Sellal déçu par le volume des exportations hors hydrocarbures, « inacceptable! »

Sellal déçu par le volume des exportations hors hydrocarbures, « inacceptable! »
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«Il est temps d’aller vers une économie émergente. Nous avons les moyens humains et matériels de la faire», a déclaré Abdelmalek Sellal, hier, à l’ouverture de la Conférence nationale sur le commerce extérieur qui s’est tenue au Palais des nations à l’initiative du ministère du Commerce. D’emblée, le Premier ministre a observé, devant un panel composé de ministres, d’ambassadeurs, de walis, de chefs d’entreprises, d’universitaires et de journalistes, que «l’Algérie jouit d’une stabilité macro-économique indéniable» et ce, insista-t-il, «malgré la baisse du prix du pétrole».

Cet état de fait est, selon lui, de nature à permettre «l’émergence d’une vraie économie productive en Algérie». Abordant la question de l’ouverture économique qui, depuis un certains temps, fait tressaillir certains milieux gauchisants, à l’image du Parti des travailleurs et de l’Ugta, Abdelmalek Sellal a déclaré que «l’ouverture est irrévocable», affirmant, au passage, qu’il n’est pas «contre le fait que des entreprises étrangères gagnent de l’argent en Algérie pourvu que les acquis sociaux des Algériens soient préservés».

S’agissant de la situation du commerce extérieur algérien, Abdelmalek Sellal a mis le point sur les déséquilibres qui le caractérisent et a décrété «inacceptable» que les exportations algériennes hors hydrocarbures soient aussi minimes, c’est-à-dire à peine 2% du volume global des exportations. «Nos exportations couvrent à peine 25% de notre facture alimentaire, ce qui est inacceptable», a-t-il fait savoir. Et d’ajouter: «L’important pour nous, dans un premier temps, est de maitriser les importations car, aujourd’hui, elles se font d’une façon totalement anarchique; la fraude, notamment à travers la surfacturation et la contrebande sont un fait chez nous.»

S’appuyant sur ce constat fort préjudiciable pour la balance commerciale algérienne, le Premier ministre a plaidé pour «la création de vrais professionnels de l’importation».

LG Algérie

«Nous allons convoquer la force de la loi pour sévir avec vigueur et rigueur contre la fraude,» a-t-il déclaré. Il a également annoncé dans ce sens la mise en place d’une loi de finances complémentaire dans quelque temps «dans l’objectif de mettre fin aux importations anarchiques».

Poussant le bouchon plus loin, M.Sellal a carrément annoncé le retour, prochainement, «à la licence d’importation.» «Sans vouloir revenir au monopole», précise-t-il en guise d’argument préventif.

Par ailleurs, le Premier ministre, fort d’une adhésion inconditionnelle de plusieurs membres du gouvernement à sa politique, notamment Benyounès, Djellab, Ferroukhi, Nouri et Laksaci, a fait savoir que le rééquilibrage de l’économie nationale passe aussi, dans un deuxième temps, par la mise en place d’une économie productive et performante. «Il est important de rationaliser et de maitriser les importations mais aussi de renforcer nos exportations», a-t-il déclaré. Pour ce faire, Sellal préconise de relancer concrètement l’économie nationale.

Et en guise de levain de cette politique de relance économique, le Premier ministre a annoncé une mesure schumpetérienne.

En effet, il est envisagé un retour, dans les quelque temps qui viennent, au crédit à la consommation pour les produits nationaux dans l’objectif d’aider les entreprises nationales qui, dit-il, «sont au coeur de la stratégie de développement entreprise par le gouvernement». Il s’agit aussi, pour Sellal, «de mettre fin aux entraves bureaucratiques qui empêchent les entreprise nationales de s’émanciper, de mettre fin à la discrimination public-privé et de créer des importateurs et exportateurs professionnels».

Le ministre des Finances, Mohamed Djallab, a, lui, dans son allocution, appelé «à l’amélioration de notre offre exportable» qui, après tout, constitue le fer de lance de ce qui peut être notre politique d’exportation. Il a, par ailleurs, annoncé des mesures en faveur des exportateurs qui vont, selon lui, bénéficier d’un accompagnement massif de la part de l’Etat et seront aidés, notamment à travers des facilités fiscales. «Nous allons adapter notre système fiscal aux exigence du terrain en tenant compte des problèmes rencontrés par les exportateurs», a-t-il déclaré entre autres. Il est envisagé, par exemple, la mise en place d’un système de dédouanement à distance, a-t-il illustré.

Un représentant du patronat, Abdelwahab Ziani, a, de son côté, brièvement évoqué les difficultés que rencontrent les exportateurs au niveau des ports et a recommandé, à cet effet, la mise en place d’un «guichet réservé exclusivement aux exportateurs.»

Le patron de l’Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd, fera, quant à lui, s’appuyant sur les chiffres livrés par les ministres qui l’avaient précédé sur la tribune, que l’Algérie n’a pas le droit d’être dans la posture où elle se trouve actuellement.

«Trouvez-vous normal que l’Algérie importe des artichauts pour 200.000 dollars par an? Trouvez-vous normal qu’on importe des aliments pour animaux domestiques? s’est-il interrogé en relevant qu’on ne «peut pas porter un costume Hugo Boss et parler de la promotion de la production nationale».

«Il faut stopper les importateurs étrangers installés en Algérie», a-t-il préconisé notamment.