Il est clair qu’en matière de sécurité alimentaire, les pays exposés au stress hydrique sont contraints de recourir à l’irrigation d’appoint. Une alternative inéluctable pour de nombreuses cultures.
C’est d’autant plus une nécessité pour un pays comme le nôtre où le poids des importations alimentaires pèse lourd sur l’équilibre budgétaire. Il faut rappeler que, selon une étude, pour parvenir à une sécurité alimentaire satisfaisante, notre pays doit disposer annuellement de 15 à 20 milliards de m3 en allouant 70% de cette estimation à l’agriculture.
Or, l’Algérie mobilise à peine ou tout au plus 5 milliards de m3 par an. Et pour cause : notre pays fait l’objet, de plus en plus, d’une disparité remarquable dans la disponibilité de ses ressources hydriques conventionnelles. En clair : les ressources potentielles en eau sont limitées et inégalement réparties. Elles ont été évaluées à 19.2 milliards de m3, dont 12.4 milliards de m3 d’eau de surface, 1.8 milliards de m3 d’eaux souterraines du Nord et 5 milliards de m3 d’eaux souterraines exploitables dans le Sud.
Devant cet état des lieux, les responsables de l’agriculture algérienne ont pris conscience de l’intérêt de développer une agriculture irriguée en Algérie .C’est devenu, par ailleurs, une préoccupation majeure au sein du ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Elle s’est traduite (la préoccupation) sur le terrain par le lancement de plusieurs programmes de développement d’irrigation d’appoint Des projets, pilotés par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, axés sur la généralisation et l’extension des systèmes d’irrigation agricole avec, pour objectif, d’irriguer 1,6millions d’hectares, à l’horizon 2014, contre prés de 900.000 hectares actuellement.
L’irrigation se fera en recourant à des ressources non conventionnelles, telles que la réutilisation des eaux épurées ou le dessalement de l’eau de mer. A propos de l’utilisation des eaux épurées, un programme ambitieux a été décidé par la tutelle en collaboration avec le ministère des Ressources en eau. Il va concerner, selon le premier responsable du secteur de l’agriculture, une superficie pilote estimée à environ 4500 hectares englobant les wilayas de Tlemcen (1000 ha), Oran (350 ha), Boumerdès (350 ha), Bordj Bou Arréridj (250 ha), Sétif (800 ha ), Constantine (600 ha), Mascara (300 ha) et Ouargla, (800 ha). Toujours selon ce dernier, le programme sera élargi à une superficie de 200 000 hectares avec l’utilisation de 1,2 milliard m3 à l’horizon 2020.
Rappelons, dans ce cadre, que le programme quinquennal de développement 2010-2014 prévoit la réalisation de 40 stations de traitement de 1,2 milliard m3 d’eaux usées dans les dix prochaines années. A retenir aussi que 27 nouvelles stations d’épuration des eaux usées ont été réceptionnées durant le quinquennal 2005- 2009, alors que plusieurs périmètres irrigués ont été réceptionnés au cours du quinquennat précédent pour une superficie globale de 48 000 hectares. Pour ce qui est du quinquennat 2010-2014, les prévisions du ministère des Ressources en eau, tablent sur une superficie des grands périmètres irrigués qui devrait atteindre 270 000 hectares en 2014 contre 157 000 hectares en 1999 et 219 000 hectares en 2009. Ceci dit, il y a lieu de souligner que la petite et moyenne hydraulique devraient passer à 1,2 million d’hectares à la même échéance, contre 350 000 hectares en 1999 et 914 000 hectares en 2009, alors que le nombre de retenues collinaires, selon les prévisions officielles, progressera à 581 en 2014 contre 304 il y a 11 ans et 407 en 2009.
En ce qui concerne l’encouragement à l’irrigation d’appoint, le ministère de tutelle a mis en place tout un dispositif de soutien, par le biais du Fonds National de Développement de l’Investissement Agricole (FNDIA), pour la promotion des systèmes d’irrigation économiseurs d’eau à la parcelle. Il s’adresse aux porteurs de projets parmi les agriculteurs et les éleveurs, à titre individuel ou organisés en coopérative ou groupement d’intérêts communs, aux entreprises économiques intervenant dans les activités de production agricole, de valorisation et/ou d’exportation des produits agricoles et agro-alimentaires, ainsi qu’aux fermes pilotes. Pour les agriculteurs et les éleveurs porteurs de projets organisés en coopératives ou groupement d’intérêts communs, le financement accordé est situé à hauteur de 60% du coût des équipements d’irrigation acquis, contre 50% pour ceux exerçant à titre individuel. Notons que les wilayas du Grand sud (Adrar,Tamanrasset, Illizi, Béchar, Ghardaïa et Tindouf) bénéficient, au titre de cette décision, d’une majoration de 10% et ce, vu les charges élevées pour les investissements au niveau de ces wilayas.Ces mesures d’encouragement visent la généralisation de l’utilisation des systèmes d’irrigation économiseurs d’eau. C’est pour dire enfin, que grâce à tous ces programmes et à la généralisation des systèmes d’irrigation, l’écueil du stress hydrique pourra être surmonté et partant, la sécurité alimentaire du pays atteindre un taux de satisfaction appréciable qui nous mette à l’abri des fortes fluctuations des produits agricoles sur les marchés mondiaux.
Z. A