À moins que cela ne fasse partie d’un plan de propagande pour accélérer la déroute des forces du régime, de nombreuses informations faisant état d’arrestation de ses fils se sont avérées fausses, notamment celle de Seïf al-Islam, considéré comme la tête pensante du système de Kadhafi.
Moins de vingt-quatre heures après l’annonce de son arrestation et de son transfert vers la Cour pénale internationale, Seïf al-Islam Kadhafi a réapparu libre. Il s’est même permis un petit show médiatique en ramenant chez lui des journalistes étrangers pour qu’ils confirment sa liberté.
Son frère aîné, Mohammed, arrêté également, mais gardé en résidence surveillée, a pris la poudre d’escampette. Ces deux faits renforcent le sentiment de confusion générale régnant à Tripoli depuis le lancement, samedi, d’une offensive rebelle. Si l’annonce de l’arrestation de Mohammed Kadhafi est réelle, car elle a été suivie par sa fuite, celle de Seïf al-Islam semble plutôt faire partie d’une propagande du Conseil national de transition libyen (CNT), visant à mettre en déroute rapidement le reste des forces du régime.
En effet, l’importance de Seïf al-Islam dans le régime Kadhafi est telle que son arrestation peut constituer un élément déstabilisateur. Pour démentir catégoriquement les allégations du CNT, il a invité en pleine nuit quelques journalistes à le rejoindre à Bab al-Aziziya, le complexe résidentiel de son père à Tripoli.

“Je suis là pour démentir les mensonges”, a-t-il indiqué aux journalistes emmenés sur place à bord d’une voiture blindée. Sur un ton rassurant, il ajoutera : “Tripoli est sous notre contrôle. Que tout le monde soit rassuré. Tout va bien à Tripoli”, a-t-il déclaré aux journalistes. Dans le complexe résidentiel, Seïf al-Islam était attendu par quelques dizaines de sympathisants qui brandissaient son portrait et celui de son père et agitaient des drapeaux libyens. Selon lui, les forces loyales au régime ont fait subir de “lourdes pertes aujourd’hui aux rebelles qui prenaient d’assaut” Bab al-Aziziya.
Ceci étant, après avoir confirmé son arrestation, indiquant avoir reçu “des informations confidentielles”, le procureur de la CPI s’est rétracté hier en affirmant que la Cour pénale internationale (CPI) n’a “jamais” eu la confirmation de l’arrestation. Le porte-parole de la Cour a indiqué : “Après l’annonce d’hier (lundi), nous avons été en contact avec le Conseil national de transition pour avoir la confirmation de l’arrestation, mais nous n’avons jamais eu de confirmation de la part du CNT.”
Pourtant, le président du Conseil national de transition (CNT) libyen, Moustapha Abdeljalil, avait affirmé, dans la nuit de dimanche à lundi, disposer “d’informations sûres que Seïf al-Islam a été arrêté”. “Il est dans un lieu sûr sous garde renforcée en attendant qu’il soit déféré à la justice”, avait-t-il précisé. Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, avait, plus tard dans la nuit, assuré à l’AFP avoir reçu “des informations confidentielles selon lesquelles” Seïf al-Islam avait été arrêté par les rebelles.
Fidèle à sa réputation de pugnacité et défiant les appels de la communauté internationale et des rebelles à se rendre, Mouammar Kadhafi, dont aucun signe de vie n’a été donné depuis quarante-huit heures, s’accrochait toujours à ce qui lui reste de pouvoir. Les États-Unis ont révélé ne disposer d’aucune preuve de son départ de Tripoli et la rébellion a dit ignorer où il était. Réaliste, le chef du CNT a confirmé, lundi, que la bataille de Tripoli n’était pas encore terminée. “L’époque de Kadhafi est révolue (…) mais nous ne pouvons pas dire que nous contrôlons Tripoli”, a-t-il reconnu. Des affrontements se déroulent à “Bab al-Aziziya et certaines zones alentour ne sont toujours pas sous notre contrôle et, par conséquent, nous ne savons pas si Kadhafi se trouve là-bas”, a-t-il déclaré, avant de conclure : “Nous espérons que Mouammar Kadhafi sera capturé vivant pour qu’il puisse avoir un procès équitable.”