C’est probablement le début d’un nouveau feuilleton. Au lendemain même de la sortie d’un membre de la commission de révision de la Constitution assurant que le projet de révision est en voie de finalisation, Abdelmalek Sellal annonce qu’il est bel et bien entre les mains du président de la République, Abdelaziz Bouteflika.
“La commission chargée de la révision de la Constitution a achevé son travail et a rendu son rapport au président de la République”, a déclaré le Premier ministre hier en marge d’une rencontre à Alger en hommage au défunt poète syrien, Soulaymane al-Aïssa.
“Le Président doit maintenant l’étudier (rapport) et faire ses remarques. Il ressaisira la commission, bien sûr, pour prendre en charge, éventuellement, ses remarques”, a-t-il expliqué. Histoire sans doute de répondre à ceux qui évoquent un report de l’élection présidentielle et le prolongement de deux ans du mandat actuel, comme déclaré par l’ex-ministre et diplomate Abdelaziz Rahabi, Abdelmalek Sellal assure qu’“aucune décision n’a été prise sur la révision constitutionnelle et que c’est au chef de l’État d’en décider au moment opportun”.
Pourtant, deux jours plus tôt, Fouzia Benbadis, membre de la commission, assurait que cette structure était au stade de finalisation du projet, lequel sera remis, dit-elle, au Président à sa demande. Mieux encore, hier, avec l’aplomb de l’académicien, elle désavouait publiquement les propos du Premier ministre. “Le rapport n’a pas été remis au Président.” “Ce que je vous annonce là est loin d’être un scoop, mais il s’agit d’un fait”, déclarait-elle au journal en ligne TSA. Alors, à quoi obéit cette cacophonie ? Abdelmalek Sellal cherche-t-il à réduire la portée de la spéculation et entretenir encore le flou sur les intentions des “décideurs” ? S’agit-il d’une autre séquence du bras de fer dans le sérail ? Ou simplement d’un problème de communication, marque de fabrique de nos dirigeants ? À moins que Mme Benbadis ne soit tenue dans le secret, chose d’apparence invraisemblable — encore que la remise du rapport devrait se faire, comme le veut la tradition, dans la solennité — cette situation est révélatrice d’un cafouillage autour de l’agenda et des priorités des prochaines échéances, déterminantes pour le clan présidentiel et l’avenir immédiat du régime.
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