Le Premier ministre effectuera, aujourd’hui, une visite de travail d’une journée dans la capitale du Djurdjura. « Il aura à s’enquérir de l’état d’exécution et d’avancement de plusieurs projets socio-économiques », a indiqué un communiqué des services du Premier ministre.
M. Sellal sera accompagné d’une importante délégation ministérielle. Ce déplacement revêt une importance particulière. La wilaya de Tizi Ouzou, qui a accueilli de nombreux ministres tout au long de ces dernières années, n’avait, depuis longtemps, accueilli un responsable d’un tel rang.
Les événements du printemps noir, au tournant des années 2000, avaient fini par provoquer une rupture tacite entre les citoyens et l’administration. A cause d’une insécurité endémique abusivement médiatisée et la faiblesse de l’investissement public, cette région de Kabylie s’est retrouvée à la traîne de la dynamique nationale. Les seules unités économiques dans la région comme l’Eniem de Oued Aïssi ou l’Enel de Fréha remontent aux années 70. Un secteur privé dynamique n’a pas pu répondre aux immenses attentes en matière d’emplois dans une wilaya connue pour sa forte densité.
Toutefois, de nombreux projets en cours remodèlent déjà la physionomie de la ville et de sa périphérie. Une nouvelle ville surgira du côté de Oued Falli au sud de la cité des Genêts. Des immeubles ont commencé à s’ériger près de la rocade sud et l’ouverture d’une autre rocade au nord a profondément changé les conditions de circulation dans une ville qui étouffait sous le poids d’un parc automobile en pleine expansion.

Vers l’est, c’est un nouveau pole urbain et universitaire en l’occurrence celui de Tamda qui a permis de desserrer l’étau sur l’ancienne ville. La route qui longe cette bourgade et se prolonge vers Azazga et Bejaia connaît des travaux d’extension qui permettront de supprimer les embouteillages devenus un calvaire pour ceux qui empruntent ce tronçon de la RN 12.
L’électrification de la voie ferrée de Thénia-Oued Aïssi, la construction d’un stade de 50.000 places et un ambitieux programme de distribution de gaz de ville, même dans des villages de montagne, sont autant d’actions de nature à améliorer la vie des citoyens. L’un des projets attendus est justement celui de la télécabine qui devrait relier la nouvelle gare routière de Bouhinoun et Rdjaouna. C’est dans ce village perché à plus de 1000 mètres d’altitude que se trouvent une célèbre Zaouïa et le sanatorium où se concentrent beaucoup de services du CHU.
Manques et attentes Les manques sont toutefois immenses notamment en infrastructures pour la jeunesse et en alimentation en eau potable. Malgré la mise en service du barrage de Taksebt qui a permis d’assurer la disponibilité du précieux liquide dans les foyers, beaucoup de localités souffrent encore de pénuries.
Ces jours-ci, des actions de protestations ont été enregistrées notamment dans la région d’Agouni Gueghrane près des Ouadhias et Ouaguenoun sur la côte. La santé est également un secteur où les manques sont criants. Le CHU Nedir subit une forte pression et le centre anti-cancer prévu à Draâ Ben Khedda peine à voir le jour.
Les jeunes, dont beaucoup sont partis vers d’autres villes, voire d’autres cieux, ne cessent de mettre en avant la nécessité d’ouvrir des usines pour fournir du travail aux milliers de diplômés. Dans le chef-lieu de wilaya ou dans les 21 daïras, beaucoup d’entre eux réclament aussi davantage de piscines, de stades de proximité et de lieux de distraction.
M. Sellal présidera à la fin de la journée une « réunion de travail élargie aux représentants de la société civile » au niveau de la maison de la culture. Il abordera à coup sûr toutes les contraintes qui bloquent l’essor d’une région. Il proposera des mesures par-ci, débloquera par-là des situations figées par le manque d’initiatives ou de contrainte du foncier. Les citoyens sont en attente de messages forts afin de voir se conforter une nouvelle dynamique.
Hammoudi R.