Elle aurait été membre de l’Union européenne, l’Algérie avec la nomination de Sellal comme Premier ministre serait normal, dans l’air du temps…
S’il n’est pas Banquier comme Mario Monti l’Italien ou soucieux, exclusivement, du remboursement de la dette ou des services de la dette comme Samaras le Grec, l’Algérien, Sellal présente, toutefois, un bon profil par les temps qui courent. Issu de la haute Fonction publique, Sellal a occupé plusieurs postes stratégiques et a gravi les échelons un à un. Consensuel, les secteurs qu’il a eu à gérer, tant au niveau local (wilaya) ou national (ministères), n’ont pas connu d’affaires sordides. Sellal n’a pas défrayé la chronique. En cela, il constitue un gage de sérieux, de stabilité et de bonne gouvernance. L’Union européenne, aime bien traiter avec ce genre de responsables sur sa rive sud. A la tête d’un département ministériel important, l’eau, l’hydraulique, Sellal s’en est plutôt bien sorti. Pas de scandales, pas d’affaires de contrats de «corruption», pas de passe-droits révélés dans la presse. C’était plutôt «nachfa» chez Sellal. Ce qui est un comble pour un gestionnaire de l’eau. Pour autant, les coulisses de Bruxelles bruissent de bruits, de ballons d’essai et des sondes qui indiquent, tout de même, que l’avènement de Sellal n’est pas un non-événement. Il l’est d’autant moins que les sphères décisionnelles en Algérie semblent avoir donné une réelle feuille de route à Abdelmalek Sellal. Le premier et même le second cercles présidentiels exfiltrés du gouvernement (Zerhouni, Temmar, Barkat, Ould-Abbès), par de chefs de grands partis (Ouyahia, Belkhadem) dans l’Exécutif, pas même de grandes gueules (y en a-t-il eu sous Bouteflika), l’équipe Sellal paraît avoir été choisie pour préparer l’après-Bouteflika. C’est 2014 et le jour d’après qui compte, selon les gorges profondes bruxelloises, avec l’intronisation de Sellal. Bouteflika a, de toute évidence, négocié son départ et l’Exécutif Sellal apparaît comme un arrangement. Si le tournant est bien négocié, ça serait un bon arrangement. Sellal et son équipe peuvent débloquer une situation amorphe depuis les élections législatives. En ces temps de disette, ici comme ailleurs, mieux vaut opérer des réformes comme des grands, en commençant par le commencement, plutôt que de subir, de l’extérieur et violemment, les vents du changement qui ne sont pas toujours bons (Egypte, Tunisie, Libye, Syrie). Sellal pourra-t-il faire éviter à l’Algérie le triste «printemps arabe» en permettant un après-Bouteflika intéressant ? Peut-être bien que oui. Sellal au Palais du gouvernement, Ghoul est contenu comme lièvre ou comme sérieux prétendant à la magistrature suprême ou comme Premier ministre. En restant dans l’Exécutif, au contraire de Ouyahia ou de Belkhadem, le ministre des Travaux publics semble avoir renoncé à ses ambitions démesurées. L’autoroute Est-Ouest lui suffit, présentement.
A. M.