La réhabilitation des infrastructures industrielles de base, si elle est réalisée comme le soutient Abdelmalek Sellal, sortira la wilaya de Tiaret de sa torpeur et lui garantira un véritable essor économique et social.
Deux grands projets industriels doivent être réalisés, dans la ré gion, et devront entrer en production d’ici à l’année prochaine. Ce sont la construction de l’usine de fabrication automobile de marque Mercedes et la raffinerie pour la production de carburants.
«Bouchekif est devenu une réalité,» a répété à plusieurs reprises, jeudi dernier, le Premier ministre, lors de sa rencontre avec les représentants de la société civile, à la maison de la Culture’Ali Maâchi’ de la wilaya de Tiaret.
Il notera la création, il y a quelque temps, d’une société mixte algéro-émiratie (détentrice de parts dans le groupe allemand Mercedes), avec un capital partagé à raison de 51/49, règle chère au gouvernement algérien.
«Vous avez rêvé de l’industrie automobile, vous avez attendu longtemps la sortie, à Bouchekif, de la première voiture Fatia (…), mais elle ne nous a pas porté bonheur, » a-til rappelé. Il promet, alors, que le projet Mercedes sera lancé, prochainement, à Bouchekif et que la première voiture 4×4 de tourisme en sortira «entre avril et mai 2014.» Le site produira d’autres véhicules, probablement utilitaires.
L’usine créera, durant la 1re année, 1.000 emplois puis 2.000 durant les 2ème et 3ème années, pour arriver, en 2017, à 3.000 (entre employés et cadres). Sellal a fait savoir que la formation a déjà commencé pour 750 personnes. « Le rêve se réalise enfin ! » a-t-il lancé. Il précisera que les travaux de réalisation de l’usine seront lancés, durant l’année en cours.
Autre projet ambitieux que la wilaya de Tiaret attend avec beaucoup d’impatience : la réalisation de la raffinerie pour la production de 5.000 tonnes de carburants. « Je n’ai pas l’habitude de vous mentir, l’étude géotechnique est finalisée, d’ici à la fin de l’année, le terrain de l’usine sera viabilisé,» a-t-il déclaré. Sellal a exhorté « les investisseurs locaux à bouger pour participer à cette dynamique économique de la région.»
Pour les convaincre de la nécessité de cette participation, il soulignera que «le pétrole, certes, on en a encore mais ça monte et ça descend, et on parle de l’après pétrole depuis 1962… Il faut absolument relancer l’économie industrielle. »
Le dossier investissement et climat des affaires dans le secteur privé (dont les investissements ont, selon lui, doublé en moins d’une année), sera, a-t-il noté, au centre de la tripartite de septembre qui réunira «le gouvernement, toutes les organisations patronales, sans exception et le syndicat national (UGTA ndlr).»
Des jeunes qui ont poussé des coudes pour parler à Sellal, au moment de sa visite d’un des marchés de proximité, lui ont fait savoir que les projets ANSEJ se font «avec le piston et la ‘rachoua’ (corruption). »
Il leur demandera alors «d’aller vers la justice et il faut que tout le monde assume ses responsabilités, on n’a pas dit que c’est le paradis mais le pays va de mieux en mieux» Il leur fera remarquer que « Tiaret, certes manque d’hygiène et de protection de l’environnement, mais elle n’est plus celle d’hier.»
Des groupes de personnes se sont formés tout autour des grilles de la maison de la Culture où se tenait la réunion et voulaient exposer leurs doléances au Premier ministre. Ils se plaignent du chômage, de la bureaucratie et d’autres fléaux qui minent la société.
A l’intérieur de la salle, il annoncera la distribution «dans les deux ou trois mois prochains » aux jeunes de la région, de 50 000 ha de terres pour lancer les activités agricoles. Les habitants de la wilaya de Tiaret émettent, d’ores et déjà, de grandes appréhensions quant à la réussite de cette opération de distribution de terres agricoles à des jeunes qui ne sont pas, forcément, intéressés pour les faire produire. Le choix des bénéficiaires pose aussi problème et l’on se demande sur quels critères sera-t-il fait.
L’on pense même que les jeunes « qui ne seront pas tous motivés pour travailler la terre qui leur sera donnée, en feront un objet de spéculation et se lanceront, sans hésiter, dans des transactions illicites de location et même de vente. » D’ailleurs, le problème des pratiques spéculatives a été dénoncé par un intervenant lors de la réunion du Premier ministre avec la société civile.
Il a affirmé que les exploitants agricoles qui ont bénéficié de 10.000 ha, en une seule fois, s’adonnent à présent à des opérations d’émiettement de ces parcelles en les louant aux plus offrants. Marquée par son caractère agropastoral idéal, Tiaret avec ces 42 communes et 14 daïras, produit 5,5 millions de quintaux de blé et occupe « la 1re place dans le pays, » estime Sellal. Il pense même qu’elle a les potentialités pour en produire deux ou trois fois plus.
« La région est aussi classée 2ème, à l’échelle nationale, pour la production de l’oignon ; vous avez des potentialités pour développer cette culture avec celle de l’ail et en devenir exportateurs, » leur a-t-il indiqué. Il rappelle, par la même occasion, que «l’aéroport de Bouchekif n’a pas été ouvert pour le tourisme mais pour l’exportation des viandes mais ça n’a pas marché ; il faut, donc, remettre les choses à leur place progressivement.»
Ghania Oukazi
PROGRAMME COMPLÉMENTAIRE DE 28,74 MILLIARDS DE DA
Le 1er ministre a lancé un certain nombre de projets, dont les plus importants les travaux de réalisation de la ligne ferroviaire à voie unique reliant Tiaret à Relizane et Tissemsilt et de 1900 logements LPL. Il a visité le centre d’hémodialyse, le centre culturel islamique, une unité privée d’élevage équin et le centre d’insémination artificielle.
Sellal a accordé un programme complémentaire à la wilaya de Tiaret de l’ordre de 28,74 milliards de DA portant la réalisation de près de 40 opérations réparties sur le secteur de l’habitat et de l’urbanisme, les travaux publics, l’hydraulique, l’agriculture, la PME-PMI, l’éducation, l’énergie et les mines et les plans communaux de développement (PCD).
Le wali lui avait demandé d’instruire Sonatrach pour déplacer les pipelines des terres agricoles sur lesquelles ils ont été placés. L’Etat devra aussi indemniser les propriétaires dont les terres ont été saisies pour utilité publique et dont les dossiers traînent depuis longtemps.
G.O.