«On ne pense pas à demain ni aux urnes, mais on pense à l’avenir de l’Algérie»
Le pays jouit d’une stabilité dans un environnement difficile, de moyens humains et d’un «Président qui sait ce qu’il fait et où va le pays».
Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a répondu, hier à partir de Tébessa, où il était en visite de travail, à ceux qui estiment que ses différentes sorties sur le terrain rentrent dans le cadre d’une précampagne électorale pour la prochaine élection présidentielle.
«On ne pense pas à demain ni aux urnes, mais on pense à l’avenir de l’Algérie», a-t-il indiqué lors de la rencontre avec les représentants de la société civile de la wilaya. Des observateurs de la scène politique nationale n’ont pas hésité à faire le lien entre ses sorties et la prochaine échéance électorale. Ils soupçonnent le système politique de vouloir préparer le Premier ministre pour succéder au Président Bouteflika dont le mandat arrive à terme dans moins de sept mois. Avec cette déclaration, M.Sellal coupera-t-il court aux spéculations? Pas si sûr dans un pays où la rumeur et le flou ont toujours été un moyen de gestion des rendez-vous politiques. Le Premier ministre qui ne s’est pas étalé sur cette question a annoncé que son gouvernement «présentera le bilan de ses réalisations prochainement» sans fixer aucune date.L’orateur a précisé que son objectif est de développer la base industrielle du pays. Il annonce, dans ce contexte, que l’accord pour la renationalisation du complexe ArcelorMittal Annaba sera signé samedi prochain avec le géant de l’acier indien.
«Une chance de développement à ne pas rater»
Par la même occasion, le Premier ministre a affirmé que l’Algérie dispose de tous les atouts pour se développer. Pour lui, toutes les conditions s’y prêtent. «C’est une chance qu’il ne faut pas rater», a-t-il estimé. M.Sellal a précisé que le pays jouit d’une stabilité dans un environnement difficile, de moyens humains et d’un «Président qui sait ce qu’il fait et où va le pays». Il ajoute le facteur de «la cohésion sociale et du développement économique et social que connaît le pays». Pour ce faire, le Premier ministre plaide pour «travailler ensemble», en affirmant que son gouvernement lutte contre l’exclusion. Il appelle aussi à sortir de la dépendance aux hydrocarbures en encourageant l’industrie et la production nationale, notamment dans le secteur de l’agriculture. Dans ce contexte, l’orateur a rappelé que la prochaine rencontre tripartite entre le gouvernement, le patronat et les syndicats examinera les moyens d’atteindre ces objectifs, précisant que l’Etat ne fait plus de distinction entre le secteur public et privé. «On doit parvenir à un accord sur les grandes orientations économiques», a-t-il dit. Pour encourager ce développement économique, l’hôte de Tebessa a appelé les investisseurs de cette wilaya à s’impliquer davantage, leur assurant le soutien de l’Etat.
Les logements de la colère
Sur le terrain, le Premier ministre n’a pas manqué d’exprimer sa colère en visitant les projets qui concernent le secteur de l’habitat.
«J’en ai marre. Partout c’est la même chose», s’est-il emporté sur le site des 586 logements publics locatifs dans la localité de Hammamet. Sur les lieux, l’on constate aisément le massacre commis sur ce projet: une cité dortoir qui ne dispose d’aucune commodité, y compris les petits commerces. Aux questions de Sellal de savoir où sont les commerces, les équipements publics et les espaces de détente, le directeur de l’habitat de la wilaya de Tébessa est resté muet. «Il faut respecter les Algériens», a lancé le Premier ministre avant d’instruire les responsables locaux de «récupérer» ce qui pouvait l’être du terrain sur lequel la cité est implantée pour y ériger un centre commercial. Il leur a aussi demandé d’envoyer au ministère de l’Habitat les POS (Plan d’occupation des sols) pour validation. Le Premier ministre a piqué un autre coup de colère au niveau du chantier de réalisation du pôle urbain des 11 Logements. Il demande carrément l’arrêt des travaux pour tenter de sauver ce qui peut-être sauvé. «Je vous accorde deux mois pour revoir tout le master-plan», a-t-il menacé. Au niveau du chantier de réhabilitation du tissu urbain de Tébessa, M.Sellal est passé à la menace. «On vous donne tous les moyens financiers pour mener à bien le projet, mais, faites un travail de qualité et on vous accorde six mois pour le terminer», a-t-il averti.
Il insiste auprès des responsables locaux de consulter les citoyens, la société civile et les élus pour savoir ce qu’ils veulent.
Sellal: «L’Algérie a tout fait pour la stabilité de la Tunisie»
Le Premier ministre a avoué, à demi- mot, que l’Algérie a joué le rôle de médiation entre les Tunisiens. «On a voulu rapprocher les frères tunisiens pour la stabilité du pays», a-t-il indiqué lors de la rencontre avec les représentants de la société civile de Tébessa. M.Sellal a précisé que cela ne signifie pas que l’Algérie s’est immiscée dans les affaires internes de la Tunisie, en rappelant le principe que l’Algérie ne se mêle jamais des affaires internes des autres pays.
700.000 personnes inscrites à l’Aadl
Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Abdelmadjid Tebboune, a indiqué que le nombre d’enregistrement dans le programme Aadl a atteint 700.000 demandes depuis l’ouverture de l’opération d’inscription sur le site réservé à cet effet. Il a fait savoir, en marge de la visite du Premier ministre à Tébessa, que l’opération est suspendue en attendant d’éplucher toutes les demandes déjà reçues. Selon lui, 1000 hectares de terre constructible ont été dégagés à Alger qui a bénéficié d’un quota de 90.000 unités du programme Aadl qui en contient 230.000.
