L’on s’attend dans les prochaines semaines à une batterie de mesures, associée à des actions concrètes, à même de donner un maximum de visibilité à l’économie du pays.
Une importante réunion interministérielle a eu lieu hier. Présidée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, la rencontre a concerné les ministres des Finances, de l’Industrie, du Commerce, de l’Intérieur, de l’Education et de la Santé, ainsi que le vice-ministre de la Défense nationale. La présence du général de corps d’armée Gaïd Salah est en soi un élément révélateur du caractère exceptionnel du conclave gouvernemental, dont les sujets qui justifient la tenue ne manquent pas.
Il y a d’abord le nouveau modèle économique annoncé par le Premier ministre, au début de l’année en cours. Soutenu par un nouveau Code des investissements qui sera présenté prochainement devant l’APN, cette nouvelle vision de la croissance qui s’articule essentiellement autour de l’entreprise et surtout de la production et les exportations a été esquissée par de nombreux ministres, dont ceux de l’Industrie, les Finances et le Commerce.
La rencontre d’hier devait être, soulignent des sources proches du Premier ministère, une phase préparatoire, histoire de voir où en sont les divers éléments qui doivent donner du sens au nouveau modèle économique. Face à la dégradation des finances du pays, il y a effectivement urgence et l’on s’attend dans les prochaines semaines à une batterie de mesures, associée à des actions concrètes, à même de donner un maximum de visibilité à l’économie du pays et surtout réduire considérablement l’intervention de l’administration dans l’acte d’investir. Le développement économique, seule planche de salut pour le pays, quelle que soit la tenue du marché pétrolier, sera un axe central de l’action du gouvernement. En effet, les dernières nouvelles relevées par l’Opep et qui faisaient état d’une évolution positive des prix du Sahara Blend algérien de l’ordre de 3 dollars entre mars et avril, ne devraient plus peser sur la décision économique du gouvernement. A côté de la question de la relance de la croissance, deux grands événements que s’apprête à vivre l’Algérie, à savoir les examens de fin de cycle scolaire et le mois de Ramadhan ont figuré à l’ordre du jour de la réunion. Ces deux rendez-vous «budgétivores» recommandent, en effet, des préparatifs au plus haut niveau. Les responsables des départements ministériels de l’Education, la Santé, les Finances et l’Intérieur confirment certainement ces deux points à l’ordre du jour du Conseil interministériel.
Il faut dire que la tradition veut que l’Etat fasse preuve d’une grande perfection dans la gestion des examens, de même que dans la conduite à tenir durant le mois de Ramadhan. La triche au baccalauréat qui a régulièrement entaché la crédibilité de cet examen national est quelque part une tache noire dans le bilan de nombreux gouvernements et le défi cette année serait de réussir une session aussi propre que possible, en tout cas, beaucoup moins problématique que les deux précédentes. Le capital confiance engrangé par Mme Benghebrit est certainement engagé dans l’organisation de ces examens qui vont retenir l’attention de toute l’Algérie.
Au lendemain du baccalauréat, les Algériens auront à affronter une autre «épreuve». Le Ramadhan est effectivement un véritable examen de passage pour tous les Exécutifs qui ont eu à gérer le pays. Si l’année passée, le mois sacré s’est déroulé sans trop de casse, renouveler «l’exploit» est le défi de l’heure pour le gouvernement Sellal. Sorti de ces points de l’ordre du jour qui intéressent les Algériens, on ne peut pas croire que le Conseil interministériel en soit satisfait et ait levé la séance. Pour cause, le ministre des Finances est interpellé par rapport à la situation de son département.
Echec de la «mise en conformité fiscale volontaire», un pré-bilan mitigé de l’emprunt obligataire, sur fond d’une chute vertigineuse des réserves de changes du pays, avec en prime, un déficit abyssal du Trésor public, constituent autant de facteurs inquiétants à même d’entrevoir de nouveaux réajustements des affectations budgétaires. La réunion des sept ministres ne peut faire l’impasse sur cette réalité financière qui obligera le gouvernement à agir dans le sens qui ne plairait pas forcément aux Algériens.
La situation sécuritaire aux frontières et la menace terroriste toujours pesante au regard des opérations de l’ANP et des saisies de matériel de guerre, interpellent le gouvernement et cette préoccupation est clairement traduite à travers la présence, peu coutumière, du vice-ministre de la Défense nationale à ce genre de rencontres interministérielles.