Sellal le présentera en avril Nouveau modèle économique : ce qui devrait changer

Sellal le présentera en avril Nouveau modèle économique : ce qui devrait changer

À travers ce nouveau modèle économique, l’État doit revoir en profondeur toutes les politiques sectorielles. La création d’une “institution cerveau” qui inclut les meilleurs scientifiques dans tous les domaines est également recommandée.

À quelque chose malheur est bon. La chute drastique et impromptue des prix du pétrole a révélé au grand jour la voie inappropriée empruntée par l’État pour la mise en œuvre de sa politique économique. Mesure conjoncturelle et sournoise pour calmer un front social facilement “éruptif” ou choix indubitable, imposé par cette nouvelle donne sur le marché pétrolier international, le gouvernement décide de changer de modèle économique.

À partir d’un constat déjà établi par l’ensemble des économistes nationaux et étrangers très au fait des modes de gouvernance de par le monde, le groupe de travail chargé de confectionner cette feuille de route économique est en train de finaliser la première ébauche.

Ce nouveau programme économique, qui s’étalera sur les trois années à venir, contiendra les principales recommandations à même d’extirper le pays du gouffre de la crise qui commence d’ores et déjà à pointer son nez. Le document sera présenté au mois d’avril prochain, mais l’on imagine déjà les contours de cette architecture économique que dessineront les experts auxquels l’Exécutif a confié cette mission.

LG Algérie

L’opportunité est offerte, en fait, au pays pour élaborer un nouveau plan d’émergence. Outre les actions urgentes à accomplir pour faire face à la crise, les pouvoirs publics doivent songer à une planification pour le long terme. L’Algérie doit ainsi se doter d’une stratégie qui consacre une grande ambition, celle d’un pays émergent en 2025 et développé en 2050. Pour cela, le pays doit mettre en place tous les mécanismes et les moyens nécessaires pour s’ériger en économie émergente. Il s’agit de lancer un processus de mobilisation du génie de tous les Algériens, de créer un schéma d’intelligence économique…

L’économiste Abdelhak Lamiri suggère d’orienter les ressources vers l’économie productive. Il faut, selon lui, arriver au moins à 1 200 000 PME en 2020 et 2 500 000 en 2025. “L’acte d’investir devient plus motivant que l’acte d’importer. 80% des crédits bancaires seront alloués au développement et à la création d’entreprises productives”, propose-t-il. L’économiste estime qu’il est indispensable de créer un fonds de restructuration des entreprises pour accompagner les privatisations et les faillites des sociétés peu performantes.

Il tient à préciser qu’aucun travailleur ne doit être laissé sans ressources durant ces opérations. À travers ce nouveau modèle économique, l’État doit revoir en profondeur toutes les politiques sectorielles. La création d’une “institution cerveau” qui inclut les meilleurs scientifiques dans tous les domaines est également recommandée. Ils dialoguent avec l’ensemble des parties prenantes pour concevoir une stratégie globale, ouverte et cohérente.

Cette instance aura à organiser les concertations, à finaliser les propositions et à les présenter aux plus hautes autorités pour validation. Les ministères et les instances existantes deviennent, de ce fait, des entités responsables de l’exécution après avoir participé à leur élaboration. M. Lamiri, à l’instar de nombreux spécialistes, évoque la nécessité d’une réindustrialisation du pays par un bouquet d’industries du futur, telles que l’économie de la connaissance, les TIC, le mix énergétique…Toutes les politiques sectorielles doivent être, par ailleurs, évaluées et modernisées.

Pour l’agriculture, il est recommandé de faciliter le développement de l’offre mais subventionner uniquement l’output pour les produits stratégiques et garantir un prix minimal. Concernant le secteur de l’habitat, l’on suggère de revoir la typologie du logement social pour multiplier son offre et décourager la demande de complaisance (bas de gamme social).

Les systèmes d’information doivent être, eux aussi, modernisés par la généralisation des TIC, le e-government, les statistiques nationales, les bases de données… “Un investissement d’un milliard de dollars dans ce domaine permettra d’économiser plus de 11 milliards de dollars par an”, relève-t-il. En outre, le gouvernement doit se préparer à une très forte décentralisation qui dotera les wilayas et les communes de plans de développement spécifiques. Le pays est à la croisée des chemins.

L’État doit changer en urgence son fusil d’épaule, sinon il risque de basculer vers la déchéance au lieu de l’émergence…