La tentative d'attentat manquée sur un vol entre Amsterdam et Detroit le jour de Noël a quelque peu éclipsé le thème prioritaire de l'emploi et va ainsi bouleverser l'agenda de Barack Obama dans les jours à venir. (Reuters/Yuri Gripas)
La tentative d’attentat manquée sur un vol entre Amsterdam et Detroit le jour de Noël a quelque peu éclipsé le thème prioritaire de l’emploi et va ainsi bouleverser l’agenda de Barack Obama dans les jours à venir.
Pour son retour à Washington après une dizaine de jours de vacances à Hawaï, le président américain va retrouver une population inquiète des nouvelles menaces, une opposition prête à s’emparer de sa prétendue vulnérabilité du moment, et un taux de chômage élevé dont il entendait faire sa priorité.
Après l’attentat manqué, la sécurité nationale et ses implications en matière de politique intérieure vont dominer les journées de Barack Obama qui entre dans la deuxième année de son mandat avec l’ambition de faire adopter la réforme du système de santé et de se concentrer sur des sujets domestiques.
L’agenda a déjà été modifié. Obama attend d’ici quelques jours les conclusions du bilan des procédures de sécurité qu’il a demandé après qu’un Nigérian de 23 ans a tenté de déclencher une explosion sur un vol transportant 300 personnes.
Il recevra mardi à la Maison blanche les chefs du renseignement américain, mis à rude épreuve par cette affaire.
La présidence espérait se concentrer sur la bataille de l’emploi en cette année marquée par des élections de mi-mandat, en vue desquelles les républicains fourbissent leurs armes sur l’incapacité d’Obama à réduire un chômage supérieur à 10%.
Mais l’incident, et l’idée diffuse que l’administration Obama n’a pas su s’y préparer, leur a fourni un autre angle d’attaque et obligé la présidence à adapter son message.
« L’échec à attraper le kamikaze (avant sa tentative) a ébranlé la Maison blanche, le Congrès et l’opinion », observe ainsi Julian Zelizer, professeur d’histoire et de politiques publiques à l’université de Princeton.
« En plus de devenir une priorité plus haute et de prendre davantage de poids politique, la question met l’administration sur la défensive et donne aux républicains l’espace et l’énergie pour attaquer », observe-t-il.
SATISFAIRE L’ÉLECTORAT
Dans son allocution radiodiffusée hebdomadaire, retransmise vendredi depuis Hawaï, Barack Obama a établi pour la première fois un lien direct entre Al Qaïda et Abdulmulattab.
Il n’a pas évoqué les questions économiques, même si son entourage assure qu’il ne les négligera pas dans les prochains mois et gérera de front les deux dossiers.
« Le président continuera à travailler pour créer de l’emploi et renforcer l’économie, même s’il continue à faire tout ce qui est en son pouvoir pour maintenir le peuple américain en sécurité », a dit son porte-parole adjoint Bill Burton.
« Même si nous étudions la faillite des protocoles et procédures autour de la tentative d’acte terroriste de Noël, l’économie et les autres défis restent urgents. »
Face aux critiques, la Maison blanche se doit en outre de défendre son action en matière de lutte contre le terrorisme.
C’est le sens qu’a donné Obama à son allocution, dont il a consacré une large partie à défendre vigoureusement son bilan dans ce domaine, après avoir essuyé un tir nourri des républicains, dont l’ancien vice-président Dick Cheney.
« J’ai recentré la lutte en donnant une fin responsable à la guerre en Irak qui n’avait rien à voir avec les attaques du 11-septembre, et en augmentant de façon spectaculaire nos moyens dans la région où Al Qaïda est en réalité installé, en Afghanistan et au Pakistan », a souligné Barack Obama.
Dick Cheney évoquait régulièrement les liens présumés de Bagdad avec les attentats de 2001 sur New York et Washington.
« C’est pourquoi j’ai défini une mission claire et que l’on peut remplir: perturber, démanteler et défaire Al Qaïda et ses alliés extrémistes, et empêcher leur retour dans un pays tiers », a ajouté le président américain.
Ces déclarations laissent à penser que la sécurité a pris le pas en quelques jours sur les autres dossiers dans la hiérarchie des priorités mais Julian Zelizer se refuse à réduire l’importance des questions d’emploi pour les Américains.
« La création d’emploi garde une très bonne chance de rester une priorité parce que les électeurs y sont plus attentifs qu’à la plupart des autres choses, et les parlementaires, en 2010, veulent que ces électeurs soient heureux », juge-t-il.
« La sécurité intérieure ne peut pas changer cela. »