées par l’Etat lors des années passées dont le règlement des problèmes des primes et de l’emploi ». «Ce volet renferme encore des lacunes que l’Etat œuvre à combler», a-t-il dit.

En avouant l’existence de « lacunes », Abdelmalek Sellal suggère en filigrane que d’autres mesures pourraient être prises à l’avenir pour tourner définitivement la « page de la tragédie ». Dès lors d’aucuns s’interrogent s’il s’agit d’aller à une amnistie générale.

Sellal ne l’a pas évoqué explicitement, mais les proches du président, comme Farouk Ksentini la réclame depuis longtemps. Même si l’on ignore, pour l’heure, les contours que pourrait prendre « le renforcement et l’approfondissement » de la réconciliation, comme décliné lors de la campagne électorale par Sellal, il reste que la perspective d’une amnistie générale n’est pas à écarter.

D’ailleurs, une des mesures va dans ce sens : c’est la levée de l’interdiction de sortie de territoire national au profit de certaines personnes » décidée par le président Bouteflika la semaine passée. «La situation des personnes concernées a été régularisée. Ces derniers rencontraient des problèmes lorsqu’ils voulaient par exemple voyager pour accomplir le rite du hadj, d’où l’importance de cette instruction présidentielle visant la levée de ces entraves bureaucratiques», a indiqué Sellal.

Mais cette mesure peut signifier aussi la levée des entraves et des contraintes pour les anciens responsables du parti dissous dont certains établis à l’étranger pour leur permettre de se rencontrer. Autre indice : l’invitation adressée à l’ancien responsable de l’AIS pour participer aux consultations autour de la révision de la Constitution.

A moins qu’il ne s’agisse d’une manœuvre des autorités pour contrebalancer l’initiative de la CNLTD, l’association au dialogue de cet ancien responsable, lequel a confirmé l’invitation, peut être interprétée comme une reconnaissance de fait à ce qu’il peut représenter comme mouvance. Et puis, il y a cette réouverture du dossier des disparus dont on décrétait il n’y a pas si longtemps qu’il est clos. «D’autres questions restent à traiter comme celle des disparus », avait observé Abdelmalek Sellal, avant d’ajouter que «tous ceux ayant déposé un dossier dans ce sens ont reçu une réponse qu’il s’agisse de renseignements ou de prise en charge financière ». «Cependant, il existe toujours des lacunes et le travail se poursuit », précise-t-il, toutefois.

Il reste que le recours à une amnistie générale suppose le dépôt des armes par tous les groupes armés et l’organisation d’un référendum, comme l’a expliqué récemment Farouk Ksentini, fervent défenseur de cette option, «unique solution pour tourner définitivement la page de la tragédie», selon lui. Est-elle possible dans l’immédiat ? Les prochains mois nous le diront certainement. En tous cas, le Premier ministre est formel : «Nous devons nous réconcilier et apprendre à coexister »

Sofiane Tiksilt