Il s’agit notamment de la bureaucratie dont font preuve les administrations en dépit de l’allégement des procédures d’octroi des crédits au profit des agriculteurs. Le problème se pose aussi dans la disponibilité sur le marché local de matériel et d’équipement adaptés, ainsi que des compétences capables de surmonter les problèmes sur le terrain. Il existe un déficit en ressources compétentes pour pouvoir agir rapidement ; le parc matériel agricole est aujourd’hui vétuste à 80 %…
Pour en arriver là, les autorités devraient s’atteler à deux grands problèmes à savoir, la formation des agriculteurs et la modernisation des moyens de travail. «C’est le moyen le plus sûr pour réussir l’intensification de la production et arriver à obtenir une amélioration durable des principales cultures», selon le directeur générale de l’Institut de la recherche agronomique (IRA).
Fouad Chehat, qui intervenait ce mercredi matin sur les ondes de la chaîne III, déplore dans ce cadre la bureaucratie dont fait preuve l’administration. Pourtant, la réglementation dans sa procédure est très simple, n’était «la pratique concrète de l’administration qui ne suis pas», déplore M. Chehat. La politique d’investissement et la volonté d’aider les agriculteurs butent en effet sur des difficultés réelles notamment dans l’octroi des crédits. La méthode de gestion de ce dossier demeure encore inefficace, de l’avis du premier responsable de l’IRA.
Le problème se pose aussi dans la disponibilité sur le marché local de matériel et d’équipement adaptés, ainsi que des compétences capables de surmonter les problèmes sur le terrain. On parle d’un déficit de près de 3 000 chercheurs agronomes. «Il existe un déficit en ressource compétente pour pouvoir agir rapidement», a-t-il soutenu tout en rappelant que l’Algérie sort d’«une période de désinvestissement massif en matière agricole». C’est donc un fait reconnu et affirmé par l’orateur, l’Algérie n’investit plus, et ce, depuis plusieurs années, sur la ressource humaine et encore moins les machines. Pour preuve, «le parc matériel agricole est aujourd’hui un parc vétuste à 80 %, malgré les efforts consentis ces dernières années». Un chiffre qui remet aussitôt en cause les objectifs criés haut et fort par le département de Ben Aïssa. «C’est un des éléments qui montre que l’investissement agricole n’est pas encore à la hauteur des défis et des objectifs de la sécurité alimentaire», estime M. Chehat qui préconise la création d’un observatoire national pour le suivi des filières agricoles stratégiques. Celui-ci aura pour mission «de suivre en permanence ce qui se passe dans chacune des filières jusqu’à la distribution, la commercialisation, voire la consommation». Les six filières concernées par ce dispositif seront entre autres les céréales, le lait, la pomme de terre, l’olive et huile d’olive… Au volet de la spéculation dont font l’objet certains produits, l’orateur est affirmatif : «Le marché n’est pas ce qu’il devrait être.» Et d’ajouter : «Nous avons un système de commercialisation des produits frais archaïque. Il suppose l’intégration d’un très grand nombre d’intermédiaires entre celui qui produit le bien et celui qui va le consommer en bout de chaîne.» Cette situation ne peut pas ne pas conduire à une flambée des prix, admet-il. La solution, pour lui, réside dans l’organisation des agriculteurs en coopératives. Les agriculteurs devraient «s’organiser en coopératives de commercialisation qui rassembleraient tous les produits de la région. Ils conditionneraient et commercialiseraient aux niveaux des marchés de gros ou des entreprises industrielles pour la transformation», a-t-il suggéré.
A.B