Sellal à propos de l’affaire In Aménas:«C’était un message clair pour les terroristes»

Sellal à propos de l’affaire In Aménas:«C’était un message clair pour les terroristes»
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Quarante-huit heures après le dénouement de l’affaire de prise d’otages de In Aménas et l’assaut final donné par les forces spéciales de l’Armée nationale populaire, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a annoncé, hier lundi, le bilan officiel de cet acte terroriste mais aussi de l’intervention de l’armée : 38 otages dont un Algérien morts, 5 autres étrangers «portés disparus» et «quelques blessés seulement parmi les militaires».

En outre, «7 parmi les otages étrangers n’ont toujours pas été identifiés», ajoutera Sellal lors d’une conférence de presse animée et «exclusivement » consacrée à l’affaire de l’attaque terroriste de Tiguentourine, à In Aménas, dans la wilaya d’Illizi dans l’extrême sud-est du pays, tout près de la frontière avec la Libye. Une attaque menée par le groupe terroriste dénommé «les signataires par le sang» du sinistre Belmokhtar. Composé de 32 éléments «puissamment armés», ce groupe assaillant, comprenait 3 terroristes algériens, dont le chef, un certain Bencheneb Amine, et 29 de diverses origines étrangères. «Il y avait parmi ces terroristes, pas moins de 11 Tunisiens, des Mauritaniens, des Egyptiens, des Nigérians et des Canadiens d’origine arabe. Tous ont été éliminés, sauf trois capturés vivants», précisera Sellal. Dans son intervention préliminaire, le Premier ministre fera plusieurs autres révélations sur cette opération de prise d’otages la plus grande de l’histoire. Les premières investigations menées par les services de sécurité montrent, dira Sellal, que «cette opération avait été préparée depuis deux mois par les terroristes. Ces derniers sont venus de la région du nord du Mali et, en longeant la frontière algérienne, ils ont traversé le Niger avant d’aboutir à In Aménas, via la Libye. Ils étaient extrêmement bien armés (…) Parmi eux, il y avait un Nigérien qui avait déjà travaillé comme chauffeur dans cette même base dans le passé». Aussi, révèle encore Sellal, qui n’écarte pas du tout d’autres complicités que l’enquête révélera, «les assaillants étaient entrés dans la base et le site avec un plan bien détaillé et savaient avec précision où se diriger». Autre détail important, et s’agissant des sept derniers otages étrangers, découverts morts sur le site gazier après le deuxième assaut des forces spéciales, samedi dernier, Sellal affirmera «qu’ils avaient tous été exécutés d’une balle dans la tête par les ravisseurs». Revenant longuement sur le déroulement de l’opération de riposte de l’armée, «suivie heure par heure par le président, et qui a été conduite au plus haut niveau de l’Etat», Sellal confirmera son aspect incontournable. «Ce que les forces spéciales ont réalisé est un exploit rare dans le monde et dont je suis personnellement très fier. Dans cette affaire qui était extrêmement difficile et complexe, nos jeunes éléments des forces spéciales ont fait montre d’un professionnalisme que je tiens ici à souligner avec force et l’intervention était d’un très haut niveau. Toute latitude avait par ailleurs été laissée au haut commandement militaire de conduire et de décider du moment d’agir, selon l’appréciation qu’il en fait sur le terrain. » Le Premier ministre, qui annoncera que «personnellement, j’ai eu des communications avec une vingtaine de chefs de gouvernement et de responsables de pays étrangers » durant toute cette affaire, expliquera qu’en fait, deux raisons au moins rendaient cette intervention nécessaire. D’abord la tentative des terroristes de sortir avec des otages pour les emmener vers le Mali. Mais aussi, parce que «vendredi, ils ( les terroristes, Ndlr ) ont essayé de faire exploser le site gazier. Il n’y avait pas moins de 5 missiles qu’ils avaient dirigés contre ce vaste site. Et vous imaginez un peu les conséquences s’ils avaient réussi. D’ailleurs, il y a eu une explosion de bombe qui avait déclenché un incendie toute la nuit. Heureusement que l’intervention des pompiers mais aussi de travailleurs avait finalement permis de le contenir».

«Nous n’accepterons jamais un Sahelistan à nos frontières»

Une catastrophe également évitée grâce à l’alerte donnée par le gardien algérien avant d’être assassiné par les terroristes, le premier jour de l’attaque et qui a permis de décompresser tout le site. Le Premier ministre a tenu à rendre un hommage appuyé au jeune défunt inhumé dimanche à Tiaret. Tout ceci, s’agissant des faits et des détails du drame. Au plan politique, Sellal estimera que, ce faisant, à savoir en décidant d’opposer une riposte ferme aux terroristes, l’Algérie voulait livrer un message : «A un moment donné, il fallait bien un signal clair. Et nous l’avons donné ! Le terrorisme n’aura plus jamais de prise en Algérie. Il est hors de question que l’Algérie bascule de nouveau dans le terrorisme. » Intimement liée à la situation catastrophique et à l’intervention française au Mali, cette prise d’otages ne va en rien infléchir la position algérienne. «Aucun soldat algérien ne sera envoyé au Mali», tranchera Sellal. Il réitère la position algérienne sur cette affaire. «Nos troupes ont été mises en état d’alerte dans le Sud et sur nos frontières depuis un mois, révélera- t-il, avec comme mission de défendre l’intégrité territoriale du pays». Confirmant aussi la décision de l’Algérie d’ouvrir son espace aérien à l’aviation militaire française «prise de façon souveraine et conformément à la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU», le Premier ministre estimera que «l’intégrité territoriale et la maîtrise de la situation au Mali relèvent de l’intérêt stratégique de l’Algérie». Et quoi qu’il en soit, «nous n’accepterons jamais un “Sahelistan” à nos frontières».

K. A.