Le Premier ministre
Si le scénario syrien se répète en Libye, cela sera une catastrophe pour l’Algérie, mais également pour l’Italie et toute l’Europe occidentale.
Le Premier ministre, depuis hier à Rome, pour coprésider avec son homologue italien la 3e réunion de haut niveau algéro-italienne n’a pas tari d’éloges sur ce pays qui a été l’un des rares, sinon la seule nation d’Europe occidentale à soutenir l’Algérie durant la décennie noire.
Abordant les relations internationales, M.Sellal a évoqué la situation en Libye où le temps est compté pour ce pays quant au rétablissement de la paix et de la stabilité car, a-t-il expliqué, le mois d’octobre prochain coïncidera avec la fin du mandat des actuelles instances dirigeantes. Il a ainsi appelé la communauté internationale à participer et à oeuvrer pour la solution de la crise en Libye par le dialogue, faute de quoi, a-t-il averti, «les groupes terroristes qui continuent à pulluler dans la région finiront par créer un abcès de fixation». «Nous courons le risque de nous retrouver face à un nouveau Daesh en Libye. Nous sommes convaincus que nos amis italiens en sont conscients et nous travaillons ensemble dans le sens d’une solution en Libye», a-t-il encore asséné. «Le terrorisme peut être vaincu par la force, mais il a besoin aussi d’opérations politiques de réconciliation pour rapprocher et réconcilier toutes les parties car c’est le seul procédé de ramener la paix et la sécurité en Libye et dans toute la région», a encore fait observer M.Sellal. Il n’a pas manqué de souligner que la première visite dans un pays occidental effectuée par le président de la République au lendemain de son élection en 1999, a été pour l’Italie.
Par ce geste, le chef de l’Etat a «exprimé la reconnaissance de l’Algérie pour son précieux soutien durant la période difficile qu’elle a traversée dans sa lutte contre le terrorisme».
Plus de quinze années après, les deux pays ont certes maintenu des relations cordiales, ponctuées par la signature en janvier 2003 d’un traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération, mais force est de constater néanmoins que le partenariat qu’Alger et Rome voulaient stratégique ne s’est pas concrétisé sur le terrain. Aussi, cette 3e réunion de haut niveau algéro-italienne, se veut «comme un point de départ d’un processus de consolidation continue de la relation» entre les deux pays, a souligné Abdelmalek Sellal.
Bien que pas très visible, en comparaison avec d’autres partenariats «spectaculaires», à l’image de ceux conclus avec la France et le Qatar, la coopération entre l’Algérie et l’Italie a repris du poil de la bête en novembre 2012, date du Sommet tenu à Alger où cette même coopération «a connu des progrès appréciables qu’il me plaît de relever ici avec satisfaction», a rappelé le Premier ministre.
L’objectif de Sellal à travers la réunion qui a débuté hier à Rome est «d’amplifier davantage notre partenariat stratégique en lui conférant un agenda substantiel articulé autour d’objectifs prioritaires de développement».
Il reste que le projet-phare algéro-italien est manifestement le gazoduc Galsi «pour lequel les deux pays ont constamment réaffirmé l’attachement à sa réalisation, revêt une importance primordiale en ce qu’il a la capacité de contribuer à assurer la sécurité d’approvisionnement à l’Italie et à l’Europe et de favoriser le développement de nouveaux partenariats dans le secteur de la pétrochimie», a souligné le Premier ministre. En sera-t-il question lors de cette rencontre? D’autant que des informations, souvent contradictoires, ont circulé à propos de ce projet.
Cela étant, le Premier ministre ne veut pas focaliser le sujet et parle de défricher le terrain de la coopération bilatérale. «Il demeure encore des domaines synergiques de coopération et de complémentarité, dont nous n’avons pas encore exploité toutes les possibilités, au regard de l’attractivité du marché algérien et des nombreuses opportunités d’investissement qu’il offre», a souligné Abdelmalek Sellal.
Le Premier ministre a abordé plusieurs autres domaines, la circulation des personnes où il relève diplomatiquement l’insatisfaction d’Alger, la culture, la lutte antiterroriste et l’émigration clandestine. Bref, le Premier ministre a déroulé un aréopage complet des possibilités de coopération entre l’Algérie et l’Italie. Mais il semble qu’à l’image du projet du gazoduc Galci, les deux pays en sont encore aux généralités.