Seddik Chihab, porte-parole du RND, à l’expression: « Nous n’avons pas de divergences avec le FLN »

Seddik Chihab, porte-parole du RND, à l’expression: « Nous n’avons pas de divergences avec le FLN »

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Sans langue de bois, sans préalables, Seddik Chihab a répondu du tac au tac à ces questions que lui a posées L’Expression durant l’entracte des débats sur la LFC 2018.

L’Expression: M. Seddik Chihab, vous êtes à la veille de la tenue de la réunion du conseil national de votre parti. Comment s’annonce ce rendez-vous organique?

Seddik Chihab: La réunion du conseil national prévue vendredi et samedi prochains, s’annonce très bien, dans de meilleures conditions et dans de bonnes dispositions mentales. C’est une réunion ordinaire durant laquelle on va passer en revue notre plan de charge arrêté à la précédente session, durant laquelle on a entamé le renouvellement des structures de base. Les délégués de wilaya vont certainement prendre la parole pour tous les aspects organiques et discuter du niveau des adhésions au parti. Au-delà de l’évaluation strictement organique, les autres points inscrits à l’ordre du jour concerneront bien sûr la situation économique, sociale et politique du pays.

Justement, à propos de la situation économique et politique du pays on vous a vu dernièrement sur une chaîne de télévision privée conseiller à vos militants de ne pas se laisser intimider et complexer. Intimider par qui, par quoi?

Vous savez, parfois nos militants à la base se sentent un peu harcelés et parfois même ils sont agressés du fait de certaines positions prises par le parti et particulièrement par notre secrétaire général. Je vous fais une confidence: beaucoup de gens n’ont pas encore compris la vraie portée politique du RND parce qu’en fait nous n’avons pas eu le temps de nous occuper par nous-mêmes de notre parti, d’expliquer ses objectifs de manière dépassionnée et sereine. On a été contraint de réagir et de faire des urgences depuis notre création. Il y a à chaque fois des impératifs politiques à gérer. Par conséquent, on n’a jamais eu le temps d’expliquer la profondeur de notre parti basée essentiellement sur le redressement national.

Vous venez d’évoquer votre secrétaire général, Ahmed Ouyahia, qui est également Premier ministre. Vous ne trouvez pas qu’il a quelque peu prêté le flanc à ses attaques en abordant des sujets très sensibles comme celui des terres agricoles, des pieds-noirs…? 

Permettez-moi d’abord de souligner qu’il est malhonnête de faire sciemment l’impasse sur des sujets qui engagent l’avenir économique du pays et occulter d’aussi importants débats par des questions de mémoire et d’Histoire. Cela étant dit, notre secrétaire général est l’un des hommes politiques qui a le moins de choses à se reprocher sur le plan de la mémoire et de l’Histoire.

D’abord, c’est un enfant de la première génération de l’Indépendance, c’est un pur produit de l’école algérienne, c’est un authentique enfant du Djurdjura et il est issu d’une famille de révolutionnaires, en plus du fait qu’il a grandi, vécu et a été imprégné par l’euphorie de la grande Algérie indépendante. Ces événements ont façonné sa façon d’appréhender les choses avec sérieux, sa rigueur et son abnégation ont fait en sorte qu’il ne laisse pas les gens indifférents.

On a constaté une série d’attaques sur les réseaux sociaux ciblant votre parti et venant pour la plupart des islamistes. Pourquoi cette mouvance s’acharne-t-elle contre vous?

Ils ne sont pas les seuls si ce n’était que les islamistes on aurait compris. Pour la simple raison que notre démarche et notre fondement politique sont clairs. Nous sommes des républicains confirmés et nos positions sont franchement anti-islamistes, contre l’extrémisme et contre le terrorisme. Je vous rappelle qu’une large frange de nos militants est constituée de patriotes qui n’ont pas hésité une seconde à répondre à l’appel de la République quand les islamistes menaçaient sérieusement le caractère républicain de l’Etat. Vous comprendrez donc que les islamistes ne nous feront jamais de cadeaux. Malheureusement, il n’ y a pas que les islamistes qui nous torpillent. Tous ceux que le sérieux, l’abnégation dérangent. Ceux qui ont grandi dans le désordre et qui profitent des situations confuses, ce sont ces gens-là que la démarche pragmatique de Ahmed Ouyahia dérange.

La loi de finances complémentaire 2018 est actuellement débattue à l’APN. Allez-vous voter pour ou contre ou allez-vous proposer des amendements pour quels articles?

C’est un débat qui est d’ailleurs très serré. Notre vision, c’est ce que propose le gouvernement: pour l’amélioration du rendement fiscal. Le défi trouver le meilleur moyen pour se libérer de ce piège de la fiscalité pétrolière. C’est pour cette raison qu’il faut chercher des niches qui ne sont pas exploitées en plus du fait qu’il faut améliorer d’abord le recouvrement fiscal qui est très en deçà de ce qu’il doit être. Nous disons qu’il faut exploiter ce réservoir extraordinaire dont à grandement besoin l’économie du pays.

Je parle de cet article 6 imposant une TVA de 19% aux concessionnaires automobiles…

Effectivement, au niveau des débats, les parlementaires sont tous d’accord pour que le poids ne retombe sur les épaules des citoyens, il faut qu’il soit partagé. Nous pensons au RND qu’il doit y avoir des amendements qui puissent faire profiter davantage le pays tout en garantissant le pouvoir d’achat des faibles revenus.

Au Parlement, vous constituez la majorité avec le FLN. Vous vous concertez avec le parti de M. Ould Abbès?

Oui, bien sûr qu’on se concerte. Il y a des contacts permanents entre nos deux partis, entre les députés et les chefs de groupes parlementaires. Sachez que jusqu’à présent on n’a jamais eu de grands différends avec le FLN. On est un peu sur la même longueur d’onde dans la mesure où nous avons les mêmes objectifs, à savoir la concrétisation sur le terrain du programme du président de la République. Je ne pense pas qu’il y ait réellement des divergences qui nous obligent à se connecter d’une façon serrée.

M. Ouyahia, a eu à s’exprimer sur la question des subventions bien avant qu’il ne soit nommé Premier ministre. Il était contre l’actuel système. Vous maintenez toujours cette vision au RND?

Le secrétaire général, Monsieur Ahmed Ouyahia, aura à intervenir lors du conseil national et devant la presse pour apporter toutes les clarifications nécessaires sur ce dossier. Il répondra comme à son habitude à toutes les interrogations des médias nationaux. Je vous dirai pour ma part que le dossier des subventions, n’est pas une chose nouvelle pour nous. Au RND, on a entamé la réflexion sur cette question depuis 2002 déjà. C’est vous dire que nous ne faisons ni dans le populisme ni dans la précipitation. Nous l’avons soutenu dans nos débats et plaidé, dans nos campagnes électorales afin d’aller vers un nouveau modèle de soutien aux couches moyennes et aux couches démunies. Je pense que maintenant l’idée a suffisamment mûri et le gouvernement a ouvert un chantier pour être au diapason de ce qui se fait à travers le monde en matière de subventions. Nous sommes obligés d’aller vers cette justice sociale. Egalité ne veut pas dire justice. Pourquoi un simple ouvrier est-il obligé de payer la baguette de pain ou le sachet de lait au même prix que le ministre, le député, le haut fonctionnaire ou le diplomate? Il n’y a pas de justice et il faut reconsidérer sereinement les choses loin de tout populisme ou surenchère. Le gouvernement a pris en charge ce chantier en vue d’améliorer ce modèle.