Des propos d’un Premier ministre qui cherche visiblement à asseoir un consensus national pour mettre en œuvre une feuille de route tracée par le président de la République.
“Nous n’avons pas d’ennemis au pays. Par contre, on en a quelques-uns de l’extérieur. La culture de la haine n’existe pas chez nous (…)” Cette déclaration a été faite, hier, par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à l’ouverture des travaux du Forum économique et social organisé par le Cnes. A priori, ce propos tenu par M. Sellal, en dehors de son discours écrit, s’adressait à l’assistance composée de différents opérateurs économiques et autres acteurs de la société civile, qu’il a appelés à plus de “pragmatisme” et à privilégier la “concertation sans exclusivité” pour mieux servir le pays.
L’allusion est claire : transcender les clivages à même de réussir la “feuille de route consensuelle”, soit le premier objectif assigné à ce Forum du Cinquantenaire qui s’apparente à des “états généraux” sur l’économie nationale. “Soyez pragmatiques ; œuvrez dans le sens de permettre la création de richesses et d’emplois, à mettre le pays au niveau qui lui sied”, a martelé le Premier ministre, vantant au passage le récent rapport des Nations unies classant l’Algérie dans le giron de pays à “développement humain élevé”.
Pour conforter cette position honorable, M. Sellal assurera sur l’existence d’une “grande volonté” chez (son) gouvernement et le président de la République pour accompagner tous les efforts allant dans le sens du développement économique et, par ricochet, humain. “Il y a une grande volonté d’apporter davantage de subventions nécessaires pour améliorer le climat des investissements productifs.
Mais, attention ! cela ne veut pas dire que nous allons retourner au libéralisme radical”, a-t-il mis en garde, réaffirmant au passage que l’État ne compte jamais lâcher sa politique sociale, comme il est d’ailleurs si bien justifié par le choix l’intitulé de la rencontre qu’organise le Cnes : “Forum économique et social”. C’est dire que notre économie restera toujours partiellement administrée.
“Ceux qui vous disent que le pétrole tarira ne doivent pas vous faire peur.”
Si le Premier ministre estime qu’“il était temps de développer l’économie nationale vers de nouvelles perspectives”, autrement dit, aller vers une économie diversifiée qui ne doit plus se reposer exclusivement sur les hydrocarbures, il n’appréhende pas pour autant la fin — annoncée par certaines parties — du pétrole. Pour lui, dire que les réserves nationales en pétrole et en gaz tarissent n’est que “pur mensonge”.
“Ceux-là qui vous disent que les réserves du pétrole sont en déclin et finiront dans un futur proche ne doivent plus vous faire peur. Sachez que l’Algérie dispose de la 3e réserve mondiale en matière de gaz de schiste. Donc, des hydrocarbures pour les générations futures, il y en aura certainement”, a-t-il assuré, content que cette richesse permette au pays de poursuivre son développement. Après avoir fait une rétrospective pour justifier, chiffres à l’appui, les progrès réalisés depuis l’Indépendance à ce jour, malgré un lourd héritage “de pauvreté et d’ignorance” dû au colonialisme, le Premier ministre est revenu encore une fois à la charge pour assurer davantage les acteurs économiques de l’engagement de l’État à les accompagner dans toutes leurs démarches pour réaliser davantage de projets, voire faire des bénéfices, mais “pas au détriment des citoyens”.
M. Sellal laissera entendre qu’aucun dépassement ne sera toléré. “Les investisseurs sont en droit de réaliser des bénéfices, mais attention, ne croyez pas que vous êtes libres de le faire au détriment des citoyens et du peuple algériens dont les droits sont préservés par l’État !” a-t-il averti. Pour encourager l’investissement, le gouvernement Sellal ira-t-il jusqu’à remettre en cause la sainte règle des 51-49% ? “Non ! pas pour l’instant”, a réitéré encore hier le Premier ministre, même s’il ne ferme pas définitivement la porte devant ceux qui en font encore leur revendication.
“Si cette règle pose problème réellement dans certains secteurs, notamment pour les petites entreprises, nous sommes prêts à étudier sa révision à l’avenir. Mais, pas pour l’instant”, a-t-il renchéri, estimant que cette règle n’embarrasse guère les partenaires économiques de l’Algérie.
F A