La capitale de la Saoura, Béchar, a reçu la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. En temps normal, cette visite aurait pu être anodine puisqu’elle se serait inscrite dans le registre des déplacements officiels portés sur le calendrier du Premier ministère. Sauf que cette fois-ci, le Premier ministre, accompagné de bon nombre de ses ministres, s’en vont en pompiers pour tenter de calmer une situation sociale prête à exploser dans le sud du pays.
A ce titre, Sellal procédera à la mise en service de plusieurs projets ainsi qu’à l’examen de l’état d’exécution de l’ensemble du programme de développement dans cette wilaya du sud-ouest algérien, à l’instar du chantier de réalisation d’un centre anticancéreux (CAC) implanté au nord de la ville de Béchar dont la réception est attendue pour 2015. D’un coût de 677 millions DA, sa capacité d’accueil est de 140 lits. Il s’agit du développement des activités de chimiothérapie, radiothérapie, médecine nucléaire et de curiethérapie au profit des malades, et la contribution au désencombrement des centres anticancéreux dans le nord du pays, qui ne peuvent plus répondre à la demande en matière de radiothérapie, ont souligné des responsables locaux du secteur de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière. Il sera également, procédé, entre autres, à la mise en service de la clinique ophtalmologique, réalisée dans le cadre de la coopération algéro-cubaine, et la création de la société «Saoura Ciment».
En outre, tentant d’éteindre le feu de la contestation, Sellal reviendra sur les différentes mesures prises par le gouvernement pour encourager les jeunes à travailler la terre, notamment par la création prochaine de lycées agricoles et l’encouragement des investissements agricoles. Faisant part, à ce propos, de la réalisation de deux lycées agricoles à Mascara et El Oued, dans une première phase, avant de généraliser ce genre d’établissements au niveau des wilayas à vocation agricole, considérant dans ce contexte que la formation dans les métiers de l’agriculture est «la seule solution» pour relancer le secteur et créer de l’emploi notamment au Sud. D’autre part, une nouvelle instruction interministérielle portant des mesures incitatives à l’investissement agricole et à la création d’emplois durables dans les régions du Sud vient d’être signée, selon le ministère de l’Agriculture et du Développement rural
Par ailleurs, reprenant la lance et afin de désamorcer d’éventuelles nouvelles colères sociales, des ministres annonceront une parade d’actions au profit des Bécharis et des populations de la région. C’est ainsi que le ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, indiquera que son département ministériel a consacré quarante nouveaux postes budgétaires pour des médecins spécialistes dans cette wilaya du sud-ouest algérien. Le ministre des Transports, Amar Tou, a annoncé l’inscription, au titre de la loi de finances complémentaire pour 2013, de plusieurs projets ferroviaires au profit de plusieurs régions dans le sud du pays.
Par ailleurs, Sellal ne manquera de rencontrer les autorités locales et les représentants de la société civile de la wilaya de Béchar. Une rencontre de proximité qui sera une opportunité pour Sellal de réaffirmer l’intérêt du gouvernement pour le Grand Sud et sa détermination à pren-dre en compte les problèmes de cette région que ce soit en matière de logements ou d’emploi dont souffrent énormément les jeunes diplômés.
Ainsi, le gouvernement aura réussi à récupérer et contrer le mouvement social dans la région en répondant aux premières revendications qui sont l’emploi, le logement et les infrastructures de base. A ce propos, pour rendre à César ce qui appartient à César, il est évident, et à la convenance de tous, que l’Algérie est un Etat social où la rente du pétrole est essentiellement injecté pour l’attribution de logements sociaux, subventions de certains produits alimentaires, aides à l’emploi précaire…, ce qui représente annuellement la somme de 15 milliards de dollars.
Toutefois, force est de constater que les gouvernements se succèdent et se ressemblent en ce sens que tous répondent dans leur fonctionnement qu’à la théorie du stimulus. Ils n’interviennent que lorsqu’il y a risque d’explosion sociale.
Les différents mouvements de protestation qui sont survenus depuis janvier 2011 jusqu’au jour d’aujourd’hui en sont la preuve. A défaut de concevoir des politiques de développement socio- économique hors hydrocarbures et un régime de croissance adapté, les gouvernements continueront à recourir à des solutions faciles pour acheter la paix sociale, les caisses du pétrole étant bourrées, en autorisant dans l’urgence une multitudes de projets, en promettant des bonifications des taux bancaires, des régularisations sur les salaires…laissent ainsi aisément prévoir une hausse de l’inflation dans la future loi de finances complémentaire de 2013.
Par Lynda Naili Bourerbab