Mener une campagne électorale pour un candidat “absent” n’est pas, semble-t-il, une tâche aisée. La preuve, Abdelmalek Sellal et ses partisans montrent déjà des signes de lassitude en ce début de campagne, pour le moins inédite, qu’ils mènent au profit du Président sortant, Bouteflika. “Aujourd’hui, nous avons besoin de vous pour que vous remontiez le moral à Sellal
.” C’est l’appel lancé hier, à Bordj Bou-Arréridj, par le responsable local de la campagne pour Bouteflika, avant que M. Sellal le reprenne : “Remontez-nous le moral (…)” Ceci avant qu’il nuance son propos en soulignant que le moral de l’équipe “ne tombera jamais”.
Qu’est-ce qui fait, au juste, perdre le moral au directeur de campagne de Bouteflika après seulement quatre meetings ? Est-ce que cela est dû aux divergences supposées au sein même de la “grande famille” engagée pour faire la promotion du bilan de Bouteflika ? Ou bien, cela serait-il lié au peu de crédibilité qu’accorderait la communauté internationale à cette élection déclarée comme étant “jouée d’avance” ? Ce n’est certainement pas Abdelaziz Belkhadem qui va nous contredire, lui qui avait reproché, la veille, à M. Sellal, “un manque de maturité”.
À moins que ce ne soit dû à la facilité du langage par laquelle M. Sellal se distingue dans presque tous ses discours depuis qu’il était Premier ministre. Sa déclaration ouvre désormais le champ à tant d’autres questions. Dans une campagne électorale, la règle dit qu’un candidat ou ses partisans doivent tout faire pour dissimuler leur désappointement. Néanmoins, cela ne semble pas être le cas de M. Sellal. Au contraire, lui s’est plutôt voulu rassurant en affirmant que “grâce à la politique de Bouteflika, tout va bien aujourd’hui en Algérie”.
“Dieu merci, après des années de problèmes, nous avons pu redresser la barre et remettre le pays sur la voie du développement et de la prospérité. Cela a été possible grâce à la volonté du président Bouteflika”, tonnera Sellal, cette fois-ci, dans une salle pleine à craquer. Selon des témoignages recueillis sur place, les opérateurs industriels de la région seraient pour beaucoup dans cette opération de “remplissage” de la salle omnisports de la ville de Bordj Bou-Arréridj.
Outre les industriels qu’il a tenu, d’ailleurs, à rassurer sur la poursuite du soutien de l’État à tous leurs projets, M. Sellal a surtout joué sur “les acquis sociaux” permis, selon lui, depuis la venue au pouvoir de Bouteflika. Il énumérera, à ce titre, les “1,9 million” de logements, citant les différents programmes réalisés durant les trois quinquennats de “Son Excellence”. Pour le prochain mandat, il promet le lancement d’un programme “spécial” de logements au profit des jeunes. “Bouteflika vous a promis de faire de Bordj Bou-Arréridj un pôle industriel, et voilà que c’est déjà fait.
Nous n’allons pas nous arrêter-là ; l’État continuera toujours à soutenir et à subventionner les projets pour faire de cette ville un véritable pôle de technologie”, a-t-il encore promis.
Sur le plan politique, M. Sellal est revenu sur le projet de Bouteflika pour “un renouveau national” dont l’objectif, dit-il, est “la consécration des droits et des libertés de tous les citoyens”. Selon lui, la révision constitutionnelle annoncée permettra, entre autres, de “renforcer les libertés, de consolider les institutions, d’instaurer un système rigoureux de contrôle (…)”. Le souhait de M. Sellal est de “faire accéder l’Algérie en 1re division”. Il ne nous dira pas, en revanche, dans quelle “division” évolue actuellement le pays…
F. A