Seedstars Summit : Une opportunité pour la «fintech» des pays émergents

Seedstars Summit : Une opportunité pour la «fintech» des pays émergents

Après une année placée sous le signe de la recherche de talents dans le monde des écosystèmes des start-up, Seedstars a réuni, au SwissTech Convention Center, à Lausanne, en Suisse, du 9 au 12 avril derniers, dans le cadre de la finale de la cinquième édition du concours Seedstars World, 67 start-up en provenance d’Europe centrale et orientale, du Moyen-Orient, d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique.

La plupart des finalistes ont saisi l’opportunité du «Seedstars Summit» pour apporter des réponses technologiques aux problèmes économiques de leurs pays. Les start-up africaines et asiatiques ont traité les questions liées à la supply chain agroalimentaire ou médicale, alors que les représentants d’autres pays ont voulu mettre en évidence le rôle des fintech dans le développement économique. Le chef d’équipe de la start-up mexicaine Payit a déclaré que son équipe «se concentre sur l’assassinat de l’argent liquide», tandis que celui de l’équipe kényane M-Shule, qui travaille sur un projet d’élaboration d’un enseignement personnalisé par SMS, a déclaré que «chaque enfant devrait avoir accès à des outils numériques d’apprentissage». L’intelligence artificielle, la robotique et la réalité augmentée ce sont les technologies qui revenaient souvent dans les projets présentés. C’est le cas de la start-up arménienne Chessify qui a présenté un logiciel de jeu d’échecs très avancé. Pierre Alain Masson, co-fondateur de Seedstars, a expliqué la vision du «modèle mixte» de Seedstars qui consiste à créer simultanément des communautés en ligne et hors ligne à travers des centres d’entreprenariat physiques et une application de mentorat, avec l’intention d’ouvrir 25 centres d’entreprenariat dans le monde entier d’ici à deux ans. Il a également souligné l’importance de désigner des ambassadeurs de Seedstars dans les pays du monde entier. Sélectionnées parmi plus de 5 000 candidatures, les start-up participantes ont été invitées à venir modéliser leurs idées devant des investisseurs potentiels, des représentants des gouvernements, des ONG et des journalistes du monde entier. Critère principal pour faire partie des heureux gagnants : la capacité des projets à avoir un impact sur les économies des pays émergents.

2 000 emplois créés en cinq ans

Charlie Graham-Brown, directeur financier de Seedstars, a ouvert les travaux du «Seedstars Summit» en rappelant qu’au cours des cinq dernières années, les diplômés de Seedstars ont créé plus de 2 000 postes d’emploi dans leurs pays. Il a également souligné le fait que les start-up sont toujours sélectionnées sur la base du potentiel d’impact qu’elles peuvent fournir aux économies des pays et sur la durabilité de leur modèle d’affaires. Se référant aux 18 objectifs de développement durable de l’ONU, Romulo Navarrete, le directeur des opérations de Seedspace, le réseau des hubs des entrepreneurs lancé par Seedstars cette année, a exposé les différents thèmes des finalistes de chaque pays : le monde sans faim, la bonne santé, la qualité de l’éducation, le bon emploi et la croissance économique, l’innovation et l’infrastructure, ainsi que les villes et les communautés durables. Les 67 start-up ont participé à un bootcamp de deux jours et un forum dédié aux investisseurs. Douze start-up ont été sélectionnées pour pitcher sur la scène principale devant un public de plus de 1 500 personnes ainsi qu’un panel de jury. Il s’agit des start-up CMED (Bangladesh), Celcoin (Brésil), Agrocenta (Ghana), Junkbot Robotics (Emirats arabes unis), Redcapital (Chili), Payit (Mexique), Eve.calls (Ukraine), GiftedMom (Cameroun), KarGo (Myanmar), Medsaf (Nigeria), SayurBox (Indonésie) et EMG Technologies (Afrique du Sud). Le prix principal a été remporté par Agrocenta, la start-up du Ghana. Un chèque de 500 000 dollars lui a été attribué pour financer son développement. La société a mis au point une plateforme en ligne qui relie les petits agriculteurs ghanéens aux entreprises qui achètent en ligne leurs produits (riz, maïs, millet et soja) et assure les livraisons physiques. Toutes les informations échangées entre les constituants de la chaîne sont transmises vers les terminaux mobiles par SMS et services vocaux. Son fondateur, Francis Obirikorang, espère bien conquérir le continent entier. «Gagner au Seedstars Summit aura un impact énorme sur l’avenir de mon entreprise. Je suis sûr que ce prix m’ouvrira des possibilités de financement et d’apprentissage. Dans les économies émergentes, nous manquons non seulement de l’infrastructure, mais aussi de l’accès à certains outils fondamentaux comme le networking et le mentoring», a déclaré le jeune entrepreneur aux journalistes.

D’autres innovations

Par ailleurs, Seedstars et ses partenaires ont décerné 6 prix supplémentaires. Dans la catégorie «Transforming Education», la start-up EDVES, du Nigeria, et son portail permettant aux écoles de faire partager entre élèves des équipements éducatifs et aux parents d’effectuer les paiements des frais scolaires, ont reçu la plus haute distinction et un financement de 50 000 dollars. La société singapourienne Finchat Technologies s’est distinguée dans la catégorie Open Innovation grâce à sa solution de networking financier. L’entreprise kényane Solar Freeze remporte le Prix Africa Energy pour sa solution innovante de fourniture aux petits agriculteurs d’unités de stockage frigorifique à énergie solaire sans recourir à une connexion. Destinée aux professionnels de santé, l’application de la start-up sud-africaine EMGuidance, qui permet de collecter des informations sur les médicaments et les directives cliniques locales d’une manière plus ciblée que Google, a gagné les 50 000 dollars du prix Healthtech. La start-up nigérienne Medsaf s’attaque au profond problème de la contrefaçon de médicaments en Afrique avec sa plateforme logistique reliant directement les entreprises pharmaceutiques aux hôpitaux, cliniques et pharmacies. Sa fondatrice, Vivian Nwakah, a remporté le Best Woman entrepreneur Prize. CMED du Bangladesh a reçu le prix de l’innovation grâce à son kit connecté capable d’évaluer le risque de diabète ou d’hypertension grâce à quelques gouttes de sang. Les résultats apparaissent sur une application smartphone du patient, qui peut les partager avec son médecin traitant. Enfin, Alquilando, d’Argentine, a remporté le prix Time Saviour, pour sa solution simplifiant le processus de paiement de loyer.

F. F.