Dans une circulaire adressée aux présidents directoires des SGP (Société de gestion des participations) et aux P-DG des EPE (Entreprises publiques économiques) portant le n°93/PM datée du 4 avril 2013, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, somme ces derniers à ne plus recruter des cadres retraités pour assurer la gestion des entreprises.
Le Premier ministre, qui qualifie ce type de recrutement de “dépassements”, ou encore de “de recrutement de complaisance” dresse un constat accablant sur cette situation en affirmant que “des Sociétés de gestion de participation et des entreprises publiques économiques recourent au recrutement des cadres retraités ayant parfois bénéficié d’indemnités de départ à la retraite versées par leur dernier employeur”, lit-on dans la circulaire dont Liberté détient une copie.
Le document ajoute que “certains de ces recrutements ne répondent pas à des besoins avérés comme cela a été constaté et vérifié. Les responsables de ces dépassements ont été sommés de mettre un terme et d’en rendre compte”, ajoute encore le document. M. Sellal, qui s’exprime également en sa qualité de président du Conseil des participations, exige à ce qu’on mette fin promptement à ce genre de recrutement. “En ma qualité de président du CPE, je vous ordonne de mettre fin immédiatement à tout recrutement assimilable à un recrutement de complaisance”, précise-t-il.
Le Premier ministre émet des conditions pour des recrutements de cadres retraités jugés indispensables. “Tout recrutement d’un retraité considéré comme nécessaire devra obtenir l’accord préalable du ministre, de supervision sur la base d’un rapport circonstancié”, lit-on encore dans la circulaire, qui ajoute que “ces recrutements feront l’objet périodiquement d’un recensement mis à jour au niveau du secrétariat technique du Conseil de participations de l’État”. La note de Sellal intervient à un moment où ce type de recrutement commence à prendre de l’ampleur au niveau de beaucoup d’entreprises alors que des centaines de jeunes cadres diplômés marginalisés sont en chômage. Si certaines entreprises à l’image de la SNVI avaient déjà donné l’exemple en remerciant l’année dernière cinq directeurs retraités suite à des pressions syndicales, la plupart des autres entreprises publiques continuent à recourir à des retraités pour assurer des missions parfois insignifiantes.
C’est le cas de cette EPE affiliée au SGP Translob domiciliée à Réghaïa qui a innové dans ce domaine en recrutant un P-DG retraité ayant déjà perçu une indemnité de près de 250 millions de centimes avec un salaire de 15 millions et qui à la fin de sa mission demande d’être indemnisé une deuxième fois. Un autre exemple, il s’agit d’une entreprise publique parapétrolière sise à Réghaïa dont le P-DG n’a pas trouvé mieux que de recruter trois “directeurs assistants” retraités qui avaient déjà perçu une indemnité de départ en retraite avoisinant les 450 millions de centimes chacun en sus de leur salaire de retraite de 20 millions par mois et qui sont affectés aux mêmes tâches avec un double salaire de cadre dirigeant. La même entreprise qui a une base à Hassi-Messaoud a eu recours à de nombreux retraités notamment des conducteurs de travaux pour diriger ses chantiers qui peuvent être pilotés par n’importe quel jeune cadre issu ou en dehors de l’entreprise.
Au niveau de la zone industrielle de Rouiba, plus de 20 directeurs retraités continuent à assurer des “hautes” fonctions alors qu’il avait touché leurs indemnités de retraite, affirme une source syndicale. Au niveau des directoires des SGP eux-mêmes, c’est le même stratagème utilisé. Des recrutements complaisants justes pour rendre service à un ami ou un ancien collègue. Certains SGP elles-mêmes dirigées par des retraités dont certains ont montré leurs limites au regard de la situation économique des entreprises dont ils ont la charge. En plus de l’indemnité de retraite, du double salaire, ces retraités qui sont généralement membres dans plusieurs conseils d’administration perçoivent aussi des primes liées aux jetons de présence. Une simple réunion dans un seul conseil est rémunérée à 7 000 DA.
Si le retraité est membre de quatre conseils d’administration (et c’est souvent le cas), cela va lui procurer presque un troisième salaire. Si la circulaire de Sellal se limite uniquement aux cadres, le phénomène touche également les autres fonctions. Du réceptionniste, du gardien en passant par l’agent de bureau, certains responsables préfèrent recourir à des retraités issus de leurs affinités.
Du coup, ce sont des milliers de postes d’emploi qui sont perdus. Certes, il y a des cadres retraités qui sont indispensables pour la gestion de nos entreprises, mais il existe aussi des jeunes cadres dont certains sont formés dans de grandes universités dont le pays a besoin et qui sont toujours au chômage.
M. T