Sefiane Hasnaoui relève le challenge : »La Nissan algérienne au prochain Salon automobile »

Sefiane Hasnaoui relève le challenge : »La Nissan algérienne au prochain Salon automobile »

Exprimant une nostalgie du passé industriel de l’Algérie qui avait marqué les années 1970, Sefiane Hasnaoui fait part des ambitions du Groupe qu’il copréside en matière de déploiement de marques, mais surtout d’engagement dans l’aventure industrielle qui s’annonce.

Convaincu de la valeur des projets structurants qui émergent actuellement à la faveur de l’avènement du montage automobile et de son corollaire la sous-traitance, il fait part d’une détermination sans faille à engranger une dynamique salvatrice en s’appuyant sur son capital de joint-ventures, notamment avec son partenaire nippon Nissan.

Vous avez une ambition industrielle avérée et votre Groupe affiche un grand appétit d’entreprendre. Pouvez-vous nous en dire davantage à propos de ce bouillonnement?

Sefiane Hasnaoui: Cette offensive n’est pas tout à fait nouvelle en ce sens que notre groupe participe depuis cinquante ans au développement économique de l’Algérie. Notre ambition est donc de figurer au premier plan de cette dynamique qui s’annonce. Nous voulons à ce titre être un acteur principal pour au moins les cinquante prochaines années. Nous sommes en effet en permanence à l’avant- garde de la diversification économique et du développement du pays. Nous ne pouvons donc qu’être aux premières lignes à l’orée des nouveaux projets industriels, comme cela a été annoncé depuis plusieurs semaines. Nous voulons développer une industrie structurante, soutenue par la mise en place d’unités industrielles, aussi bien dans le secteur automobile que celui de l’électroménager.

Il faut savoir que le développement d’unités industrielles n’aura de sens qu’à la condition de lui intégrer une part de localisation, c’est pour cette raison d’ailleurs que je cite l’industrie structurante. Ce principe est d’autant plus déterminant qu’il permet une part appréciable d’intégration dans tout projet en Algérie, et d’obtenir des coûts intéressants. Il garantit en outre l’émergence, à terme, d’un réseau de sous- traitants lequel nous permettra d’asseoir solidement notre politique industrielle.

Quels sont les partenaires avec lesquels vous allez entreprendre ces projets?

Notre Groupe est présent dans différentes activités. Dois-je rappeler que ce dernier existe depuis plus de cinquante ans. Il est l’un des précurseurs dans la distribution automobile, soit depuis 1993; nous sommes le partenaire de Nissan en Algérie depuis vingt-trois ans. C’est donc naturellement, et compte tenu du cadre réglementaire actuel et de la volonté du gouvernement de développer l’industrie automobile que nous sommes sur le dossier du montage.

Nous travaillons effectivement sur la mise en place d’une unité de production automobile pour Nissan en Algérie.

Nous escomptons la mise en place de cette dernière pour fin 2016 ou pour début 2017. Nous avons d’ailleurs soumis la requête relative à ce dessein au ministère de l’Industrie et sommes en attente de rencontrer les décideurs afin de pouvoir finaliser ce dossier dans des délais relativement courts. Notre Groupe recèle également une filiale spécialisée dans l’électroménager. Je rappelle ici que le Groupe Hasnaoui disposait déjà au début des années 1960 d’une usine à Blida pour la fabrication de matériels, dont l’électroménager, pour collectivités. Nous sommes aujourd’hui partenaires de Wirlpool et de Boch dans la distribution et l’importation. Nous sommes sur le point de finaliser, en partenariat avec Wirlpool, une unité de fabrication de machines à laver, à Blida. C’est là un premier pas lequel sera suivi par d’autres lorsqu’il s’agira d’intégrer par la suite les lignes de froid, notamment les congélateurs et les réfrigérateurs. Notre objectif consiste donc à développer pour notre partenaire, très vite, c’est-à-dire avant la fin de l’année cette unité de produits blancs. Je tiens à préciser ici que nous disposons déjà au sein de notre groupe et au sein de GH Multimédia d’une unité de montage, notamment de téléviseurs mais aussi d’insertion de cartes mères.

Celle-ci nous permet d’entamer très prochainement la production pour une grande marque de téléviseurs. Nous y reviendrons très rapidement à la faveur d’une annonce commune.

Votre passé de Groupe industriel vous permet de vous placer avec confiance dans le paysage de la production nationale. Du fait de cette légitimité vous ne pouvez donc pas vous contenter de simples effets d’annonce?

Je dirais presque tant mieux, face à cette avalanche de projets industriels que l’on annonce de-ci-de-là. En fait, nous avons besoin, plus que jamais, d’une économie qui soit diversifiée et qui renoue finalement avec un passé industriel qui n’est pas si lointain que ça. A cette glorieuse époque nous avions, autant que d’autres acteurs, une activité industrielle importante. Cette légitimité existe effectivement toutefois elle n’est pas garante de développement ou d’investissement.

Elle ne constitue aucunement un blanc seing. Cette légitimité devrait plutôt se traduire pour nous sous forme d’expérience qui nous permettra d’entreprendre avec succès les nouveaux défis qui se présentent. Notre volonté autant que le cadre réglementaire actuel nous permettront tout simplement de revenir à un métier que nous maîtrisons, à savoir l’industrie. Nous sommes donc là bien loin de l’effet d’annonce mais bel et bien dans la maîtrise d’un métier.

Vous venez de préciser que GH Multimédia dispose d’une unité d’insertion de cartes mères, or une carte mère peut servir, outre les téléviseurs, à fabriquer d’autres matériaux, notamment ceux entrant dans l’industrie automobile. Est-ce que vous envisagez d’intégrer le réseau de sous-traitance dans l’industrie automobile, via cette même unité?

Là, vous touchez effectivement au coeur même de notre stratégie, laquelle se propose de mettre en place une flexibilité industrielle, compte tenu justement des synergies que nous avons au sein de notre Groupe. Ce sont ces plates-formes industrielles que nous souhaitons mettre au service de différents créneaux. Notamment pour l’électroménager, car nous avons pour ambition de fabriquer des panneaux de contrôle électronique. Je cite également les téléviseurs, puisque nous allons nous appuyer sur l’intégration de cartes mères que nous capitalisons et qui nous permet d’avoir la capacité de produire pour différentes marques. Nous pouvons en outre aller plus loin dans le domaine de la télécommunication. Nous avons d’ailleurs pour ambition de travailler pour les institutions en Algérie qui nous ont fait part de leurs besoins d’intégration électronique. Nous sommes en contact étroit avec ces dernières afin de finaliser ce projet. Je cite enfin la synergie dans le domaine automobile et pour lequel notre capacité industrielle va nous permettre de pouvoir développer des circuits pour l’industrie automobile; ce qui va nous permettre d’être à la fois un acteur dans le domaine du montage pour notre partenaire Nissan qu’un intervenant dans la conception de composants automobiles pour l’ensemble de l’industrie automobile naissante, mais certainement ambitieuse.

Pouvez-vous nous rappeler les modèles qui seront produits avec votre partenaire Nissan sur le sol algérien?

Je dois préciser que dans le domaine de l’industrie automobile nous avons arrêté le choix de travailler sur plusieurs axes. Le premier axe dicte de se concentrer sur la berline Sunny, laquelle est le produit référence de la marque Nissan en Algérie. Ce choix stratégique nous permet de répondre au coeur du marché. Nous développons en outre deux modèles utilitaires, à savoir le pick-up et le camion de 3.5 t, le Cabstar. Ce sont là les trois modèles prioritaires sur lesquels nous travaillons.

N’y a-t-il pas de risque que vous soyez «court-circuités» dans votre projet de montage avec Nissan?

Nous sommes partenaires de Nissan depuis vingt-trois ans, soit depuis 1993. Chaque opérateur économique est libre d’exprimer sa volonté de vouloir développer une marque ou un type d’industrie. Ce ci ne veut pas dire pour autant que la marque intéressée serait intéressée. Nissan a confirmé au dernier Salon automobile d’Alger son attachement à son distributeur et sa volonté de développer aujourd’hui avec lui une industrie automobile en Algérie. Nissan est solidement ancrée au Groupe Hasnaoui.

L’année 2015 aura été éprouvante pour le secteur automobile, quelle est votre vision du marché automobile en Algérie et celle du métier de distributeur?

Je reste convaincu que le marché automobile restera toujours dynamique en Algérie, et ce pour différentes et évidentes raisons. Nous considérons qu’une importante frange de la population conduit et nos besoins en équipements demeurent importants. De par l’évolution de l’économie nationale et celle du pouvoir d’achat, le marché automobile ne pourra, sans doute, que croître.

Tout en jugeant de la pertinence des actions prises par le gouvernement, je ne peux qu’appeler à ce que les décisions qui engagent le devenir de tout un secteur soient adoptées en concertation avec l’environnement économique, dont les opérateurs qui activent dans le domaine automobile et qui ont créé de nombreux emplois, un réseau de distribution très dense avec une couverture optimale du territoire national. Nous devons donc veiller ensemble à ce que ce tissu économique, tous les emplois qu’il recèle et cette capacité de servir le client subsistent. A mon avis la seule manière de préserver cet acquis consiste à faire preuve de transparence et de clarté dans toute prise de décision, car ce sont là des conditions sine qua non qui nous permettent d’avoir de la visibilité et de nous recentrer sur notre coeur de métier qu’est la distribution automobile. Et toute distribution est conditionnée par la disponibilité de véhicules.

En fait, nous sommes aujourd’hui victimes d’un sérieux manque de visibilité, notamment sur l’octroi des licences et la mise à disposition des quotas. Dans le domaine économique en général et dans celui de l’entreprise en particulier tout manque de visibilité se traduit par un manque de confiance qui se traduit inéluctablement par un désinvestissement. C’est là, malheureusement le pire mal qui puisse frapper le monde de l’entreprise.

Le FCE vient de mettre au point tout une liste de candidats à la sous-traitance automobile, en faites-vous partie?

En sus de notre projet avec Nissan, nous sommes en phase de création d’un joint-venture avec un partenaire turc qui va fabriquer des composants automobiles. Il s’agit pour nous de subvenir dans un premier temps aux besoins de cette industrie automobile naissante pour aller très rapidement vers l’export afin de fournir les industries automobiles voisines. Notre ambition consiste à devenir un véritable acteur régional dans la mise à disposition de composants automobiles. Nous sommes donc un partenaire incontournable, car inscrits dans la durée dans le domaine de la sous-traitance industrielle et automobile. Nous participerons d’ailleurs au prochain Salon de la sous-traitance en qualité d’acteur de référence dans le secteur de la sous-traitance automobile.

Pour revenir à votre mégaprojet industriel, où en êtes-vous, particulièrement dans la production de pièces de rechange?

Ce projet est aujourd’hui très avancé, surtout que l’ensemble des composants à fournir a été défini. Quatorze composants seront fabriqués. Le lieu d’implantation du site a également été défini. Il sera localisé à Oran où un pôle industriel conséquent sera édifié. Nous sommes d’ailleurs sur le point d’être sélectionnés par d’importants clients. Dès que la phase finale de sélection sera opérée, le joint-venture prendra immédiatement effet. C’est imminent en tout cas.

La politique des quotas, telle qu’elle a été définie, soit sur la base d’un pourcentage à attribuer à chaque distributeur, vous convient-elle?

A cette étape, il nous est difficile d’exprimer notre avis à ce propos. Les quotas ne nous ont pas été communiqués ni d’une manière officielle ni d’une manière officieuse. Les services du ministère du Commerce ont distillé avec parcimonie les informations à ce sujet. Finalement, nous ne disposons pas de suffisamment de données en la matière; s’agira-t-il de pourcentage ou d’un montant? Nous ne sommes pas encore édifiés la- dessus. Honnêtement nous n’avons, à ce jour, aucune visibilité.

Avez-vous des perspectives industrielles pour la marque Komatsu?

Nous avons annoncé la mise en place, à Alger, à Oued Smar, de l’activité industrielle pour Komatsu. Nous avons trois principaux axes pour cette dernière. Le premier axe consiste à fabriquer la pièce de rechange et les composants. Le second axe prévoit la rénovation d’organes, notamment de moteurs. Nous investissons de manière importante dans la technicité pour acquérir la maîtrise sur les unités de moteurs. Le troisième axe vise enfin à produire les flexibles, ce qui va nous permettre de répondre à la fois aux besoins du marché des travaux publics et ceux du marché des matériaux de construction.