Seïf El-Islam, fils le plus influent de l’ex-dirigeant libyen, était présenté comme un réformateur avant de devenir le symbole de la répression sanglante du soulèvement populaire.
Seïf El-Islam El Gueddafi, dernier fils encore en cavale de l’ancien dirigeant libyen Mouamar El Gueddafi, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité, a été arrêté, hier, par d’anciens rebelles dans le sud de la Libye. Mais qui est ce fugitif recherché par la CPI et – longtemps présenté comme le successeur potentiel de son père à la tête de la Libye? Né le 25 juin 1972 à Tripoli, le «Glaive de l’Islam» traduit en arabe – est le fils aîné de la seconde épouse de Mouamar El Gueddafi et le deuxième de ses huit enfants. Célibataire, il a étudié la gestion à Vienne où il a noué une amitié durable avec Jörg Haider, le chef de la droite populiste, et à Londres où il a obtenu un doctorat de la prestigieuse London School of Economics. Seïf El-Islam, fils le plus influent du dirigeant libyen déchu, était présenté comme un réformateur avant de devenir le symbole de la répression du soulèvement populaire. Il n’occupait pas de fonction officielle proprement dite mais a plusieurs fois représenté la Libye dans le cadre de négociations internationales, notamment lors des accords d’indemnisation des familles des victimes des attentats de Lockerbie en 1988 et du DC-10 d’UTA en 1989.
Se présentant comme ambassadeur de l’humanitaire aussi bien en Libye qu’aux quatre coins du monde à travers l’association caritative qu’il a créée en 1997, il s’est aussi fait connaître lors de sa médiation dans l’affaire des infirmières bulgares libérées en 2007.
Anglophone, germanophone et parlant un peu français, s’exprimant avec calme et pondération, il est alors dépeint dans la presse étrangère comme le nouveau visage respectable d’un régime longtemps accusé de soutien au terrorisme. Seïf El-Islam a mené campagne pour l’ouverture de son pays aux médias privés.
Il lance en août 2007 la première chaîne de télévision privée ainsi que les deux premiers journaux privés du pays. Mais un an après, il annonce son retrait de la vie politique, affirmant avoir mis le train des réformes sur les rails.
Après 2009, son programme de réformes connaît des revers, notamment dans le domaine de la presse. Et fin 2010, sa Fondation annonce son retrait de la vie politique pour se consacrer désormais aux oeuvres de bienfaisance à l’étranger. Agé de 39 ans, Seif El-Islam a longtemps semblé vouloir moderniser son pays et normaliser les relations avec l’Occident. Mais dès le déclenchement de la révolution à la mi-février, sa vie est bouleversée.
Depuis le 27 juin 2011, il fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI sur des soupçons de crimes contre l’humanité. Il est accusé d’avoir joué un rôle-clé dans la mise en oeuvre d’un plan conçu par son père pour réprimer par tous les moyens le soulèvement populaire.