Lors de son intervention, le Premier ministre a affirmé que l’État ne remettra pas en cause la règle 49/51, même si le gouvernement œuvre à relancer la machine industrielle par l’encouragement des investissements nationaux et étrangers. À ce titre, il a insisté sur l’impératif de repenser le statut et les missions de l’Agence nationale pour le développement de l’investissement (Andi), de libérer le foncier industriel et de se débarrasser des “scories de la bureaucratie”.
La rencontre du gouvernement avec les walis, tenue hier au Palais des nations, ne s’est pas centrée uniquement sur la préparation du mois de Ramadhan et de la saison estivale. Elle a débordé sur d’autres aspects de l’action publique, à l’image du redéploiement du commerce informel, les activités du Calpiref (Comité d’assistance à la localisation et à la promotion des investissements et de la régulation du foncier), les attributions des logements locatifs publics, l’hygiène du milieu et, enfin, la mise en œuvre du programme d’urgence 2014 d’électricité de Sonelgaz. Quasiment l’ensemble des ministres se sont succédé à la tribune pour exposer les réalisations de leurs secteurs respectifs et relever les contraintes.
Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a ébauché le menu et les attentes de cette rencontre. “Plus de neuf mois après la mise en œuvre du plan du gouvernement, il a été jugé opportun de faire un point de situation des actions entreprises au niveau local, en vue de former une vue d’ensemble, nous permettant d’évaluer valablement les premiers résultats enregistrés et de prendre connaissance en toute objectivité des insuffisances constatées”. C’est par cette explication qu’il a donné le coup d’envoi de la réunion en citant, un à un, les sept points inscrits à son ordre du jour. Plus prolixe, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a particulièrement insisté sur la relance de l’industrie, qui constitue, de son point de vue, le maillon faible de l’économie nationale. Il a illustré ses affirmations par deux chiffres, qu’il a qualifié lui-même d’édifiants.
Il a indiqué que dans les années 1980, la valeur ajoutée de la production industrielle avait atteint 15%, soit à deux points de l’indice mondial.
Actuellement, ce taux tourne autour de 4,5%, après avoir chuté au plus bas à la fin de la décennie 1990. “La situation s’améliore. Mais notre défi majeur, aujourd’hui, est de retrouver, dans les meilleurs délais, la base industrielle du pays”. Il a cité, à ce titre, deux exemples qui se neutralisent de par leur connotation, l’une positive, la seconde négative.
Pour lui, Relizane, qui mène une coopération fructueuse avec les Turcs dans le domaine du textile, est l’exemple à suivre.
A contrario, la cadence des dossiers examinés par le Calpiref est jugée très faible. Sur 35 000 dossiers, uniquement 15 000 ont été traités jusqu’alors. “Il faut faire feu de tout bois. Si vous pouvez créer une zone d’activité industrielle dans chaque commune, allez-y”, a-t-il lancé en direction des walis. “Il ne faut plus hésiter à prendre des initiatives. L’essentiel est d’être de bonne foi. Si vous avez besoin d’une couverture par rapport à la réglementation, nous sommes là”, a-t-il poursuivi sans manquer d’interpeller ses vis-à-vis sur ce qu’il a considéré comme une plaie profonde de l’administration locale. “Tous les dossiers que nous examinons au niveau central sont entachés de bureaucratie. Il faut absolument se débarrasser de ces scories, qui sont pire que le cancer”, a asséné M. Sellal.
Il a estimé, urgent, de réviser les attributions et les missions conférées à l’Andi (Agence nationale pour le développement de l’investissement) pour rendre plus attractif l’investissement en Algérie.
Dans le sillage, il a corrigé des intentions qu’on a attribuées au gouvernement, soit annuler la règle 49/51 introduite dans la loi de finances complémentaire pour 2009. “Nous avons des principes sur lesquels nous ne reviendrons pas. La règle 49/51 sera toujours de vigueur. D’ailleurs, elle ne pose aucun problème pour les investisseurs étrangers, notamment les grandes entreprises.
Tout ce qui a été dit et écrit, à ce propos, est faux”, a-t-il soutenu.
Le Premier ministre a rappelé, par ailleurs, aux chefs d’exécutif des wilayas une instruction dont ils ont été destinataires récemment.
Elle a trait à la restitution, à leurs propriétaires, de 217 000 fusils de chasse, réquisitionnés alors que le terrorisme était au paroxysme de sa violence. “Nous avons pris cette décision en concertation avec le ministère de la Défense et les services de sécurité. Nous vous avons transmis des dossiers avec détails.” Il a demandé, aussi, aux walis, de mieux communiquer, à l’avenir avec les représentants de la presse nationale. “Nous n’avons strictement rien à cacher. Nous n’avons aucun cadavre dans nos placards.
Il faut donner de la matière aux médias, sauf les informations portant sur la sécurité de l’État”, a-t-il recommandé, avant de conclure : “Quand on aura gagné la confiance du citoyen, qui est au centre de nos préoccupations, nous aurons réussi à enrayer la culture de la haine.”
S H