L’école doit rester une institution apolitique. C’est le message du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, délivré, hier, à l’ouverture des travaux de la conférence nationale sur l’évaluation de la mise en œuvre de la réforme du système éducatif.
Le Premier ministre a déclaré à l’adresse des enseignants qu’il faut éloigner l’école des « surenchères politiques », tout en reconnaissant que l’enseignant a le droit d’avoir des activités politiques mais « loin de l’établissement scolaire ».
Pour lui, les enseignants ne doivent pas faillir à leur noble mission qui est de former « l’élite de demain » dans un esprit critique et constructif. Sellal a appelé la famille éducative, particulièrement les enseignants, à revenir aux fondamentaux dans l’acte d’enseigner, plaidant, à l’occasion, pour un changement de méthodologie.
Il a préconisé à ce que les nouvelles technologies, les sciences et les mathématiques, l’informatique et les sciences de l’information et de la communication aient la priorité dans l’enseignement.
Et de fixer la barre pour l’année prochaine, à savoir atteindre un taux d’enseignement dans la filière des mathématiques de 15%. Actuellement, ce taux est de 10%. Autrement dit, le Premier ministre plaide pour une école intelligence. L’éducation sociale, les activités sportives et de loisirs doivent trouver leur place dans les programmes scolaires, insiste Sellal.
« Ce n’est pas une nouvelle réforme »
Abdelmalek Sellal a indiqué que l’objectif de cette rencontre n’est pas de mettre en œuvre une nouvelle « réforme éducative » mais de chercher les mécanismes à même de permettre de consolider certains points et améliorer quelques aspects pour aller vers une école de qualité.Pour lui, il faut procéder à une évaluation d’étape objective du système éducatif.
« On ne peut se permettre de revenir en arrière », a-t-il martelé. Sellal a expliqué, dans ce sens, que l’école a pour mission de base d’apprendre à l’élève le sens de la critique constructive pour former l’Algérien au sens de la citoyenneté.
Il ajouté qu’il échoit à chaque cycle d’apprendre à l’élève un programme défini, citant à titre illustratif le cycle primaire chargé de lui apprendre à lire, à compter et à écrire sans pour autant le noyer dans des théories.
Le Premier ministre a signalé que l’école algérienne a obtenu des acquis inestimables.
Il a évoqué un taux de scolarisation important, un nombre d’enseignants dépassant les 54.000 et pas moins de 26.000 établissements scolaires.
Sellal a fait savoir que plus de 45 milliards de dollars ont été dépensés par l’Etat dans l’éducation durant la période 2010-2014. Un chiffre qui renseigne, selon lui, sur l’intérêt grandissant accordé au secteur.
Le Premier ministre a rassuré la famille éducative que l’Etat continuera, malgré la baisse de ses ressources financières, à poursuivre ses efforts pour accompagner ce secteur stratégique.
Dans son discours, le chef de l’Exécutif n’a pas négligé les aspects techniques. C’est ainsi qu’il a proposé de réviser la période et la durée des examens, citant l’exemple du baccalauréat qui s’étale sur une longue période de cinq jours. Sellal s’est dit favorable, et la balle reste dans le camp des pédagogues,
pour l’instauration d’un bac professionnel. Selon lui, il est des plus judicieux d’orienter l’élève, une fois admis en première année secondaire, vers l’enseignement professionnel si ce dernier n’a pas les aptitudes qu’il faut pour pouvoir poursuivre son cursus scolaire au lycée. Sellal a indiqué qu’il est impossible de faire cohabiter le savoir et la triche.
« Un phénomène qu’il faut combattre pour moraliser l’acte d’enseigner », a-t-il insisté. Nécessité de réglementer les cours particuliers
Le Premier ministre a mis l’accent sur la nécessité d’organiser les cours particuliers dans un cadre réglementé. « Nous ne voulons pas d’une école parallèle », a-t-il lâché.Sellal a rappelé qu’il n’est pas contre l’enseignement privé, estimant que celui-ci doit être pratiqué dans un cadre empreint de confiance mutuelle.
Pour lui, les établissements privés doivent agir dans un esprit de responsabilité loin de toute forme de dérapage. Autre chantier : la bureaucratie. Sellal trouve insensé le fait d’exiger chaque année aux élèves un dossier scolaire et médical. Il a affirmé qu’il faut sanctionner les responsables qui veulent maintenir ces pratiques bureaucratiques.
Message aux syndicats
Aux syndicalistes, Sellal a assuré que le gouvernement tiendra ses engagements en matière de prise en charge des revendications socioprofessionnelles des travailleurs du secteur.
Il a soutenu que le dialogue reste l’unique voie pour le règlement des conflits. Pour le Premier ministre, les syndicalistes doivent prendre en ligne de compte, avant de demander des augmentations salariales, la conjoncture actuelle marquée par la baisse des recettes pétrolières.
Sentence de Sellal : « Il est difficile d’admettre les grèves illimitées qui n’émanent pas de nos valeurs et qui prennent en otage l’avenir des élèves. » Le chef de l’Exécutif a précisé qu’il est certes pour le droit syndical, cependant, il voit « d’un mauvais œil un enseignant comparaître devant la justice ».
A noter qu’en marge de cette conférence, Abdelmalek Sellal a honoré les lauréats algériens ayant participé à l’Olympiade internationale de mathématiques qui s’est déroulée en Thaïlande. Les élèves ont occupé des places honorables à ce concours international auquel ont pris part 104 pays. L’Algérie a été classée pour la première fois à la 62e place à l’échelle mondiale.
Amokrane H.