Sellal est-il un possible candidat à la présidentielle dans le cadre d’un plan “B” du pouvoir ?

Sellal est-il un possible candidat à la présidentielle dans le cadre d’un plan “B” du pouvoir ?

Abdelmalek Sellal a un agenda hyper chargé : visite sur le terrain dans les wilayas, rendez-vous protocolaires, rencontres officielles. Il est partout et presque au même moment, comme s’il avait un don d’ubiquité.

A travers cette présence intensive, il y a un message : montrer que les institutions du pays fonctionnent et que l’absence du président, Bouteflika pour des raisons de santé, n’affecte en rien le jeu politique et institutionnel du pays.



Mais comme pour souligner sa loyauté au chef de l’Etat, Abdelmalek Sellal prend, à chacune de ses interventions, le soin de dire qu’il ne fait qu’ « appliquer les instructions du président Bouteflika ».

Mais par ailleurs, force est de constater que depuis qu’il a accédé au poste de premier ministre, Sellal n’était plus déjà le même. Certes, il a gardé son style de communication directe émaillé souvent d’anecdotes et de boutades, mais il a pris une autre dimension. Et avec l’absence du président Bouteflika, qui fait qu’il est projeté au devant de la scène malgré lui. Sellal s’est donné aussi de la hauteur. Nouvelle responsabilité qui exige. Mais au-delà du nouveau style, il y a également le discours. A travers, le choix de certaines thématiques lors de ses dernières interventions, il se place résolument sur un registre présidentiel.

Aujourd’hui, en présidant à l’ouverture des travaux du forum du cinquantenaire initié par le CNES, Abdelmalek Sellal a invité son auditoire à combattre la culture de la haine, un phénomène qu’il a qualifié de “frein” au développement du pays. “Nous devons combattre la culture de la haine, car c’est l’un des freins au développement du pays”, a-t-il préconisé. “Cette culture (de la haine) n’existe pas au niveau du gouvernement et ne doit pas exister en Algérie”, a-t-il insisté. En parlant ainsi de haine, un sujet qui n’est pas dans les canons de la rhétorique classique du pouvoir, Sellal travaille t-il à la recherche d’un consensus national ?

Et quand il affirme « de manière solennelle, la disponibilité de l’ensemble du gouvernement et des cadres de ce pays à œuvrer, en concertation”, pour l’intérêt du pays », n’est-il pas entrain de dire simplement que la quasi-totalité des membres du gouvernement et des cadres du pays sont de la substance saine, en dépit des scandales et autre affaires de corruption qui éclaboussent quelques uns. Abdelmalek Sellal ne s’interdit pas d’intervenir aussi dans le champ économique. Notamment sur la question des hydrocarbures et la nécessité pour l’Algérie de sortir du piège du pétrole.

Il est revenu plusieurs fois à la charge sur le sujet pour à la fois dire qu’il est temps de passer à autre chose, mais pour rassurer dans le même temps qu’à l’inverse de ce que prédisent les cassandres, les réserves énergétiques du pays ne sont pas au rouge. “Les richesses en hydrocarbures constituent 93% des exportations du pays (…) il est temps de prendre en main la situation avec davantage de sérieux et de développer l’économie nationale pour la booster vers de nouvelles perspectives.

Et pour cela, il tend une perche aux opérateurs algériens. “Ce sont les entrepreneurs algériens qui sont concernés, en premier lieu, qu’ils soient du secteur public ou privé», a-t-il dit à ce propos. “Nous œuvrons dans le sens d’améliorer l’environnement de l’investissement productif en Algérie”, a expliqué le Premier ministre, réaffirmant que le gouvernement travaille “de manière irréversible, conformément aux orientations du Président de la République”.

Et pour ne pas trop semer de troubles dans l’opinion algérienne, surtout en cette conjoncture politique interne et régionale, Sellal épouse des accents du chef qui rassure sur l’avenir du pays et surtout la pérennité de ses ressources. Ce qui l’a amené a qualifier de « mensonges »les propos de politiques et d’experts alertant contre un épuisement à terme des ressources énergétiques du pays.”Les réserves et les capacités de l’Algérie pour les futures générations sont disponibles’, a-t-il assuré, se basant sur le dernier rapport mondial établi par des experts mondiaux et faisant ressortir que l’Algérie dispose de la 3e réserve mondiale en matière de gaz de schiste, a-t-il dit. “Cette richesse nous permet de poursuivre le développement de l’économie algérienne”, a-t-il encore soutenu.

A travers ce nouveau discours, cette nouvelle posture, Sellal n’est-il pas déjà entrain de se mettre dans la peau d’un futur candidat à la présidentielle, dans le cas où le président Bouteflika ne pourrait pas briguer un quatrième mandat ? En tout cas son nom revient désormais dans les différents castings par les spécialistes. Mais dans son entourage on s’en défend : « Sellal n’a qu’une seule ambition : mener à bien la mission qui lui a été confiée par le président de la république et rentrer chez lui ».