De notre envoyé spécial à Saïda, Kamel Amarni
Abdelmalek Sellal a effectué, hier dimanche, une visite de travail dans la wilaya de Saïda, la deuxième du genre depuis sa nomination à la tête du gouvernement, le 3 septembre dernier, après celle, en novembre dernier, dans la wilaya de Ouargla. Et comme c’était le cas de la première visite, le Premier ministre réservera exclusivement son programme aux secteurs socio-économiques.
Cela, comme l’atteste la délégation ministérielle qui l’y accompagnait, composée des ministres de l’Intérieur, de l’Habitat, de la Santé, des Travaux publics, des Ressources en eau, de la Jeunesse et des Sports, ainsi que de l’Agriculture. Le chef de l’exécutif voulait manifestement une visite ponctuée d’annonces. Ainsi par exemple, son passage aura été fatal aux responsables du secteur de la santé dans la wilaya de Saïda dont, respectivement, le directeur de la santé publique, le directeur de l’hôpital Ahmed-Medeghri, ainsi que l’économe du même hôpital qui ont été limogés le jour même de la visite officielle. Une décision confirmée la matinée de dimanche par le ministre de la Santé Abdelaziz Ziari «pour mauvaise gestion». Sellal ne cachera d’ailleurs pas son mécontentement lors de sa virée. «Les moyens existent et nous allons vous aider. Exprimez-nous vos besoins et dites-nous où se situent les problèmes et nous les réglerons. S’agit-il de problème de logement ? Eh bien, nous mettrons à votre disposition le nombre de logements qu’il faut. Mais je vous préviens ! Il faut que ça bouge ! Rien ne fonctionne normalement dans cet hôpital. Ni le scanner, ni le reste ! C’est un véritable mouroir, ici. Il faut faire un effort et s’occuper un peu des malades. Je vous préviens : si ça ne change pas dans six mois, il y aura des sanctions.» Sellal n’ignore pas qu’il sera très attendu sur cette question précise de l’amélioration du service public, d’où cette fermeté dans le ton. Il annoncera également un énorme chantier consistant en le réaménagement d’oued Saïda, qui traverse la ville. Le Premier ministre annonce pas moins de 5 milliards de dinars comme enveloppe spéciale pour financer ce projet d’une durée de 36 mois et qui permettra de sécuriser la ville des risques d’inondations comme ceux qui ont frappé Ghardia en 2008. Au chef-lieu de wilaya également, Sellal s’est rendu sur les lieux abritant jadis un marché de commerce informel et qui seront transformés en un ouvrage d’art consistant en une trémie ainsi qu’un parking. Ceci entre autres opérations concernant la ville de Saïda dont les travaux de réhabilitation des voiries bénéficieront d’une enveloppe de 800 000 000 de dinars.
Quand Sellal décide sur-le-champ !
Si toutes ces décisions étaient bien entendu préparées à Alger avant la visite officielle de ce dimanche, Sellal en prendra toutefois une autre sur-le-champ ! C’était dans la commune d’Aïn Skhouna, où il était allé s’enquérir d’un projet de réhabilitation du périmètre Dhayat Z’rouguet, un immense projet qui permettra la création de 3 000 emplois. Remarquant, au loin, un groupe de jeunes visiblement contestataires, le Premier ministre chargera ses collaborateurs d’aller faire venir deux représentants et de se raviser pour se déplacer lui-même vers eux. Il engage de suite un dialogue avec eux, invitant au passage le P/APC de lui épargner un discours «à la FLN ». «Allez-y, dites-moi vos doléances, mais ne parlez pas tous en même temps sinon je quitte les lieux !» Et les doléances fusent : logement, travail, etc. «D’accord, s’engagera Sellal. Nous allons dégager une centaine de logements pour les habitants de cette commune. Quant à l’emploi, je charge le ministre de l’Agriculture, ici présent, à régler ce problème en permettant aux habitants de la commune d’être prioritaires pour les postes de travail qu’offre ce projet». Jamais un chef de l’exécutif n’a eu une marge de manœuvre aussi importante sous Bouteflika…
K. A.