Les réserves de changes devraient baisser vers le mois de juillet jusqu’aux alentours de 96 milliards de dollars avant de remonter à leur niveau actuel à la fin de l’année.
Hier, Annaba la Coquette accueillait la 20 ème tripartite. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a profité de cette traditionnelle réunion, qui regroupe dans le même endroit gouvernement, patronat et syndicat, pour faire le bilan des trois ans de crise économique que vient de traverser le pays. «On a résisté», s’est-il réjoui en affirmant que l’Algérie n’a jamais subi, mais a toujours agi. Le chef de l’Exécutif argumente son optimisme par les indicateurs macroéconomiques qui, selon ses dires, sont «maîtrisés».
«Le gouvernement est parvenu à stabiliser le cadre macroéconomique sans pratiquer une politique d’austérité et privilégier la recherche constante de la croissance et la création de richesse», a-t-il soutenu, avant de donner des indicateurs chiffrés. «En rationalisant l’exécution de la dépense publique et en ciblant les niches de gaspillage, nous avons pu obtenir une stabilisation du budget de fonctionnement ainsi qu’une réduction notable de celui d’équipement», a-t-il souligné. «Les réserves de changes se stabilisent à plus de 112 milliards de dollars.
Elles devraient baisser vers le mois de juillet jusqu’aux alentours de 96 milliards de dollars avant de remonter à leur niveau actuel à la fin de l’année», a-t-il révélé. «Le niveau de liquidité dans les banques a atteint en janvier 2017, 1037 milliards de dinars», a poursuivi un Sellal en grande forme.

Il s’est également félicité de la réduction des volumes d’importation qui sont passés de 66 milliards de dollars en 2014 à 35 milliards en 2016. «Nous visons cette année une réduction supplémentaire de 5 autres milliards de dollars», assure-t-il en se réjouissant que cette situation ait été obtenue sans créer de pénurie ou de problème d’approvisionnement de l’appareil national de production. Pour Abdelmalek Sellal, cette «résistance» se poursuivra en 2017 pour se transformer en victoire… «Le budget 2017 vise la réalisation d’un taux de croissance de 3,9% avec une progression des segments hors hydrocarbures de 3,7%, la stabilisation de l’inflation au niveau de 4% contre 6,4% actuellement et la clôture de l’exercice avec des réserves de changes de 100 milliards de dollars», a-t-il dévoilé.
Il assure que cela sera accompagné par un train de mesures financières et fiscales allant dans le sens de la simplification et de la transparence tout en continuant à développer les crédits à l’économie qui passeront de 9100 milliards de dinars à 11.400 milliards de dinars, soit une progression de 25%.
«Entrepreneurs, diversifiez vos activités»
Le chef de l’Exécutif a dans ce sens réitéré l’engagement de l’Etat à aider les entrepreneurs dans leurs investissements, notamment en ce qui concerne l’élimination de freins bureaucratiques. Néanmoins, il appelle ces derniers à diversifier leurs investissements en «assiégeant» de nouveaux domaines que ceux qui sont déjà saturés. «Le dynamisme et l’enthousiasme de nos entrepreneurs ne doivent pas mener vers la duplication et la saturation que nous enregistrons dans certaines filières comme la minoterie ou les cimenteries, alors que des segments entiers de production et services demeurent vierges et nous contraignent à la prestation extérieure», a-t-il averti, avant de donner quelques niches aux investisseurs.
Il cite entre autres l’agriculture et l’agroalimentaire, le renouvelable, le fret, l’ingénierie et les études, les Toic, le tourisme domestique… Sellal rassure également la population sur l’engagement du Président Bouteflika a poursuivre la politique de transferts sociaux avec une enveloppe de plus de 1630 milliards de DA qui leur sont réservés dans le budget de l’Etat.
«On est ouvert au dialogue»
Aux syndicats tous genres confondus, il garantit la disponibilité du gouvernement au dialogue. «Je renouvelle la disponibilité du gouvernement à la concertation et au dialogue sans exclusive et sur toutes les questions d’intérêt national, mais dans le cadre du strict respect des lois et règlements», précise-t-il. Enfin, Abdelmalek Sellal a lancé un avertissement à ceux qui seront tentés par l’ «aventure» de la corruption.
C’est en effet avec ce sujet sensible qui gangrène la société qu’il a tenu à conclure son discours à l’ouverture de cet important rendez-vous. «La lutte contre la corruption a vu ces trois dernières années, le traitement de 5498 affaires par les tribunaux couvrant la corruption «3058», l’évasion fiscale «144», l’infraction douanière et les mouvements illicites de capitaux (2299)», a-t-il mis en avant. «C’est un combat sans relâche que mènent au quotidien et avec détermination les institutions concernées car, en plus d’être une pratique illégale et immorale, la corruption sape le moral des citoyens et érode la confiance au sein de la société», a-t-il conclu avec ce qui sonne comme un message.